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Derniers messages des forums


Une action en hommage à Zouhair Yahyaoui
18 juillet 2014, par jectk79

Mon amie ne sait pas rediger un com sur un article. Du coup il voulais souligner par ce commentaire qu’il est ravi du contenu de ce blog internet.


Pourquoi aller tracer partout pour faire établir des évaluations de d’assurances familiales alors qu’existent des portails tels que Sherpa-mutuelle.fr proposant de rapprocher les propositions avec un comparateur mutuelle sophistiqué en restant votre demeure ? site => mutuelle obligatoire


Abderrazek Bourguiba condamné à 25 mois de prison
15 novembre 2011, par Bourguiba

je vous remercie
bourguiba abderrazak



Quelques points marquant contre l’environnement en Tunisie
6 novembre 2011, par xZNRpEkXvbSPvAf

I like to party, not look articles up online. You made it hpaepn.



Et puis y a eu la Révolution :)
1er novembre 2011, par liliopatra

On est mardi 1er novembre 2011, déjà neuf mois que ben ali s’est enfui et il est caché, comme un rat, en Arabie Saudite. Son collègue Gaddafi a été tué.
Après la lecture de cette lettre, tout cela parait être comme un cauchemar pour celles et ceux qui ne l’ont pas vécu personnellement. Cependant, le mal a sévi longtemps, beaucoup trop longtemps en Tunisie. Il est temps que ça change.
Tout un système policier qui s’effondre, la justice vient de renaître, certes encore fragile mais sera équitable insh’Allah.



Va chialer ailleurs ( reponse)
30 octobre 2011, par Maud

Oui il a un fils qui est mon meilleur ami et croyez moi, même si son père et loin de lui sa ne fait pas de lui un mauvais père il s’occupe très bien de lui et Selim va le voir de temps en temps. Je suis au cœur de cette affaire et je peux donc savoir les ressentis de chacun...



Va chialer ailleurs ( reponse)
30 octobre 2011, par Maud

ةcoutez quand on ne connait pas la personne on ne juge pas ! Je connais personnellement Monsieur Tebourski et je sais que c’est un homme bon, et je pense que si il a demander a rester en France c’est surtout pour son Fils !
Ne le jugez pas car vous ne le connaissez pas comme je le connais ! Je suis la meilleure amie de son fils Selim. Je sais qu’Adel est un homme bon alors arrêtez tous vos blabla et essayer donc de comprendre le fond de la chose. Merci et bonne soirée



> Une pétition de 86 prisonniers tunisiens
30 octobre 2011, par Moussa

the death of an African giant

Par : Y. Mérabet
En outre, contrairement à ce que pensent aujourd’hui de nombreux libyens, la chute de Kadhafi profite à tout le monde sauf à eux. Car, dans une Afrique où les pays de la zone subsaharienne riche en ressources minérales tournaient complètement le dos à la France pour aller vers la Chine, il fallait bien que monsieur Sarkozy trouve un autre terrain fertile pour son pays. La France n’arrive plus à vendre ses produits manufacturés ou de décrocher un marché en Afrique, elle risque de devenir un PSD C’est pour cela que l’on a vu une France prête à tout pour renverser ou assassiner Kadhafi ; surtout quand l’on sait que la Libye est l’une des premières réserves en Hydrocarbures d’Afrique et de Sebha est la capitale mondiale du trafic Franco-libyen de concentré d’uranium Nigérien. Egalement, l’on sait que jusqu’ici, les populations libyennes n’avaient rien à envier aux Français, ils vivaient richement mieux sans se suer. Puisque Kadhafi faisait tout son possible pour les mettre à l’abri du besoin. Il est donc temps pour les libyens de choisir pleinement futur partenaire occidental. Car si en cinquante ans de coopération la France n’a pu rien apporter à l’Afrique subsaharienne. Vat-elle apporter maintenant aux libyens un bonheur supérieur à celui que leur donnait leur Guide. Rien à offrir à ces ignorants de libyens, sauf des repas communs dans les poubelles de la ville Paris, en France c’est déjà la famine ? Lui, qui durant plusieurs décennies était l’un des faiseurs d’hommes les plus efficaces sur le continent Africain. De son existence, Kadhafi était le leader le plus généreux d’Afrique. Pas un seul pays africain ne peut nier aujourd’hui n’avoir jamais gouté un seul pétro –Dinar du guide Libyen. Aveuglement, et motivé par son projet des Etats-Unis d’Afrique, Kadhafi de son existence a partagé l’argent du pétrole libyen avec de nombreux pays africains, qu’ils soient Francophones, Anglophones ou Lusophones. Au sein même de l’union Africaine, le roi des rois d’Afrique s’était presque érigé en un bailleur de fond très généreux. Jusqu’à l’heure actuelle, il existe sur le continent de nombreux présidents qui ont été portés au pouvoir par Kadhafi. Mais, curieusement, même pas un seul de ces élèves de Kadhafi n’a jusqu’ici eu le courage de lui rendre le moindre hommage.Au lendemain du vote de la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’ONU, certains pays membres de l’union africaine sous l’impulsion de Jacob Zuma ont tenté d’apporter un léger soutien au guide libyen. Un soutien qui finalement s’est éteint totalement sans que l’on ne sache pourquoi. Même l’union africaine qui au départ conditionnait avec amertume la prise du pouvoir libyen par un groupe de terroristes et la reconnaissance du CNT libyen constitués de traitres, s’est finalement rétracté de façon inexplicable. Et curieusement, jusqu’aujourd’hui, aucun gouvernement consensuel n’a été formé en Libye. Depuis l’annonce de l’assassinat de Mouammar Kadhafi, cette union africaine dont Mouammar Kadhafi était pourtant l’un des principaux défenseurs et ayant assuré le dernier mandat, n’a encore délivré aucun message officiel de condoléance à ses proches ou de regret. Egalement, même ceux qui hier tentaient de le soutenir n’ont pas eu le moindre courage de lever leur petit doigt pour rendre hommage à leur mentor. Jusqu’à l’heure actuel, seul l’ancien archevêque sud-africain et prix Nobel de paix Desmond TUTU a regretté cet acte ignoble. Même le président Abdoulaye Wade que l’on sait pourtant proche des révoltés libyens n’a pas encore salué la mort de l’homme qu’il souhaitait tant. Le lendemain de sa mort, un vendredi pas un musulman n’a prié pour lui ?.. A ce jour, sur le continent Africain, seul l’homme de la rue et les medias ont le courage de parler de cette assassina crapuleux du guide libyen. Mais, cette attitude des dirigeants africains ne surprend personne, dans la mesure où l’on sait que chaque président a peur de se faire remarquer par un Nicolas Sarkozy qui est capable de tout si la tête d’un président africain ou d’un arabe l’énerve.
Conclusion La Libye et l’Afrique toute entière viennent de tourner une page d’or avec la perte de Mouammar .
Traitre et maudit que je sois, si j’étais un libyen ?

Journaliste indépendant (Algérian Society for International Relations)
119, Rue Didouche Mourad
Alger centre



Liberté pour le Docteur Sadok Chourou
29 octobre 2011, par Dr. Jamel Tazarki

J’ai écrit un livre qui mérite d’être lu :
TOUT EST POSSIBLE - L’AVENIR DE LA TUNISIE
Vous pouvez télécharger le livre sur mon site Internet :
http://www.go4tunisia.de
Dr. Jamel Tazarki
Allemagne



DECES D’OMAR CHLENDI
28 octobre 2011, par bourguiba

Ma mére Térésa oui notre mére je suis abderrazak bourguiba le frére de mon meilleur ami Farouk .
vous peut etre me connait mais je pense pas que nous avont eu l’occasion de vous voir .

je suis désolé pour ce qui a passé pour mon frére Farouk .
Omar etait un homme exeptionnel un vrai homme j’ai passé avec lui 6 mois dans le prison nous étions plus que deux fréres.

soyez fiére de Farouk
et que la paradi soit pour lui



Projet libéral pour une nouvelle monarchie démocratique et laïque en Tunisie
22 octobre 2011, par Victor Escroignard

La Monarchie Constitutionnelle est l’avenir est la garantie des droits et libertés pour la Tunisie, la Libye et toute l’Afrique du Nord. Le Roi est l’âme du peuple, Il est porteur du sentiment d’unité nationale et du patrimoine historique du peuple. LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE EST LE PLUS SUR MOYEN POUR EVITER QU’UN PRESIDENT FINISSE UN JOUR EN DICTATEUR (voyez le cas du roi d’Espagne, sauveur des libertés après le Franquisme).



> Lotfi Hamdi, une Barbouze qui se voit ministrable
4 octobre 2011, par Anti Lotfi Hamdi

Bonjour Mesdames, Messieurs,

Je souhaite attirer votre attention sur le faite que ce Barbouze comme vous le dites, a retourné sa veste à l’instant où il s’est assuré du départ définitif du ZABA plus exactement le 18 Janvier 2011.

Mais encore ce dernier qui détient pas un seul titre comme auprès du RCD mais aussi faison parti de plusieurs association et surout la chambre Franco-Tunisienne de marseille ou il a volé récemment le portfolio pour se faire une nouvelle peau et une nouvelle virginité auprès de la Tunisie, avec un pseudo symposium tenue au pôle technologique sis à la Gazelle (Ariana).

Rappel du passé : Khaled Néji représentant de l’office de l’huile près du consulat générale de Tunisie à Marseille a été victime de sa (Stoufida).
Monsieur Kahled Néji a été limogé de son poste, radié de ses fonctions, décédés suite à une attaque cardiaque après avoir visité les prisons Tunisiennes

Je souhaite que cette personne n’intervienne plus sur le sol Tunisien afin de crée des réseaux encore pire qu’avant et revenir au pouvoir par la fenêtre.

Aidez moi à dire la vérité sur ce malheureux de la Sbikha (kairouan) qui fout la honte à son peuple.

Ce Virus, qui trompe sa femme sans scrupule ni honte. A trahit ce que nos ancêtres ont essayé de bâtir, bravour, fraternité dévouement, sincérité.

Il est et il sera toujours à l’antipode des Tunisiens , lèches botes et au plurielles

Vive la Tunisie sans hypocrites



Blog dédié à la défense du prisonnier politique Abderrahmane TLILI
4 octobre 2011, par bechim

bonjour je suis tres heureuse que mr tlili soit libere mais je n arrive pas avoir de nouvelles precises je tiens a dire que c est un MONSIEUR exceptionnel et qu il ne merite vraiment pas ce qu il a endure j aimerai pouvoir lui exprimer tte ma sympathie



> Tunisie, l’agression abjecte sur Samia Abbou par les voyous de Ben Ali
26 septembre 2011, par Liliopatra

Voilà quatre ans se sont écoulés et votre combat a porté ses fruits. J’aurais pas osé signer ces quelques mots par mon nom réel si vous n’avez pas milité pour ’ma’ liberté. Reconnaissante et le mot ne peut résumer ce que je ressens et tout le respect que je vous porte.

Merci...

Lilia Weslaty



> Les procès de l’ignorance et les progrés de l’Homme
24 septembre 2011, par a posteriori, l’auteur Nino Mucci

Les petits cons s’amusent à faire leurs graffitis imbéciles même sur les statues couvertes de prestige et d’histoire de Carthage ; on en a maintenant fini avec Ben Ali, avec la censure et l’étouffement des idées et de coeur opéré par son régime. Mais on en finira jamais avec l’idiotie des fondamentalistes islamiques qui promenent leurs femmes en burka, parce que c’est la seule façon par laquelle savent voir une femme : comme une bête dangeureuse. On en finira pas facilement, terrible dictature, avec ceux qui demandent maintenant de couper les mains, les jambes et les bras, suivant l’obsolète loi coranique, sans se faire aucun souci de l’Homme. Jésus, le Christ en est le plus grand champion, le Rédempteur de l’humanité, Lui qui a porté la Croix pour nous TOUS ; quant à la mafia et à al-Capone, nous les plaçerons comme un héritage historique de cet islam que tant s’acharnent à défendre par l’ignorance (mafia vient de l’arabe dialectal anciene "mafiah", c’est-à-dire "protection", la mafia est nait et c’est culturellement radiquée dans une ancienne terre d’islam, la Sicile)



que dieu te glorifie.
23 août 2011, par adyl

j’ai aimé ce que vous pensé . suis de ton coté. tu me trouvera a l’appui



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Human wrongs A protester who went on hunger (...)

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Agora > Société
Le Maghreb et le Monde arabe : entre gloire, décadence et espoir (suite II)
par Astrubal
25 septembre 2002
Deuxième partie - - (Retour première partie)

II.- De la décadence au triomphe des paradigmes universels [1]

Avec la seconde moitié du XIXe siècle apparaissent les prémisses d’un bouleversement institutionnel important. Déjà, depuis quelques décennies, l’Umma musulmane vivait une phase d’éveil dans un monde arabe à la décadence sans précédent. L’empire ottoman n’est plus que l’ombre de lui-même face à un Occident qui n’a jamais été aussi puissant et impérialiste. Avec l’expédition de Bonaparte en ةgypte, le choc sera terrible. D’un côté on voit débarquer une technologie militaire à la pointe de son époque et, de l’autre côté, une population aussi démunie militairement qu’inorganisée. Le contraste, tel que pathétiquement illustré par Youssef Chahine dans son film « Adieu Bonaparte », était saisissant. ہ la technologie militaire en général et aux canons en particulier, on comptait opposer une résistance par l’épée, par la fourche et par de naïves invocations religieuses.

La confrontation étant par trop inégale, on comprit très vite que le gouffre était immense. Ni les invocations religieuses, ni le passé glorieux ne les sauveront des convoitises de l’Occident. Et ce dernier, après tout, ne faisait que cueillir un fruit devenu bien mûr. Le seul remède qui restait était la réforme profonde de la société arabe. Au travers du combat contre l’occident colonisateur, il y avait un autre combat. Le combat contre soi-même, afin d’extirper la racine du mal. ہ partir de ce constat, toute une pensée réformatrice allait voir le jour. C’est le point de départ du mouvement réformateur de la Nahdha (la renaissance) avec à sa tête la salafiyya. Celle-ci développera une pensée réformatrice dans le strict respect de la tradition islamique. Ses idéologues, tout en s’enracinant dans le sillon des pieux ancêtres, notamment du rigoriste Ibn Taymiyya et d’Ibn el Qayyem, voulaient réformer la pensée religieuse, ouvrir la porte de l’Ijtihad et récupérer le progrès technologique du monde occidental [2].

Toujours est-il qu’à l’issu de deux siècles, ce mouvement réformiste ne semble pas avoir atteint des objectifs substantiels. Le Maghreb et le monde arabe demeurent dans un état critique. L’évolution de la société civile et des institutions démocratiques s’avèrent nettement en retrait par rapport à ce qu’elles devraient être. Cela étant dit, il n’en demeure pas moins que malgré un état des lieux troublant (A), les raisons de l’espoir ne sont pas absentes (B) quand bien même il s’agit d’un espoir relativement fragile (C)

A.- Un état des lieux troublant

Il est manifeste qu’un premier état des lieux de la situation dans le monde arabe et musulman pousserait à l’inquiétude. Toutes les potentialités dont recelait la civilisation islamique et lesquelles pouvaient aboutir à une société meilleure semblent avoir été mises à l’écart. Pire encore, car tous les efforts se sont plutôt tournés vers le verrouillage de l’archaïsme politique et la répression de tout ce qui pouvait libérer l’Homme du joug de l’injustice et de la servilité. Rien dans la tradition coranique - coranique dans le strict sens du terme - ne justifiait et ne justifie la violation des droits fondamentaux, la dictature, l’autocratie, l’arbitraire et l’injustice. En revanche, dans le corpus de la Shari’â avec ses différentes composantes rituelles, quiconque cherche des règles ou des principes justifiant l’injustifiable n’a que l’embarras du choix. Et ce n’est pas parce que le corpus de la Shari’â est fondé sur le texte coranique qu’il devait nécessairement finir par se confondre avec lui afin de verrouiller la société. Il faut avoir le courage de rappeler aux musulmans que la Shari’â , à l’exclusion de sa matrice coranique, est profane [3]. Ce qui signifie, lorsqu’une disposition sharaïque contrarie l’émancipation des droits fondamentaux ou la démocratie, elle devrait être ignorée et non pas excipée pour contrecarrer le progrès. Parce que le développement de la Shari’â a été un processus profane, rien ne pouvait -et ne doit- justifier l’intemporalité de l’avis de tel ou tel théologien musulman, produit de son temps et de sa culture locale. Et est-ce utile de rappeler ici aux musulmans une vérité coranique fondamentale : Dieu est unique, seule sa parole est sacrée. Tout musulman qui prêche un discours sacralisant la parole profane, commet le pire des péchés au regard de l’Islam : « el’chirqo bil’ouâhidû el ahad », l’association de l’homme à Dieu.

Or, en l’état actuel des choses, tant que des discours tendant à faire croire à la sacralité de la Shari’â trouvent des oreilles naïves et attentives, alors la tradition islamique posera des problèmes pour l’accès à la modernité politique. Par ailleurs, nous n’hésitons pas à affirmer que la Shari’â, avec son contenu actuel, en tant que socle du pouvoir politique et du système juridique handicape l’accès à la modernité politique et à la modernité tout court. Ceci simplement parce que, aujourd’hui, cette modernité est indissociable des trois éléments suivants : garantie des droits fondamentaux, liberté d’expression et séparation des pouvoirs en ce qu’elle a de capital pour fonder l’autonomie du législateur et garantir l’indépendance du pouvoir juridictionnel. Les docteurs de la loi musulmane ont été amenés pendant des siècles à justifier l’injustifiable et conforter l’arbitraire des gouvernants, à commencer par le premier d’entre eux, El Mawardi, principal théoricien du califat sunnite [4] et du système judiciaire musulman [5]. Ce legs juridique, sacralisé par une invraisemblable fiction religieuse et consolidé par le poids de l’histoire, constitue aujourd’hui un boulet dont il est difficile de se défaire.

De même, et à ce jour, les changements positifs demeurent déroutants par leur minceur et ce, dans tous les nouveaux ةtats musulmans qui succéderont à l’effondrement de l’empire ottoman d’abord et à la décolonisation ensuite. En effet, l’autocratie, la répression sauvage, les discriminations et les violations de toutes sortes sont toujours aussi présentes. Le monde arabe et musulman semble frappé d’une malédiction, que d’aucuns appellent la malédiction islamique.

Tout ceci est-il vraiment une caractéristique des pays musulmans ? Est-ce une malédiction fatalement insurmontable ?

B.- Les raisons de l’espoir

Ainsi, est-ce que l’autoritarisme et les violations les plus graves des libertés publiques qui empêchent le développement de la démocratie au Maghreb et dans le monde arabes sont une spécificité, comme certains l’ont affirmé, des pays arabo-musulmans [6] ? D’abord une première réponse consisterait à affirmer, qu’en effet, ces problèmes sont spécifiques. L’examen des problématiques purement locales et de leurs soubassements idéologiques ne fait que conforter l’hypothèse de la spécificité. Et on peut même ajouter, comment peut-il en être autrement, alors que chaque pays est spécifique. Chaque pays à sa propre histoire et ses propres conflits idéologiques, tout comme l’évolution de chaque région du monde est le fruit des contingences et des vicissitudes de l’Histoire de ladite région.

En fait, la question, ou plutôt les deux questions qui devraient se poser sont les suivantes : Les violations mentionnées sont-elles, du point de vue des mécanismes universels de développement politique une spécificité exclusive aux pays arabo-musulmans ? Et est-ce que l’émergence d’un véritable ةtat démocratique ne peut se faire que dans le cadre d’un régime laïc ?

- La réponse à la première question est NON.

Non, car les violations dont il est question sont une caractéristique de tous les ةtats pour peu qu’ils soient des ةtats-nations nouveaux. Il faut se garder de conclure que c’est uniquement à cause des traditions religieuses du monde arabe que la démocratie politique n’a pu se développer. Et, s’il est évident que les éléments religieux vont servir à justifier des modes de gouvernement autoritaires, il reste que ce facteur religieux n’est qu’un élément de justification parmi tant d’autres que l’on invoque pour justifier l’autoritarisme, voire la dictature. En somme, le pouvoir de Amir el mouminine ne diffère que par son mode de légitimation des pouvoirs du Zaïm (leader), du Grand Timonier (Mao Tse Tong), du Grand leader Maximo (F. Castro), du Génie des Carpates (N. Ceausescu), du Commandant prestigieux invincible à la volonté de fer (Kim Li Sung), du Rédempteur (N’Kroumha) et de tant d’autres. En Tunisie, le combattant suprême n’avait pas eu besoin d’évoquer la tradition califale pour se faire conférer, en 1975, un mandat viager de chef de l’ةtat. Bien que, entre le pouvoir de H. Bourguiba et celui de Hassan II la justification fut différente, dans la pratique, les contours de leurs pouvoirs respectifs étaient similaires. Et, en Algérie également, le régime institué par la Constitution de 1976, qui niait même le principe de la séparation de pouvoir n’avait nullement eu besoin de la théorie du califat pour s’affirmer.

Ainsi, le critère déterminant qu’il faille retenir et bien celui de l’ةtat-nation nouveau. Les pays arabes sont dans ce dernier cas et où, par conséquent, les violations en question sont inhérentes à un stade donné du développement de l’appareil d’ةtat et de son ordre politique. Lequel ordre a besoin d’une période plus ou moins longue pour s’affirmer. L’étendue de cette période est fonction de l’ampleur de la rupture qu’instaure le nouvel ةtat par rapport au passé. Plus cette rupture est importante et plus le processus contestation/répression est vigoureux. Et ce, même si le nouvel ةtat est porteur dans sa charte fondamentale, des plus grands principes de liberté et d’humanisme. Le recours utile à l’exemple français ne fait que confirmer nos propos.

En effet, à l’issue de la révolution française, porteuse de tels principes, l’état des libertés publiques fut aux antipodes de celui que proclamait le nouvel ةtat français. Le régime des associations fournit un exemple éloquent. Le cadre juridique restrictif du régime des associations, domaine singulièrement sensible, était entouré de toutes les attentions. Mêmes les associations ordinaires étaient perçues comme des rassemblements pouvant potentiellement menacer l’ordre public (fut-ce-t-il, alternativement, républicain, monarchiste, ou impérial). ہ peine constituées, lorsque ces associations étaient autorisées, qu’elles faisaient l’objet d’une étroite surveillance. En outre, ce cadre juridique restrictif se caractérisa par son aspect particulièrement préventif [7].

De même, et à cause du climat politique relativement violent qui s’installe à partir de la révolution, la démocratie française n’a pas pu s’établir assez rapidement. ہ partir de 1789, l’option idéologique du libéralisme politique va certes s’enraciner de plus en plus, mais les partisans des différents ordres fondamentaux de l’ةtat étaient dans l’impossibilité de trouver un compromis permettant l’exercice d’une démocratie normalisée. Les multiples régimes politiques, qui se succéderont sur près d’un siècle sans guère dépasser les 15 à 18 ans, démontrent cette impossibilité. Les adeptes, même les plus farouches du libéralisme politique, les révolutionnaires, n’étaient pas en mesure d’accepter la loi de la compétition politique par les urnes et, par voie de conséquence, du principe de la confrontation majorité/opposition inhérente à la démocratie.

L’ordre fondamental républicain, naissant d’un mouvement de transformation radicale de la société, était trop menacé pour que l’on acceptât une telle compétition. ہ ce sujet Guillermo Ferrero rappelle avec pertinence « après la chute de Robespierre et la fin de la Terreur, la Révolution avait tenté pour la première fois de vaincre ses peurs et de reprendre le programme grandiose de 1789. ہ ses débuts, le Directoire s’est efforcé d’appliquer loyalement la formule de la légitimité démocratique [dans le cadre républicain] en octroyant les libertés qu’elle sous-entend - liberté de presse de parole, d’association ; en respectant le droit d’opposition. Mais il n’avait pas tardé à s’apercevoir, que le droit d’opposition et la liberté profitaient surtout aux royalistes et aux catholiques, parce que la majorité du pays était avec eux. Au jeu loyal de la majorité et de la minorité, le principe aristocratique et monarchique aurait gagné la partie. Ses fidèles se seraient emparés du pouvoir par les voies légales, et auraient exterminé la République » [8]. Par conséquent, un régime démocratique, aussi pluraliste soit-il, ne peut en aucun cas s’accommoder de la perspective d’une compétition entre ordres politiques fondamentaux. La pacification du régime politique représentait ainsi un préalable absolu avant toute pratique normalisée de la démocratie quand bien même, l’option idéologique libérale était largement admise dans son principe depuis bien longtemps déjà. C’est dire que la démocratie ne se décrète pas ni ne s’improvise.

ہ présent, l’on ne peut également manquer de relever la similitude frappante entre le contenu des propos de Guillermo Ferrero et les propos fréquemment lus à propos de la situation qui prévalait en l’Algérie en 1991. Et il suffit de changer « Directoire » par « Haut Comité d’ةtat », « la révolution de 1789 » par « la révolution de 1954 », « catholiques [et] monarchistes » par « islamistes » et l’on a une description de ce que fut le dilemme algérien à cette époque. Si l’on adopte ce court raccourci historique, le cas algérien ne comporte plus de particularisme. Les rapports de cause à effet sont assez analogues et « la crise des paradigmes universels » [9] ne nous semble pas avéré, ni d’ailleurs un particularisme inhérent au caractère arabe et musulman de l’Algérie [10]. En somme son processus de développement politique montre qu’il ne fait qu’obéir à une logique de développement universelle, il n’y a guère que le temps et l’espace qui changent.

Par ailleurs, est-ce que la fonction actuelle du référent religieux et son impact sur la vie des partis politiques en terre d’Islam se distinguent si radicalement de ce qui s’est passé en Occident ? Bertrand Badie, comme de nombreux auteurs l’affirment en insistant sur « l’originalité profonde de la fonction contestation en monde musulman » [11] où le référent religieux sert « de légitimation à toute pratique contestataire » [12] et « offre un répertoire symbolique fourni et diversifié pour structurer les mouvements de mobilisation […] » [13]. Ce qui, en définitive, tend dans les pays musulmans, à faire déraper les partis politiques sur le terrain d’un affrontement où le référent religieux imprime une marque profonde. Cet aspect est certes avéré. Mais constitue-t-il une originalité profonde du monde musulman ? Répondre par l’affirmative comme le fait Bertrand Badie, observateur pourtant très averti du monde musulman, c’est faire preuve, non pas d’une imprudence, mais d’une lacune académique quant à l’histoire institutionnelle du monde occidental. Et en affirmant cela, ce n’est pas tant aux multiples conflits religieux violents que nous songeons, conflits tragiques qui ont abondamment irrigué la terre européenne par le sang des innocents, ce n’est pas tant non plus aux conflits actuels qui secouent la Grande Bretagne entre protestants et catholiques que nous songeons, mais plutôt à une pratique du politique presque normalisée où la religion fut, il n’y pas si longtemps encore, en Europe, au centre des joutes partisanes. A cet égard, quelques images valent mieux que les meilleurs discours académiques. Nous laisserons le lecteur juge de la pertinence de ces deux séries d’affiches électorales belges, illustrant les affrontements entre religieux et laïcs :

JPEG - 26.3 ko
Affiche publiée par le parti catholique belge
pour les élections législatives du 2 juin 1929
Bruxelle, coll. Ch. Picqué et A. Miroir. Photo J.-P. Roussel

JPEG - 26.3 ko
Affiche publiée par le parti catholique belge
pour les élections législatives du 27 novembre 1932
Bruxelle, coll. Ch. Picqué et A. Miroir. Photo J.-P. Roussel

JPEG - 23.6 ko
Affiche publiée par le parti catholique belge
pour les élections législatives du 24 mai 1936
Bruxelle, coll. Ch. Picqué et A. Miroir. Photo J.-P. Roussel

JPEG - 42.3 ko
Affiche publiée par le parti socialiste belge
pour les élections législatives du 2 juin 1929
Bruxelle, coll. Ch. Picqué et A. Miroir. Photo J.-P. Roussel

JPEG - 33 ko
Affiche publiée par le parti socialiste belge
pour les élections législatives du 4 juin 1950
Bruxelle, coll. Ch. Picqué et A. Miroir. Photo J.-P. Roussel

JPEG - 20.5 ko
Papillon autocollant édité par le parti libéral
belge à l’ocasion des élections législatives du 4 juin 1950
Bruxelle, coll. Ch. Picqué et A. Miroir. Photo J.-P. Roussel

- D’autre part, et s’agissant de la seconde question : est-ce que l’émergence et l’émancipation d’un véritable ةtat démocratique est susceptible d’avoir lieu hors du cadre d’un régime laïc ? Car, tout en observant les ةtats arabo-musulmans, on constate que, hormis la Turquie, tous ont consacré sans détour leur attachement à l’Islam, y compris dans les textes constitutionnels.

Là encore, notre réponse est affirmative. Car le principe même de la référence au religieux dans des régimes qui aspirent à être démocratique ne pose pas de problème en soi. Les expériences constitutionnelles de nombreuses démocraties occidentales démontrent que la démocratie n’est pas incompatible avec des fondements notamment religieux de l’ةtat.

En effet, il convient de rappeler d’abord, que la laïcité, bien qu’elle incarne un concept politique récurrent dans les pays francophones, demeure pourtant, du point de vue de son application, un phénomène exceptionnel dans le monde. La laïcité a été et demeure un exemple exclusivement français. Car, et sauf erreur de notre part, le seul ةtat qui puisse être aujourd’hui considéré comme pleinement laïc est la France. Cette laïcité française a été forgée sur près d’un siècle. Depuis 1801, date du Concordat qui mit l’ةglise sous tutelle de l’ةtat, ce parcours a été ponctué par de nombreuses lois, surtout sous la Troisième République, qui ont affirmé la séparation de l’ةglise et de l’ةtat. Parmi ces lois, mentionnons celle de Jules Ferry du 26 mars 1882, dissociant l’école publique de l’enseignement religieux ; la loi Gobelet de 1886, portant sur la laïcité du corps enseignant des écoles publiques et, enfin, la loi du 9 décembre 1905 qui parachève au sein de son article 2 ce parcours en disposant que la République ne reconnaît, ni ne salarie, ni ne subventionne aucun culte. La République qui assure la liberté de conscience, garantie le libre exercice du culte sous les seules restrictions inhérentes à l’ordre public [14].

Ainsi et conformément à son contexte d’origine, nous pouvons définir la laïcité par l’absence de toute référence religieuse du sein des éléments de légitimation de l’ordre juridico-politique, matérialisée par une séparation totale de l’ةglise et de l’ةtat. Cette séparation est assurée par une privatisation intégrale de toutes les institutions religieuses [15].

Or, de nombreuses démocraties occidentales sont encore loin de ce schéma institutionnel. Moult dispositions constitutionnelles rattachent l’ةtat au fait religieux. La Constitution hellène dispose en son article 3 que « la religion dominante en Grèce est celle de l’ةglise orthodoxe du Christ […] ». Aussi, et avant d’entrer en fonction, les députés prêtent-ils serment « […] au nom de la Trinité Sainte, consubstantielle et indivisible […] » (art. 59) [16]. La Constitution irlandaise rédigée« au nom de la Sainte Trinité, dont dérive toute puissance et à qui il faut rapporter, comme à notre but suprême, toutes les actions des hommes et des ةtats […] » précise dans son article 44 que « l’Irlande […] reconnaît que l’hommage de l’adoration publique est dû au Dieu Tout-Puissant. Il révérera Son Nom ; il respectera et honorera la religion ». Le Danemark affirme dans l’article 4 de sa Constitution que « l’ةglise ةvangélique luthérienne est l’ةglise nationale danoise et jouit, comme telle, du soutien de l’ةtat. Quant aux autres églises, elles relèvent du statut des ةglises dissidentes » [17]. La situation est à peu près similaire en Finlande et en Suède qui partagent la même tradition religieuse. En Angleterre, et bien que le principe de la séparation de l’ةglise et de l’ةtat soit actuellement à l’ordre du jour, la confusion du pouvoir spirituel et temporel est encore de mise. La reine d’Angleterre cumule sa fonction royale avec celle de Chef de l’ةglise anglicane. Et à ce titre, le monarque anglais reçoit le serment d’allégeance des évêques anglicans [18]. En République fédérale d’Allemagne, les citoyens sont soumis à un impôt religieux dont il est très difficile de se soustraire. Enfin, du côté nord-américain, « l’ordonnancement juridique canadien […] établit comme fondement du Canada "La suprématie de Dieu et la primauté du droit " » [19]. Aux ةtats-Unis d’Amérique, c’est la devise même de l’ةtat fédéral qui rappelle sur chaque dollar en circulation sur la planète qu’en « Dieu [ils] ont foi [In God we trust] » [20]. Et c’est sur la Bible que le président américain prête serment avant de s’installer à la Maison blanche. Mais, c’est surtout dans les textes constitutionnels des ةtats fédérés que nous trouvons les nombreuses références à une divinité suprême. Au Massachusetts, par exemple, on lit dans le préambule de la Constitution : « Nous, peuple du Massachusetts, nous reconnaissons, et nos cœurs sont pénétrés du sentiment de la plus vive gratitude, nous reconnaissons la bonté du Législateur Suprême de l’Univers, qui, par une suite de décrets de sa providence, nous procure l’occasion de […] former une Constitution » ; et, dans l’article trois de la Constitution, il est précisé : « […] le bonheur d’un peuple, le bon ordre et la conservation du gouvernement civil dépendent essentiellement de la piété, de la Religion et des bonnes mœurs, qui ne peuvent se répandre parmi tout un peuple, que par l’institution d’un culte public de la Divinité […] » [21].

Bien que les pays mentionnés ci-dessus ne soient pas des modèles parfaits de démocratie, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils comptent parmi les pays où l’on relève le moins d’entorses aux règles démocratiques. Par ailleurs, s’il ne s’agit pas de pays véritablement laïcs, au sens français du concept, nous devons admettre qu’il s’agit là, assurément, de nations qui ont atteint un degré élevé de sécularisation de leurs institutions. En d’autres termes, la reconnaissance d’un fondement religieux de l’ةtat n’a pas représenté un obstacle à l’affranchissement du pouvoir civil de l’emprise du religieux [22]. Et en ce sens, d’une part, les références religieuses ne confèrent plus aucun droit particulier à une autorité spirituelle d’exercer le pouvoir politique et, d’autre part, la sécrétion du droit n’est plus soumise, sous réserve des cas irlandais et grecs, aux arguments d’autorité religieuse. La nature institutionnelle de l’ةtat et les caractères du droit produit conservent leur essence civile. Et, enfin, les éléments religieux du discours de légitimation de l’ordre constitutionnel n’ont pas empêché le développement de tout un arsenal de mesures juridiques qui garantissent les libertés et droits fondamentaux des citoyens sans discrimination tenant à la religion ou à la race.

Par conséquent, il est manifeste que, du point de vue du principe, religion et démocratie ne sont pas incompatibles. En fait, ce qu’il faut relever, c’est que si le principe des références constitutionnelles à la religion n’est pas un problème en soi, ce qui peut l’être, en revanche, c’est la portée non définie des mentions constitutionnelles en question. Au Maghreb et dans le monde arabe, l’on est dans ce cas de figure. La référence à la religion dans les textes constitutionnels est équivoque. En effet, avec l’introduction des références démocratiques dans les discours de légitimation de l’ordre politique, le statut constitutionnel de l’Islam va devenir très ambigu. L’on ne peut véritablement savoir si c’est l’islam qui fonde et justifie le choix démocratique ou si, à l’inverse, c’est le choix démocratique qui consacre l’islam comme religion d’ةtat. Et derrière ce flou, se profile la question cruciale de « l’obligation politique » sur laquelle sont fondés les rapports de « commandement/obéissance » à la source de toute organisation sociale. Cette question fondamentale n’étant toujours pas résolue, cela continue à poser de sérieux problèmes à l’émancipation de la démocratie. Mais, ce qu’il faut repréciser par-dessus tout, c’est que, quand bien même l’on se trouve devant une question et une problématique locales, cette spécificité s’estompe dès lors que l’on replace les pays arabo-musulmans dans le contexte de l’état de développement de l’institution étatique et du cheminement nécessaire vers l’affermissement de l’ةtat nouveau, avec ce que cela suppose comme difficultés quant à l’émergence des consensus nationaux. Or, l’émergence de tels consensus sur des questions fondamentales peut être un processus qui s’étend sur des siècles.

C.- Des espoirs fragiles, mais néanmoins réels

Est-ce-à-dire, étant donnée la lenteur du processus décrit, que le Maghreb et le monde arabe en général sont condamnés encore à de longs siècles avant de les voir émerger au sein des démocraties modernes ? Certainement qu’il faudra du temps. Mais, peut-être, dans le monde d’aujourd’hui, avec ce que cela signifie en termes de moyens de communication où les idées circulent à la vitesse de la lumière et les hommes à la vitesse des aéronefs, le cheminement vers le développement politique ne pourrait être qu’accéléré, si certaines influences étrangères ne troublaient pas ce processus.

En effet, ce développement politique pourrait être effectivement plus rapide n’eut été le soutien des démocraties occidentales -soutien de plus en plus insupportable au regard des opinions publiques musulmanes- aux dictateurs de nombreux pays arabes. Il ne s’agit pas ici de reporter la responsabilité des problèmes que l’on observe dans ces contrées sur les pays occidentaux. Mais certains faits incontestables rendent l’évolution du processus démocratique complexe à réaliser. En effet, s’agissant des nombreuses formes de soutien actif à ces dictateurs, l’on peut mentionner la présence de bataillons entiers issus des pays démocratiques dans les territoires arabes et musulmans afin de protéger leurs intérêts et par la même occasion protéger les dictateurs qui garantissent la sauvegarde de ces intérêts. Dans d’autres cas, cet appui actif prend la forme de collaborations étroites sur le plan de la sécurité et de la défense avec des régimes dont les horreurs sont reconnues et établies par des ONG et les instances internationales. Ces dictateurs peuvent violer les conventions internationales et pour peu que les victimes de ces violations soient des citoyens locaux, cela ne suscite pas d’indignation auprès des gouvernements occidentaux qui continuent parfois à y exporter les moyens technologiques servant aux violations des droits de l’Homme. De même, il ne faut pas négliger l’aspect parfois « sanctuaire » qu’incarnent les pays démocratiques pour lesdits dictateurs. Ils violent comme bon leur semble le droit de leur pays et les conventions internationales en sachant qu’au pire des cas, ils pourront toujours, si les choses tournaient mal, trouver refuge auprès des pays « amis » occidentaux. Ces mêmes pays « amis » sont également des « sanctuaires » pour les biens spoliés, détournés et volés par les dictateurs depuis leurs pays. Alors même que tous les codes pénaux desdits pays occidentaux prévoient les infractions d’abus de biens sociaux et de recel, les banques occidentales, elles, ne sont jamais inquiétées pour l’argent volé et déposé dans leurs coffres par ces dictateurs. Ce n’est que depuis le 11 septembre 2001 que l’on commence à se poser des questions pour savoir d’où provient et à quoi sert cet argent. Et la terrible myopie face à de telles pratiques, c’est qu’à chaque fois qu’il y a détournement des richesses des pays en voie de développement, cela contribue à créer des désespérés à l’affût des discours qui les « enflammeront », au sens propre et au sens figuré.

Par ailleurs, autre frein au développement, comment, lorsque l’on est un haut responsable politique d’un pays en voie de développement résister à la tentation de la corruption ; résister à ces milliards proposés par des multinationales occidentales, et ce, avec la bénédiction de leurs gouvernements, pour l’octroi des marchés publics ? Comment résister à ces milliards, d’autant plus que l’on a l’assurance de la discrétion du gouvernement et de la banque occidentale qui recélera cet argent de la corruption pour le « blanchir ». Certes, la corruption qui mine le processus de démocratisation est un fléau qui a pris des proportions effrayantes dans le monde arabe. Mais si, en outre, cette corruption dirigée vers les pays en voie de développement devient un acte légal inscrit noir sur blanc sur les bilans financiers des entreprises occidentales, lequel acte de corruption est appuyé par des soutiens francs et massifs tant politiques que militaires, il devient excessivement difficile pour le militant démocrate de ces pays de lutter pour l’instauration d’une démocratie, laquelle par nature dénonce de telles pratiques.

Enfin on ne peut négliger de mentionner un autre élément qui perturbe le processus interne de démocratisation et lequel se nourrit des dangers (potentiels ou fictifs) de l’extrémisme religieux. Il s’agit en l’occurrence -encore- du soutien actif ou passif aux dictateurs arabes sous couvert et par « nécessité » de lutter contre l’extrémisme religieux. Et à cet égard, les événements du 11 septembre 2002 semblent avoir été du « pain bénit » pour tous les oppresseurs de la planète.

Certes, nous avons nous-même affirmer plus haut, que la pratique de la démocratie dépend du contexte idéologique libéral et surtout de la stabilité et du consensus autour de l’ordre politique fondamental, mais nous avons eu l’occasion également de préciser dans d’autres écrits [23] que cette affirmation doit être nuancée. Car, il existe divers degrés de ce qui peut être considéré comme pacifié et libéral. La Démocratie, même imparfaite, sert aussi à asseoir et à raffermir le libéralisme politique et contribue grandement, par les débats politiques qu’elle instaure, à la formation des consensus nationaux. Aussi, faut-il envisager la démocratie non pas comme étant simplement la conséquence de facteurs préconditionnels, mais comme étant par ailleurs elle-même un facteur nécessaire au développement de l’ensemble des éléments du système politique dans le sens libéral. Autrement dit, même si le développement des institutions politiques des pays arabes et leurs ordres politiques fondamentaux ne permettent pas encore une démocratie politique similaire à celles des pays occidentaux, cela ne signifie pas pour autant qu’il faille tout faire pour ne pas favoriser son développement. Or, c’est le cas hélas actuellement de tous les pays arabes et plus particulièrement de la Tunisie où la situation semble avoir atteint son paroxysme au travers d’un environnement institutionnel particulièrement répressif du fait pluraliste et démocratique.

Encore une fois, le fait de mentionner les influences étrangères qui contribuent à freiner le développement de la démocratie, ne signifie nullement un report de responsabilité. Le premier responsable de la situation des pays arabo-musulmans, ce sont les peuples arabo-musulmans eux-mêmes. ہ cela, il ne peut y avoir le moindre doute dans notre esprit. Par ailleurs, bien qu’il s’est agi de stigmatiser ces facteurs externes, l’on ne peut achever nos propos sans faire remarquer que c’est également grâce à de nombreuses pressions étrangères que des avancées démocratiques notables ont pu avoir lieux. Ce sont souvent ces mêmes pressions qui ont poussé de nombreux gouvernements arabes à ratifier les conventions internationales relatives aux droits de l’Homme. Nombreuses sont les ONG occidentales qui militent tous les jours pour un monde meilleur dans les pays en voie de développement. Nombreuses sont également les ONG qui arrivent, par leurs pressions, à arracher des victimes des griffes de leurs tortionnaires. Ces mêmes ONG sont devenues le porte-voix de ceux qui croupissent dans les lugubres et non moins horribles geôles arabes. Une ONG comme RSF est devenue par son travail d’information, littéralement la « bête noire » de ces régimes. Et par-dessus tout, l’élément le plus enthousiasmant, c’est probablement celui qui consiste à observer que l’impunité accordée jusqu’à lors dans le monde occidental aux dictateurs, semble commencer à perdre de sa consistance [24], tout cela dans un contexte où les nouveaux médias, notamment sattelitaires et en ligne (l’internet) assaillent et ébrèchent par assauts successifs les citadelles des dictateurs les plus coriaces. Si le pouvoir économique et politique ne s’empare pas de ces réels espaces de liberté dont disposent les opinions publiques de tous les pays, les espoirs sont réels d’assister à une accélération de l’Histoire au grand dam des intérêts économiques égoïstes.

Appréciation naïve ? Pas si sûre ...

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