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Une action en hommage à Zouhair Yahyaoui
18 juillet 2014, par jectk79

Mon amie ne sait pas rediger un com sur un article. Du coup il voulais souligner par ce commentaire qu’il est ravi du contenu de ce blog internet.


Pourquoi aller tracer partout pour faire établir des évaluations de d’assurances familiales alors qu’existent des portails tels que Sherpa-mutuelle.fr proposant de rapprocher les propositions avec un comparateur mutuelle sophistiqué en restant votre demeure ? site => mutuelle obligatoire


Abderrazek Bourguiba condamné à 25 mois de prison
15 novembre 2011, par Bourguiba

je vous remercie
bourguiba abderrazak



Quelques points marquant contre l’environnement en Tunisie
6 novembre 2011, par xZNRpEkXvbSPvAf

I like to party, not look articles up online. You made it hpaepn.



Et puis y a eu la Révolution :)
1er novembre 2011, par liliopatra

On est mardi 1er novembre 2011, déjà neuf mois que ben ali s’est enfui et il est caché, comme un rat, en Arabie Saudite. Son collègue Gaddafi a été tué.
Après la lecture de cette lettre, tout cela parait être comme un cauchemar pour celles et ceux qui ne l’ont pas vécu personnellement. Cependant, le mal a sévi longtemps, beaucoup trop longtemps en Tunisie. Il est temps que ça change.
Tout un système policier qui s’effondre, la justice vient de renaître, certes encore fragile mais sera équitable insh’Allah.



Va chialer ailleurs ( reponse)
30 octobre 2011, par Maud

Oui il a un fils qui est mon meilleur ami et croyez moi, même si son père et loin de lui sa ne fait pas de lui un mauvais père il s’occupe très bien de lui et Selim va le voir de temps en temps. Je suis au cœur de cette affaire et je peux donc savoir les ressentis de chacun...



Va chialer ailleurs ( reponse)
30 octobre 2011, par Maud

ةcoutez quand on ne connait pas la personne on ne juge pas ! Je connais personnellement Monsieur Tebourski et je sais que c’est un homme bon, et je pense que si il a demander a rester en France c’est surtout pour son Fils !
Ne le jugez pas car vous ne le connaissez pas comme je le connais ! Je suis la meilleure amie de son fils Selim. Je sais qu’Adel est un homme bon alors arrêtez tous vos blabla et essayer donc de comprendre le fond de la chose. Merci et bonne soirée



> Une pétition de 86 prisonniers tunisiens
30 octobre 2011, par Moussa

the death of an African giant

Par : Y. Mérabet
En outre, contrairement à ce que pensent aujourd’hui de nombreux libyens, la chute de Kadhafi profite à tout le monde sauf à eux. Car, dans une Afrique où les pays de la zone subsaharienne riche en ressources minérales tournaient complètement le dos à la France pour aller vers la Chine, il fallait bien que monsieur Sarkozy trouve un autre terrain fertile pour son pays. La France n’arrive plus à vendre ses produits manufacturés ou de décrocher un marché en Afrique, elle risque de devenir un PSD C’est pour cela que l’on a vu une France prête à tout pour renverser ou assassiner Kadhafi ; surtout quand l’on sait que la Libye est l’une des premières réserves en Hydrocarbures d’Afrique et de Sebha est la capitale mondiale du trafic Franco-libyen de concentré d’uranium Nigérien. Egalement, l’on sait que jusqu’ici, les populations libyennes n’avaient rien à envier aux Français, ils vivaient richement mieux sans se suer. Puisque Kadhafi faisait tout son possible pour les mettre à l’abri du besoin. Il est donc temps pour les libyens de choisir pleinement futur partenaire occidental. Car si en cinquante ans de coopération la France n’a pu rien apporter à l’Afrique subsaharienne. Vat-elle apporter maintenant aux libyens un bonheur supérieur à celui que leur donnait leur Guide. Rien à offrir à ces ignorants de libyens, sauf des repas communs dans les poubelles de la ville Paris, en France c’est déjà la famine ? Lui, qui durant plusieurs décennies était l’un des faiseurs d’hommes les plus efficaces sur le continent Africain. De son existence, Kadhafi était le leader le plus généreux d’Afrique. Pas un seul pays africain ne peut nier aujourd’hui n’avoir jamais gouté un seul pétro –Dinar du guide Libyen. Aveuglement, et motivé par son projet des Etats-Unis d’Afrique, Kadhafi de son existence a partagé l’argent du pétrole libyen avec de nombreux pays africains, qu’ils soient Francophones, Anglophones ou Lusophones. Au sein même de l’union Africaine, le roi des rois d’Afrique s’était presque érigé en un bailleur de fond très généreux. Jusqu’à l’heure actuelle, il existe sur le continent de nombreux présidents qui ont été portés au pouvoir par Kadhafi. Mais, curieusement, même pas un seul de ces élèves de Kadhafi n’a jusqu’ici eu le courage de lui rendre le moindre hommage.Au lendemain du vote de la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’ONU, certains pays membres de l’union africaine sous l’impulsion de Jacob Zuma ont tenté d’apporter un léger soutien au guide libyen. Un soutien qui finalement s’est éteint totalement sans que l’on ne sache pourquoi. Même l’union africaine qui au départ conditionnait avec amertume la prise du pouvoir libyen par un groupe de terroristes et la reconnaissance du CNT libyen constitués de traitres, s’est finalement rétracté de façon inexplicable. Et curieusement, jusqu’aujourd’hui, aucun gouvernement consensuel n’a été formé en Libye. Depuis l’annonce de l’assassinat de Mouammar Kadhafi, cette union africaine dont Mouammar Kadhafi était pourtant l’un des principaux défenseurs et ayant assuré le dernier mandat, n’a encore délivré aucun message officiel de condoléance à ses proches ou de regret. Egalement, même ceux qui hier tentaient de le soutenir n’ont pas eu le moindre courage de lever leur petit doigt pour rendre hommage à leur mentor. Jusqu’à l’heure actuel, seul l’ancien archevêque sud-africain et prix Nobel de paix Desmond TUTU a regretté cet acte ignoble. Même le président Abdoulaye Wade que l’on sait pourtant proche des révoltés libyens n’a pas encore salué la mort de l’homme qu’il souhaitait tant. Le lendemain de sa mort, un vendredi pas un musulman n’a prié pour lui ?.. A ce jour, sur le continent Africain, seul l’homme de la rue et les medias ont le courage de parler de cette assassina crapuleux du guide libyen. Mais, cette attitude des dirigeants africains ne surprend personne, dans la mesure où l’on sait que chaque président a peur de se faire remarquer par un Nicolas Sarkozy qui est capable de tout si la tête d’un président africain ou d’un arabe l’énerve.
Conclusion La Libye et l’Afrique toute entière viennent de tourner une page d’or avec la perte de Mouammar .
Traitre et maudit que je sois, si j’étais un libyen ?

Journaliste indépendant (Algérian Society for International Relations)
119, Rue Didouche Mourad
Alger centre



Liberté pour le Docteur Sadok Chourou
29 octobre 2011, par Dr. Jamel Tazarki

J’ai écrit un livre qui mérite d’être lu :
TOUT EST POSSIBLE - L’AVENIR DE LA TUNISIE
Vous pouvez télécharger le livre sur mon site Internet :
http://www.go4tunisia.de
Dr. Jamel Tazarki
Allemagne



DECES D’OMAR CHLENDI
28 octobre 2011, par bourguiba

Ma mére Térésa oui notre mére je suis abderrazak bourguiba le frére de mon meilleur ami Farouk .
vous peut etre me connait mais je pense pas que nous avont eu l’occasion de vous voir .

je suis désolé pour ce qui a passé pour mon frére Farouk .
Omar etait un homme exeptionnel un vrai homme j’ai passé avec lui 6 mois dans le prison nous étions plus que deux fréres.

soyez fiére de Farouk
et que la paradi soit pour lui



Projet libéral pour une nouvelle monarchie démocratique et laïque en Tunisie
22 octobre 2011, par Victor Escroignard

La Monarchie Constitutionnelle est l’avenir est la garantie des droits et libertés pour la Tunisie, la Libye et toute l’Afrique du Nord. Le Roi est l’âme du peuple, Il est porteur du sentiment d’unité nationale et du patrimoine historique du peuple. LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE EST LE PLUS SUR MOYEN POUR EVITER QU’UN PRESIDENT FINISSE UN JOUR EN DICTATEUR (voyez le cas du roi d’Espagne, sauveur des libertés après le Franquisme).



> Lotfi Hamdi, une Barbouze qui se voit ministrable
4 octobre 2011, par Anti Lotfi Hamdi

Bonjour Mesdames, Messieurs,

Je souhaite attirer votre attention sur le faite que ce Barbouze comme vous le dites, a retourné sa veste à l’instant où il s’est assuré du départ définitif du ZABA plus exactement le 18 Janvier 2011.

Mais encore ce dernier qui détient pas un seul titre comme auprès du RCD mais aussi faison parti de plusieurs association et surout la chambre Franco-Tunisienne de marseille ou il a volé récemment le portfolio pour se faire une nouvelle peau et une nouvelle virginité auprès de la Tunisie, avec un pseudo symposium tenue au pôle technologique sis à la Gazelle (Ariana).

Rappel du passé : Khaled Néji représentant de l’office de l’huile près du consulat générale de Tunisie à Marseille a été victime de sa (Stoufida).
Monsieur Kahled Néji a été limogé de son poste, radié de ses fonctions, décédés suite à une attaque cardiaque après avoir visité les prisons Tunisiennes

Je souhaite que cette personne n’intervienne plus sur le sol Tunisien afin de crée des réseaux encore pire qu’avant et revenir au pouvoir par la fenêtre.

Aidez moi à dire la vérité sur ce malheureux de la Sbikha (kairouan) qui fout la honte à son peuple.

Ce Virus, qui trompe sa femme sans scrupule ni honte. A trahit ce que nos ancêtres ont essayé de bâtir, bravour, fraternité dévouement, sincérité.

Il est et il sera toujours à l’antipode des Tunisiens , lèches botes et au plurielles

Vive la Tunisie sans hypocrites



Blog dédié à la défense du prisonnier politique Abderrahmane TLILI
4 octobre 2011, par bechim

bonjour je suis tres heureuse que mr tlili soit libere mais je n arrive pas avoir de nouvelles precises je tiens a dire que c est un MONSIEUR exceptionnel et qu il ne merite vraiment pas ce qu il a endure j aimerai pouvoir lui exprimer tte ma sympathie



> Tunisie, l’agression abjecte sur Samia Abbou par les voyous de Ben Ali
26 septembre 2011, par Liliopatra

Voilà quatre ans se sont écoulés et votre combat a porté ses fruits. J’aurais pas osé signer ces quelques mots par mon nom réel si vous n’avez pas milité pour ’ma’ liberté. Reconnaissante et le mot ne peut résumer ce que je ressens et tout le respect que je vous porte.

Merci...

Lilia Weslaty



> Les procès de l’ignorance et les progrés de l’Homme
24 septembre 2011, par a posteriori, l’auteur Nino Mucci

Les petits cons s’amusent à faire leurs graffitis imbéciles même sur les statues couvertes de prestige et d’histoire de Carthage ; on en a maintenant fini avec Ben Ali, avec la censure et l’étouffement des idées et de coeur opéré par son régime. Mais on en finira jamais avec l’idiotie des fondamentalistes islamiques qui promenent leurs femmes en burka, parce que c’est la seule façon par laquelle savent voir une femme : comme une bête dangeureuse. On en finira pas facilement, terrible dictature, avec ceux qui demandent maintenant de couper les mains, les jambes et les bras, suivant l’obsolète loi coranique, sans se faire aucun souci de l’Homme. Jésus, le Christ en est le plus grand champion, le Rédempteur de l’humanité, Lui qui a porté la Croix pour nous TOUS ; quant à la mafia et à al-Capone, nous les plaçerons comme un héritage historique de cet islam que tant s’acharnent à défendre par l’ignorance (mafia vient de l’arabe dialectal anciene "mafiah", c’est-à-dire "protection", la mafia est nait et c’est culturellement radiquée dans une ancienne terre d’islam, la Sicile)



que dieu te glorifie.
23 août 2011, par adyl

j’ai aimé ce que vous pensé . suis de ton coté. tu me trouvera a l’appui



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Vivre sous la dictature > Nous n’oublierons pas
Tunisie : les familles victimes et otages
par Rédaction de reveiltunisien.org
10 mars 2004

rapport du CRLDHT, avril 2002.


C. R. L. D. H. Tunisie
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie 21 ter rue Voltaire 75011 Paris- France
E-Mail : crldht@a... . http://www.crldht.org
tél : 0321964099 Fax : 0321964307

membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme

Avril 2002

"Nous étions devenus des prisonniers, comme mon mari, à ceci près que l’enceinte de notre prison était plus vaste que la sienne"
Sabiha Tayyachi
Menzel Bourguiba, le 28 octobre 2000, lettre ouverte adressée aux organisations de lutte contre la torture, au CNLT et à Amnesty International.
"Aux fins de la présente convention, le terme torture désigne tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aigus, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment d’obtenir d’elle ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis, de l’intimider ou de faire pression sur elle ou d’intimider ou de faire pression sur une tierce personne (...) "
Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

SOMMAIRE

I- Introduction
1. La résolution de nombreux cas :
a. L’échec de certaines méthodes.
b. La lutte des intéressés.
c. Les campagnes internationales.
d. Les réactions des institutions concernées.
2. La permanence de la répression des familles.
3. L’innovation en matière de répression.
II- Les arrestations.
III- L’interdit professionnel.
IV- Le harcèlement policier.
V- La privation de papiers d’identité.
VI- L’incitation au divorce.
VII- La diffamation.
VIII- La privation de passeport.
1. Les enfants.
2. L’épouse et les enfants.
3. Les mères.
4. Les pères.
5. Les frères.
6. Les sœurs.
IX. L’interdiction de quitter le pays

X. L’interdiction de porter assistance.
Conclusions et recommandations

Témoignages :
§ Hayet Béjaoui.
§ Mabrouka Tayyachi.
§ Sabiha Tayyachi.
§ Mounira Dridi.
§ Ahlem Belhaj.
§ Nadia Hammami.
§ Zoulikha Mahjoubi.
Bibliographie.

I- Introduction :

Pour la troisième année consécutive le CRLDHT publie le présent rapport "Les familles, victimes et otages", afin de faire le point sur la politique de châtiment collectif qui caractérise la politique répressive de la dictature policière mise en place en Tunisie depuis 14 ans.
Ce rapport ne concerne donc pas la répression des militants, opposants, détenus ou non, auxquels d’autres écrits sont consacrés, mais les milliers d’anonymes qui ont le tort aux yeux du régime d’être les pères, mères, frères, sœurs, mais aussi, beau-frères, fiancés, et par extension futur beau-frère ou belle sœur, enfants, cousins, voire même voisins, ou amis des parents directs et qui vont payer le prix de l’engagement d’un proche. Ces méthodes de harcèlement n’épargnent personne, hommes, femmes, enfants, personnes d’âge mur, handicapés. La nationalité est indifférente : tunisienne, libyenne, algérienne, française etc...
Nous avions, dans nos précédents rapports, décrit les nombreuses techniques de harcèlement confinant à la torture dans bien des cas, auxquelles sont soumises ces personnes et nous en avions fourni des exemples actualisés chaque année.
La résolution de la majorité des cas recensés dans les précédents rapports nous a incités à revenir sur les raisons qui ont poussé les autorités tunisiennes à alléger le dispositif de harcèlement de centaines de familles. Ce rapport, comme les précédents, ne prétend pas à l’exhaustivité, et au-delà de l’actualisation des cas mentionnés antérieurement, ce rapport fournira des exemples de harcèlement récent mais aussi de nouvelles techniques de répression des proches des opposants.
Ce rapport ne décrit que la politique de représailles collectives appliquée à l’endroit des familles d’opposants. Nous ne saurions oublier, même s’ils ne sont pas évoqués ici, les membres des familles de détenus de droit commun, qui subissent le même sort. L’année 2001, année record en matière de décès de détenus de droit commun, aura révélé à quelles pressions et menaces se heurtent à leur tour les familles qui auraient voulu faire la lumière et établir la vérité sur le décès de leur proche.

1. La résolution de nombreux cas :

En effet, si le début de la décennie a été marqué par une répression tous azimuts, les années 97-1998-1999 et 2000 ont vu l’allègement du harcèlement. Des centaines de passeports ont été restitués, en 96-97 à des épouses et des enfants, en 1999 et 2000 à de vieux parents, des descentes de police accompagnées des brutalités ont cessé, des lignes téléphoniques ont été rétablies, des courriers parviennent sans être interceptés, des proches ont pu retrouver un emploi ou reprendre des études, des mariages ont eu lieu... et des enterrements. On verra, en fonction des dates mentionnées dans les listes en exergue, que ce retour à une certaine normalité aura eu lieu après des années d’oppression, et que les familles ne sont pas pour autant débarrassées totalement du sentiment d’insécurité. La majorité des familles citées dans le rapport précédent ont trouvé une solution à leur situation par la fuite et l’exil à l’étranger. C’est dire que le problème de fond n’est pas résolu. Il s’agit pour l’essentiel de femmes et d’enfants dont le mari et père avait déjà pris la fuite, une "solution" que ne peuvent envisager les familles de détenus. Et elles ne pourront oublier ni les décès, ni les maladies, ni les troubles mentaux, ni les accidents, ni les situations de misère, ni la dislocation souvent irrémédiable que cette traque a engendré. C’est pour cette raison que nous avons tenu à publier pour la troisième fois les cas de certaines familles.
De nombreux facteurs ont poussé le pouvoir à revenir quelque peu sur ses méthodes initiales :

a- L’échec de certaines méthodes :

S’il est une méthode de harcèlement qui a été un fiasco, c’est bien l’incitation au divorce sous la terreur, qui bien que pratiquée massivement, n’a pas donné les résultats escomptés. Elle est pratiquée sous forme de chantage : divorce sinon torture, divorce ou emploi, divorce ou passeport pour un enfant... ou sous forme de corruption : divorce contre entretien par la police. L’écrasante majorité des femmes a choisi sa vie conjugale. Par contre l’incitation à rompre des fiançailles par tout un jeu de pressions est, quant à elle, toujours d’actualité et semble arriver à ses fins.

b. La lutte des intéressés

La résistance, silencieuse et patiente, est confirmée dans la plupart des cas. Elle a été accompagnée de nombreuses démarches pour obtenir un passeport, pour trouver un emploi de substitution, ou un accès aux soins.
Les administrations (pénitentiaire ou autre) ont reçu de nombreuses plaintes de familles souhaitant exercer leurs droits. La plupart sont restées lettre morte.
En octobre 1997, une douzaine d’exilés, Ali Khelifi, Noureddine Ben Saïd, Salem Dbira, Bechir Ben El Hadj, Mouldi Gharbi, Hichem Bchir, Boubaker Ziraoui, Mohammed Salah Nahdi, Hedi El Jounaïdi, Moncef Zid et Ahmed Amri entament, à la faveur de la visite du président Ben Ali en France, une grève de la faim à Aubervilliers pour exiger que leurs épouses et leurs enfants, dont ils sont séparés depuis le début de la décennie, obtiennent un passeport. Les passeports sont distribués aussitôt et la France délivre immédiatement les visas d’entrée aux familles des réfugiés ayant le droit au regroupement familial. La grève de la faim prend fin avec la visite de M. Ben Ali en France.
A la fin des années 90, se constitue en France un Comité des Tunisiens sans Passeport, qui organise plusieurs mobilisations devant les Consulats de Tunisie, notamment à Paris ou à Nice.
En mai 2000, Noureddine Aouididi, le frère d’une ex-détenue, elle-même "punie" pour l’engagement de son fiancé, entame à Londres une grève de la faim dans la foulée de celle de Tawfik Ben Brik : "je demande de cesser le harcèlement contre ma famille et de délivrer des passeports à tous ses membres". Quelques mois plus tard, la jeune femme voit lever la mesure de contrôle administratif qui la frappait et peut quitter la Tunisie dotée d’un passeport.
Le 25 mai 2000, Latifa Kouki, de Djebel Jelloud, épouse d’un détenu, entame une grève de la faim en solidarité avec son mari.
Le 29 juin 2000, Nadia Hammami, la fille d’un opposant détenu, Hamma Hammami, entame une grève de la faim "pour notre droit à une enfance paisible et tranquille’. Najoua Rezgui, épouse d’un opposant recherché, Abdejabbar Madouri, se joint au mouvement.
Le 10 juillet 2000, un groupe d’épouses de détenus d’opinion manifestent avec leurs enfants devant le siège de l’UNICEF à Tunis. Parmi elles : Ahlam Testouri, Majda Moaddeb et Rachida Mejri. La police, à l’appel de l’UNICEF semble-t-il, disperse la manifestation.
En octobre 2000, dix-huit familles de détenus veulent assister au congrès de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme. Elles témoignent de l’injustice faite aux prisonniers, mais aussi de leur quotidien depuis 10 années. Un groupe de femmes est aussitôt arrêté et interrogé au poste de Carthage.
Le 7 juin 2001, l’épouse et les trois enfants Sarra (14 ans), Salsabil (15ans) et Mouhed (18 ans) d’un ex-détenu, Mohammed Hedi Bejaoui, privé de tous ses droits, notamment aux soins et à la libre circulation, déclenchent une grève de la faim à leur domicile près de Tunis.
Le 9 mai 2001, Zoulikha Mahjoubi, dont le mari, Mouldi Gharbi est exilé en France depuis 1993, et qui l’a rejoint avec ses cinq enfants en 1997, à la faveur de la grève de la faim de ce dernier (cf. infra), dépose une plainte contre son tortionnaire, Khaled Ben Saïd, policier qui l’a torturée en 1996 à Jendouba. Le Parquet de Paris transmet le dossier au Parquet de Strasbourg, ville où l’ex-tortionnaire est vice-consul de Tunisie. Convoqué par la police ce dernier prend la fuite et exerce actuellement à nouveau dans la police tunisienne. (Le témoignage de Zoulikha Mahjoubi est publié en annexe du présent rapport).

c. Les campagnes internationales

Publications, dossiers, articles se sont multipliés au niveau international à partir de la seconde moitié de la décennie écoulée. Les comités mis en place pour arracher la libération de prisonniers ont concerné aussi des femmes emprisonnées pour avoir voulu fuir l’enceinte de la "grande prison" et rejoindre leurs proches en exil (Souad Charbati). Des campagnes internationales ont abouti à des libérations de ces proches (Rachida Ben Salem, Radhia Aouididi, Souad Charbati, Abderraouf Chammari) ou à la cessation du harcèlement de personnes âgées (Khedija Ounis, Zohra Ben Saada)

d. Les réactions des institutions concernées.
Cette politique et les réactions des associations provoquent le désaveu des institutions : Le Comité contre la Torture des Nations Unies a délibéré le 18 novembre 1998 à Genève du deuxième rapport périodique remis par les autorités tunisiennes pour finalement le désavouer : huit paragraphes sur onze étaient consacrés aux sujets de préoccupations des experts, dont une partie non négligeable concernait le sort réservé aux femmes (Conclusions et recommandations du comité contre la torture des Nations Unies, CAT-C-TUN,19 novembre 1998), sort évoqué par les rapports des ONG présentes (FIDH, AI, OMCT).
En 1999, la rapporteuse spéciale des Nations Unies chargée de la violence contre les femmes, Radikha Coomararaswamy, évoque avec force détails les traitements inhumains, la torture et les divorces forcés infligés aux femmes tunisiennes (Moniteur des Droits de l’Homme, n°45-46, Service International des Droits de l’Homme, Genève, 1999)

La Commission nationale consultative des droits de l’Homme, rattachée au Premier Ministre en France s’émeut dès 1996 : "Les familles des prisonniers d’opinion sont victimes d’un harcèlement incessant (...)"(Avis sur la situation des droits de l’Homme en Tunisie, adopté le 14 novembre 1996)

Le département d’Etat américain stigmatise à son tour ces pratiques et cite plusieurs cas. ’Department of State, Tunisia Country Report on Human Rights Practices for 1998, f. Arbitrary Interference With Privacy, Family, Home or Correspondance)

2. La permanence de la répression des familles :

Pour autant des centaines d’autres familles continuent de vivre le chantage du pouvoir. nous citerons à titre d’exemple le cas emblématique de la famille Gacha, de Melloulech (Mahdia), qui entame sa dixième année de réclusion à domicile et paie l’engagement d’un proche actuellement en exil.
§ En 1990, Khemaïs Gacha est recherché, les descentes de police se multiplient au domicile de sa famille. Il purgera une peine de prison, puis sera astreint au contrôle administratif qu’il fuit en quittant le pays dès 1992. Il fera l’objet d’une seconde condamnation par contumace. Sa famille sera condamnée à sa place :
o Ammar, son frère, père d’une famille nombreuse, étranglé économiquement, privé de passeport, subit coups et insultes en juin 98.
o Jomaa, un autre frère, père d’une famille nombreuse, ne peut plus subvenir à ses besoins à cause des pressions policières.
o Sa soeur voit ses fiançailles rompues par son fiancé en 1994 du fait des pressions exercées sur ce dernier, une autre soeur est astreinte par la même méthode au célibat forcé.
o Tous les neveux, y compris ceux nés après son départ, sont questionnés sur leur oncle.
o L’enterrement de son père est le prétexte d’une nouvelle descente et d’une présence policière au cimetière.
o Hedi Gacha, un cousin, voit son couple explose sous les pressions de la police. Le divorce a été prononcé. Mohammed Gacha, un frère de Khemaïs Gacha, émigré depuis la fin des années 80 à Brescia en Italie, se voit refuser par les autorités consulaires tunisiennes en 2000 le renouvellement de son passeport est conseillé instamment de retourner en Tunisie. Il ne peut de ce fait renouveler ses papiers de séjour en Italie et il se trouve à la merci d’une expulsion....
§ Le harcèlement de la famille Bouali, évoqué dans les deux précédents rapports, continue de plus belle : Sadok Bouali, homme d’âge mûr, handicapé moteur, père de deux ex-détenus, a été convoqué dans les locaux de la police de El Ouardia et de Tunis (Direction de la Sûreté de l’Etat) à trois reprises en octobre et décembre 2001 pour répondre à des questions concernant son fils Ridha, absent du domicile et recherché. Hazem Bouali, son fils, a quant à lui, été arrêté et détenu deux jours au centre de Bouchoucha ( banlieue de Tunis). Il a été questionné sur son frère Ridha et il a été menacé de perdre son emploi s’il ne parlait pas.

3. L’innovation en matière de répression.
Si le régime s’est targué d’avoir octroyé des passeports, ou accordé des libérations à des proches, les laissant même quitter le pays pour certains d’entre eux, il a, en revanche, repris de l’autre main ce qu’il venait de lâcher.
· L’année 2000 a en effet été celle de l’atteinte à la liberté de circulation pour les proches des exilés ou des détenus. Plusieurs femmes tunisiennes résidant en Europe se sont ainsi vues séquestrées en Tunisie avec leurs enfants au moment de repartir au terme de leurs vacances. Dalila Babba, mariée à un exilé tunisien vivant en France, mère de trois enfants, se rend le 26 février 2000 en Tunisie avec ses jeunes enfants. Elle est interpellée et fouillée à son arrivée. Elle subit un second interrogatoire, puis elle apprend qu’elle ne peut quitter le territoire tunisien. Elle passe outre et parvient à revenir en France. Le 2 avril 2000 elle se rend à nouveau en Tunisie aux obsèques de sa mère, accompagné de Takwa, son bébé. Le 12 avril elle est empêchée de revenir en France et elle est convoquée au ministère de l’Intérieur. Elle a pu quitter la Tunisie le 26 avril au terme d’une campagne en France. ( Se reporter à l’article : Tunisienne et peur de l’être, Frédérique Verhaeghe, dans le quotidien Le Dauphiné).
§ Dalenda Khachlouf, épouse d’ un réfugié tunisien en Suède (de nationalité suédoise), et ses trois enfants, Yassine (8ans), Oussama (6ns) et Abir (1 an) ont été empêchés de quitter la Tunisie le 21 juillet 2000. Elle a pu regagner la Suède au terme d’une campagne et d’une intervention de la représentation diplomatique suédoise en Tunisie.
§ Lamia El Amri, épouse d’un réfugié tunisien en Suède, empêchée de quitter la Tunisie. Elle a pu regagner son pays au terme d’une campagne et d’une intervention diplomatique
§ Une jeune femme de nationalité française et algérienne, vivant en France, fiancée à un réfugié tunisien, a voulu rendre visite à sa future belle-famille en Tunisie, pays où elle n’était jamais allée. Le 11 juillet 2000, à son arrivée à l’aéroport de Tunis Carthage, Salima Cherigui a été refoulée sans explication et remise dans le premier avion en partance pour Paris.
§ Enfin, au chapitre des complicités franco-tunisiennes, il faut mentionner Hedi et Fatma Dhaouadi, âgés de 77 et 70 ans, de Bizerte, parents d’une exilée, Aïcha Dhaouadi, auxquels le Consulat de France refuse obstinément de délivrer un visa de tourisme, malgré relances et interventions. Ce refus coïncide curieusement et malheureusement avec l’acharnement des autorités tunisiennes contre une famille déjà éprouvée.

II- Les arrestations

§ Fatma Guitouni, de Nabeul, belle-mère d’un opposant recherché, Mohammed Khamis, arrêtée et torturée, puis écrouée en 1991.
§ Jamila Saadani, épouse d’un opposant recherché, Walid Bennani, arrêtée, humiliée sexuellement, menacée de viol, devant son propre frère, filmée par vidéo, en 19 91
§ Sassi Ennaes, émigré en France, arrêté lors d’un retour en Tunisie en décembre 1992, torturé, interrogé sur son frère Fathi, en fuite, privé de son passeport, libéré sans charges, ne pourra jamais retourner en France jusqu’à son décès, accidentel, quelques années plus tard
§ Widad Lagha, épouse de Ali Larayedh, détenu, arrêtée en juin 1991, violentée sexuellement dans les locaux de la Sûreté d’Etat et filmée par une vidéo, pour faire pression sur son époux.
§ Samira Ben Salah, arrêtée en mai 1993 ; elle a fait trois ans de prison jusqu’en 1996 ; affaire en divorce et ses quatre filles (Ibtihel, Sarra, Jihed, et Sana qui en 1993 avaient 10, 9, 6 et 2 ans) n’ont pu rejoindre leur père réfugié en Allemagne. Aujourd’hui le regroupement a eu lieu.
§ Zoulikha Mahjoubi, arrêtée en octobre 1996 et torturée, privée de papiers d’identité, donc de passeport jusqu’en 1997. Ses cinq enfants Abdeljabar (15 ans), Sarra (14), Mootez (10) Abdessabour (8) et Chifaa (7ans) ont été privés de passeport jusqu’en 1997.
§ Hayet Boujaroub, et son enfant, épouse de Hassine Boujaroub, réfugié en Allemagne, arrêtée alors qu’elle tentait de fuir.
§ Abderraouf Chammari, frère d’un opposant exilé, Khemaïs Chammari, arrêté le 5 juillet 1999, et condamné à un an de prison ferme le 30 juillet, libéré le 31 août suite à une campagne d’opinion
§ Tahar Ghanmi, de Menzel Bourguiba (Nord), époux de la belle-sœur d’un détenu, Hachemi Mekki, arrêté et condamné à une année d’emprisonnement, puis renvoyé de son emploi et, depuis, interdit de tout travail.
§ Souad Charbati, épouse de Abdelaziz Bousnina, réfugié en Suisse, arrêtée en 1995 à la frontière libyenne, incarcérée jusqu’en juin 1999. Ses enfants  : Hamza (13 ans), Imen (12 ans), Kaouthar (10 ans), Sabrine (7 ans) ont été privés de passeport jusqu’en 1999, puis ont rejoint leur père en Suisse en novembre 99 au terme d’une séparation de huit ans. (voir plus haut). Libérée en 1999 suite à une campagne d’opinion, elle est placée sous contrôle administratif. Elle prend la fuite et parvient en Suisse en août 2000.
§ Rachida Ben Salem, épouse de Sghaïr M’Barek, réfugié en Hollande, et soeur de Kamel Matmati, disparu depuis son arrestation en 1991, arrêtée en 1997, à proximité de la frontière libyenne, elle a été condamnée à 2 ans et 3 mois d’emprisonnement, puis libérée en juin 1999, et placée sous contrôle administratif. Elle rejoint les siens en Hollande en 2000.
§ Radhia Aouididi, dont le fiancé, Ahmed Amri, est réfugié en France Arrêtée en 1997, alors qu’elle tentait de quitter le territoire tunisien, elle est écrouée et détenue jusqu’en juin 1999. Elle ne pourra rejoindre son fiancé qu’en 2000.
· Mohammed Aoudidi, dont le futur beau-frère est réfugié en France, arrêté en octobre 1998 jusqu’en février 1999.
Mohammed Abdelmoumen Amri, dont le frère est réfugié en France, arrêté en octobre 1998 et détenu jusqu’en février 1999.
§ Kheirredine Jarrar, demandeur d’asile en France depuis 1992, arrêté en avril 1995 à Malte, alors qu’il tentait de regrouper sa famille. Il a .été renvoyé en Tunisie où il a été incarcéré et condamné à 10 ans d’emprisonnement.
§ Mohammed Ali Bedoui, frère de l’opposant Moncef Marzouki, arrêté et emprisonné une première fois en 1994, a été condamné à nouveau à six mois d’emprisonnement ferme en janvier 1998, puis à six mois d’emprisonnement fermes le 11 mars 1999
§ Jamel Barakat, frère de Fayçal Barakat, mort sous la torture en 1991, arrêté une première fois et emprisonné pendant six mois en 1991, une seconde fois le 1er décembre 1998 et écroué. Il a été passé à tabac devant son domicile de Menzel Bouzelfa par des inconnus le 24 juillet 1999 puis arrêté à l’hôpital, inculpé et condamné à une peine d’un mois d’emprisonnement.
§ Hassen Trabelsi, de Menzel Bourguiba, voisin de Sabiha Tayyachi, (épouse du détenu Hachemi Mekki), arrêté, torturé et emprisonné en 1996 pour avoir aidé cette dernière à monter un atelier de couture.

III- L’Interdit professionnel

§ Boutheïna Tabib, épouse de Chawki Tabib, non recrutée comme responsable de jardins d’enfants.
§ Aoutef Ben Saad, veuve de Sohnoun Johri, mort en détention, dont le contrat en tant que médecin a été résilié en 1999.
§ Abbes Chourou, frère de Sadok Chourou, incarcéré, empêché de travailler. § Sabiha Tayyachi, de Menzel Bourguiba, épouse d’un détenu, Hachemi Mekki, harcelée entre 1991 et 1995, arrêtée et torturée en 1992, arrêtée en 1995, torturée à plusieurs reprises après 1995, condamné à deux ans et demi d’emprisonnement avec sursis en 1996 pour avoir ouvert un atelier de couture destiné à la survie de sa famille.
§ Khaled Mekki, de Menzel Bourguiba, frère d’un détenu, Hachemi Mekki, renvoyé de son travail et privé de tout autre emploi.
§ Talel et Houssam Moadda, fils de Mohammed Moadda, opposant condamné à plusieurs reprises, empêchés d’occuper un emploi depuis 1995.

IV- LE Harcèlement policier

Par ce terme, il faut entendre une série de mesures d’intimidation, qui peuvent aller de la simple filature à la torture, perpétrée sur la voie publique, au domicile des familles ou au poste de police, assorties, d’insultes, de menaces, d’appels téléphoniques anonymes, de "convocations" au poste de police, de descentes de police avec perquisition, sans mandat, de vol de document et d’argent, d’installation de la police au domicile de femmes isolées, d’interception du courrier, d’écoutes téléphoniques, d’agressions, de simulacres d’enlèvements ,de chantage, de sommation aite aux voisins ou aux parents, aux éventuels futurs employeurs, voire au banquier, d’isolement de la personne sous peine de représailles à leur encontre et d’appel à la délation.
§ Zohra Saadallah, épouse d’un exilé, descentes de police chez elle et interrogatoires entre1992 et 1997.
§ Mounia Daikh, épouse d’un exilé, descentes de police et interrogatoires jusqu’en 1997.
§ Samira Ben Nasr, épouse d’un exilé, descentes de police et interrogatoires musclés jusqu’en 1997.
§ Ouassila Mhamed, de Sousse, épouse d’un opposant recherché, Habib Ben Slama, descentes de polices nocturnes, interrogatoires assortis de menaces d’agression sexuelle entre 1991 et 1992.
§ Saïda Faten, épouse d’un exilé, interrogatoires. § Wassila Soltani, du Kef, épouse d’un exilé, descentes de police, interrogatoires entre 1990 et 1993.
§ Naziha Ben Romdhane, épouse d’un exilé, descentes de polices, interrogatoires musclés.
§ Zoulikha Mahjoubi, épouse d’un exilé, descentes de polices, arrestations, torture en 1996.
§ Hayet Nahdi, de Den-Den (banlieue de Tunis), épouse d’un exilé, descentes de police, questionnaires, interrogatoires des enfants.
§ Jalila Mansouri, de Bouhajla (Kairouan), épouse d’un exilé, interrogatoires, torture.
§ Zohra Hadiji, épouse d’un exilé, descentes de police, violences sexuelles, interruption des relations téléphoniques et épistolaires et surveillance.
§ Rim Ksila, fille de Khemaïs Ksila, détenu, agressée par une voiture devant son école le 12 février 1998.
§ Nadia (17 ans) et Oussaïma (11 ans), filles de Radhia Nasraoui, avocate, et d’un opposant détenu, Hamma Hammami, filature et intimidation en 1999.
§ Ramla Farsadou, de Tunis, épouse et soeur de prisonniers, convocations au poste de police.
§ Khadija Ben Ounis, de Qalaa Sghira (Sahel), mère d’un exilé, coupure des relations épistolaires jusqu’en 1999.
§ Emna Najar, épouse de Sadok Chourou, incarcéré, harcelée depuis 1991, installation de la police à son domicile, isolement de tous les membres de la famille qui sont soumis à leur tour à des pressions.
§ Farhat Marouani, de Sedjoumi (banlieue de Tunis), parent d’un opposant détenu, Hamma Hammami, descente de police musclée à son domicile le 3 septembre 1999.
§ Hédi Marouani, de Sedjoumi, parent d’un opposant détenu, Hamma Hammami, descente de police musclée à son domicile le 3 septembre 1999.
§ Ali Kefi, de Sedjoumi, parent d’un opposant détenu, Hamma Hammami, descente de police musclée à son domicile le 3 septembre 1999.
§ Thili Labidi, de Tunis, parent d’un opposant détenu, Hamma Hammami, descente de police musclée à son domicile, assortie d’un passage à tabac des membres de la famille le 5 septembre 1999.
§ Sahbi Mhamdi, de Fouchana, parent d’un opposant détenu, Hamma Hammami, descente de police musclée à son domicile, intimidation de sa famille, coupure des lignes téléphoniques le 7 septembre 1999.
§ Azza Ben Brik, d’El Menzah, épouse de Taoufik Ben Brik, et ses deux enfants (4 ans et 2 ans), agressés par des jets de pierre, sur la voie publique, le 4 mai 1999, dont la voiture a été saccagée, le 23 novembre 2001.
§ Gilda Khiari, 75 ans, mère d’un opposant, Sadri Khiari, coupure de la ligne téléphonique en 1999, porte de son domicile défoncée le 23 décembre 2001.
§ Khemaïs Mejri, beau-frère du journaliste, Taoufik Ben Brik, agressé devant son domicile le 11 octobre 1999.
§ Saïda Mejri épouse de Khemaïs Mejri, et ses fillettes, Rim (12 ans) et Nour (7 ans), respectivement soeur et nièces du journaliste, Taoufik Ben Brik, agressées, battues publiquement dans leur quartier le 12 octobre 1999. Khemaïs Mejri et son épouse n’ont pu porter plainte mais ont fait l’objet de poursuites judiciaires suite à une plainte portée contre eux.
§ Saïda Zoghlami Ben Brik, soeur du journaliste, Tawfik Ben Brik, dont la voiture a été saccagée par des "inconnus" devant son domicile le 22 décembre 2001.
§ Zohra Ben Saada, de Bizerte, mère d’un exilé, Abderraouf Mejri, interruptiondesrelations épistolaires et téléphoniques, installation de la police à son domicile jusqu’en 1999.
§ Fadhila Moadda, de Tunis, épouse d’un opposant Mohammed Moada, malade, coupure des relations téléphoniques jusqu’en décembre 1999. Entraves arbitraires au bénéfice des allocations de la CNRPS (soins et maladie). Privation de couverture sociale entre novembre 1995 et janvier 2002.
§ Nouba Kchouk, veuve d’Abderrezak Barbria, de Bizerte, ex-détenu décédé officiellement le 29 novembre 1997 dans des conditions jamais élucidées alors qu’il faisait lui même l’objet d’un contrôle administratif assorti d’un harcèlement policier intense. Interruption de tous les contacts avec l’extérieur depuis le décès de son mari.
§ Ghazala Hannachi, de Jendouba, mère d’une personne recherchée, décédée le 5 septembre 1997 suite à une descente de police à son domicile.
§ Sadok, Zoubeïda, Ridha et Hazem Bouali, respectivement père, mère et frère de Rochdy, réfugié en France, descentes de polices, violences, questionnaires, jusqu’en 2000.
§ Oussama Ben Salem, de Sfax, fils de l’ex-détenu Moncef Ben Salem, expulsé de son logement suite à des pressions policières sur le propriétaire.
§ Mejdeddine Ben Mohammed, 21 ans, étudiant en 2 ème année informatique à Sfax, fils de l’ex-détenu Ali Ben Mohammed (dit Ali Sghir) privé d’aide sociale.
§ Doraïd, Hana et Mansour Sassi, de Lamta (Sahel), respectivement, enfants et frère de Mohammed Hedi Sassi, détenu. Son frère sera détenu deux jours fin 93.
§ Sondes Jerrou, de Moknine (Sahel), 20 ans, lycéenne, épouse d’un ex-détenu, Chbil Jellad, empêchée de poursuivre ses études en 1998.
§ Baya Dridi, de Mateur (Nord), belle mère d’un opposant recherché, Tawfik Fatnassi, âgée de 62 ans, arrêtée, torturée en 1995.
§ Mounia Dridi, Essia Dridi, Saleha Fatnassi, de Mateur ( nord), belle-sœur d’un opposant recherché, Tawfik Fatnassi, arrêtées et torturées en 1995
§ Lotfi Fatnassi, frère d’un opposant recherché, arrêté et harcelé pendant 4 ans, arrêté le jour de son mariage, transféré à Bizerte puis à Bouchoucha (banlieue de Tunis) , torturé en 1995.
· Mounira Dridi, de Mateur, épouse d’un détenu, Tawfik Fatnassi, privée de ressources, interdite de visites, de soins, harcelée.
· Hamed Dridi, 11 ans, et Salsabil, 8 ans, de Mateur, enfants d’un détenu, Tawfik Fatnassi, interdits de soins médicaux.
· Hamed, Dhoha, Hiba, de Menzel Bourguiba (nord), enfants d’un opposant recherché, Hachemi Mekki, harcelés, objets d’une filature policière de 1991 à 1995.
· Habiba Bejaoui, de Menzel Bourguiba, belle-mère d’un opposant recherché, Hachemi Mekki, rouée de coups.
§ Mabrouka Tayyachi, de Menzel Bourguiba, épouse d’un opposant en fuite, Ibrahim Dridi, descentes de polices, coups, entre 1991 et 1995, arrestation et torture en 1995.
§ Mounia Ghanmi, de Menzel Bourguiba, cousine d’un opposant en fuite, Ibrahim Dridi et épouse d’un détenu, Jalel Kalboussi, arrêtée en 1995.
§ Hayet Bejaoui, de Menzel Bourguiba, épouse d’un détenu en fuite, Nasr Bel Haj Salah, descentes de polices avec vols des bijoux à partir de 1990, arrestation en 1995 et torture, vols d’argent en 1995.
§ Nidhal, 15 ans, fils du détenu Nasr Bel Haj Salah, assiste au harcèlement de sa mère, harcelé lui-même depuis 90, ne peut soigner ses troubles psychiques du fait du manque de moyens de la famille, pillée par la police et du fait de la privation d’une carte de soins.
§ Ammar Slimani, de Menzel Bourguiba, beau-père d’un opposant en fuite, Nasr Bel Haj Salah, arrêté et torturé en 95
§ Mohammed Adouani, de Menzel Bourguiba, frère d’un opposant en fuite, Nasr Bel Haj Salah, interrogé et roué de coups
§ Fouzia Adouani, de Menzel Bourguiba, soeur d’un opposant en fuite, Nasr Bel Haj Salah, et épouse de l’opposant Azzedine Zouaghi, arrêtée en 95 et torturée atrocement alors qu’elle était enceinte.
§ Madame Amroussia, épouse d’un opposant détenu, Ammar Amroussia, et ses filles, Maha, Nada et Aïda, interrogées par la police jusqu’en 1999.
§ Moncef Amroussia et Hedi Amroussia, oncles d’un opposant détenu, Ammar Amroussia, interrogés.
§ Bassem Amroussia, cousin d’un opposant détenu, Ammar Amroussia, refusé à l’académie en 1999.
§ Samih Amroussia, frère d’un opposant détenu, Ammar Amroussia, agressé et détenu huit jours en 1996.
§ Fatma Ksila, épouse de Khemaïs Ksila, détenu, privée, de 1997 à 2000, de couverture sociale depuis 1995.
§ Layla Asmaï, fille d’un ex-détenu en exil, Ali Asmaï, interrogée dans les locaux de la Direction de la Sûreté de l’Etat à Tunis, le 24 octobre 2001, et pressée de collaborer.
§ Nejib Zoghlami, frère de l’opposant Jalel Zoghlami, interpellé au cours de l’été 2001.
§ Hazem Bouali, de El Ouardia, frère de deux ex-détenus d’opinion en exil, Ruchdy et Ridha Bouali, arrêté et détenu à Bouchoucha en décembre 2001, puis relâché sans charges, mais menacé.
§ Sadok Bouali, de El Ouardia, père de deux ex détenus d’opinion en exil, Ruchdy et Ridha Bouali, convoqué à trois reprises en octobre et décembre 2001 dans les locaux de la police.
§ Najoua Rezgui, épouse d’un opposant détenu, Abdeljabbar Madouri, harcelée depuis 1998, et interpellée à plusieurs reprises, agressée physiquement.

V- la Privation de papiers d’identité

Des personnes se sont vues retirer ou refuser leur carte d’identité. De ce fait, elles ne peuvent exercer leur droit de visite en prison, demander l’établissement un passeport ou faire valoir leurs droits civils ou sociaux.
§ Radhia Aouididi, soeur d’un exilé, Nourredine Aouididi, n’a pu passer son baccalauréat (voir plus haut)
§ Hajer Chourou de Ben Arous (banlieue de Tunis), dont le père Sadoq Chourou est incarcéré. Et dont la mère est victime de harcèlement policier.
§ Zoulikha Mahjoubi, de Jendouba, entre 1992 et 1997, dont le mari, Mouldi Gharbi, est en exil en France.
§ Souad Saïdani, de Tunis, épouse de Brahim Saïdani, incarcéré.

Vi- l’ Incitation au divorce
(En amont de cette mesure, on pourrait aussi évoquer le harcèlement policier décrit plus haut perpétré à la seule fin d’empêcher des hommes ou des femmes d’épouser des proches d’opposants).
Comme toutes les formes de harcèlement, celle-ci peut être combinée aux précédentes. Ainsi, une femme de la région de Kairaoun, qui a préféré garder l’anonymat, dont le conjoint est condamné à une lourde peine d’emprisonnemen . Mère de plusieurs enfants, elle a été mise en demeure par la police de choisir entre son emploi et son mari. Elle a dû abandonner son emploi pour ne pas perdre son mari et vit depuis des années dans le dénuement.
L’incitation au divorce sous la terreur est une pratique dirigée essentiellement à l’encontre les femmes :

§ Fathia Mazigh, épouse d’un exilé, divorce non demandé.
§ Samira Ben Salah, procédure entamée et annulée en 1996.
§ Zohra Hadiji, divorce prononcé en 1996.
§ Aïcha Ben Mansour, épouse d’un exilé, divorce prononcé en 1994.
§ Kheria Chahbania, épouse d’un exilé, demande de divorce refusé par le juge en 1996.
§ Sabah Gasmi, divorce non demandé, épouse d’Abessatar Gasmi, incarcéré depuis août 1998.
§ Sabiha Tayyachi, de Menzel Bourguiba, épouse de Hachemi Mekki, détenu, à partir de 95, divorce non demandé.
§ Madame Neffati, de Menzel Jemil (Cap-Bon), épouse de Ali Neffati, à l’époque condamné par contumace, divorce prononcé en 1993.
§ Naïma Aouinia, de Sidi Bouzid (Centre-ouest), divorce demandé en 1994.
§ Dorra Ayadi, de Jendouba, dont le mari Abdellatif Oueslati, était alors incarcéré, divorce prononcé en 97.
§ Madame Ellouze de Sfax, dont le mari, Habib Ellouze, est incarcéré, divorce non demandé.
§ Naziha Guatri, incarcérée en 94 et dont le mari a demandé le divorce en 96.
§ Souad Boukhris, de Tunis, épouse d’Abdelwahab Boukhris, recherché par la police, divorce non demandé.
§ Madame Amroussia, de Gafsa, épouse d’Ammar Amroussia, recherché par la police, divorce non demandé.

VII- La diffamation

La diffamation, toujours des ragots à connotations sexuelles, est un moyen d’intimidation largement utilisé contre les opposants au régime, qui s’est étendu à leurs proches, notamment leurs épouses voire leurs belle-sœurs. Il est le fait de certains organes de presse, mais aussi de bulletins anonymes diffusés hors de Tunisie en français ou en arabe. La liste qui suit ne mentionne que quelques victimes parmi les plus récentes :

§ Radhia Aouididi, soeur d’un exilé, diffamée par l’hedomadaire " Réalités " en janvier 1997 (voir plus haut).
§ Mme Manaï, épouse d’un réfugié, Ahmed Manaï, diffamée par le bulletin anonyme "Les Masques " du 14 mars 97.
§ Mme Jendoubi, épouse de Kamel Jendoubi, en exil, diffamée par le bulletin anonyme "Les Masques " le 21 mars 97.
§ Alya Cherif Chammari, épouse d’un exilé, Khemaïs Chammari, diffamée par le bulletin anonyme " Akhbar El Mouflissine " en juillet 1998 et par l’hébdomadaire « Al Hadath ».
§ Sawsan Mokni, épouse d’un réfugié, Habib Mokni, diffamée par le bulletin anonyme "El Aqni’a" du 23 novembre 1998.
§ Emna Najar, épouse de Sadok Chourou, détenu (voir plus haut), diffamée par le bulletin anonyme " El Aqni’a " le 23 novembre 1998.
§ Samira Karker, épouse d’un réfugié, Salah Karkar, diffamée par le bulletin anonyme "Akhbar el Muflissine " en octobre 1998 et en mars 1999.

VIII- LA Privation de passeport :

La privation de passeport constitue une atteinte directe au droit de vivre en famille quand elle empêche des parents d’exilés de rejoindre ces derniers. Elle est aussi une mesure de représailles qui a privé des émigrés en Europe et de passage en Tunisie, parents d’opposants, de retourner dans leur pays d’émigration. Enfin, c’est une mesure de rétorsion pure et simple dans le cas des parents d’opposants vivant en Tunisie.

1. Les enfants

§ Les enfants de Ali Khelifi et Selma Sbissi, réfugiés en France, Abdallah, Tahar, Abderraouf, Mohammed, Behija, Abbes, ont été privés de passeport entre 1993 et 1997.
§ Hamza (7ans), fils de Adel Zarrouk, incarcéré, entre 1994 et 1998.
§ Oussama, de Sfax, fils majeur de Moncef Ben Salem, ancien détenu.
§ Nadia (17 ans) et Oussaïma (11 ans), filles d’un opposant détenu, Hamma Hammami, privées de leurs passeports jusqu’en 2000.
§ Ghofrane (8 ans) et Alaïeddine (7 ans), enfants de Mokhtar Fatnassi et Mounira Jendoubi, réfugiés en France, à partir de 1997 (voir plus haut)
§ Hamza, Imen, Kaouthar, Sabrine, enfants (entre 13 et 7 ans) de Souad Charbati, sous contrôle administratif et de Abdelaziz Bousnina, réfugié en Suisse, entre 1995 et 1999.
§ Ismaïl, 1 an, enfant de Abdessatar Gasmi, détenu, et de Sabah Gasmi, de nationalité libyenne, entre 1998 et 2000.
§ Youssef, 4 ans, enfant d’un couple d’opposants, Jalel Zoghlami et Ahlem Belhaj.

2. L’épouse et les enfants

§ Samira Ben Salah et ses quatre filles, Ibtihel (15 ans), Jihed (12 ans), Sarra (14 ans), Sana (8 ans), entre 1993 et 1996, dont le mari et père, Hedi Timoumi, est réfugié en Allemagne.
§ Samira Ben Nasr, de Bizerte et ses filles mineures, Chaïma et Khaoula, entre 1992 et 1997, dont le mari Nourreddine Ben Saïd, est réfugié en France.
§ Saïda Faten, de Tunis et ses enfants mineurs, Khabeb, Yosra, Baraa, Mortadha, jusqu’en 1997, dont le mari Tahar Hasni, est réfugié en France.
§ Fathia Mezigh, de Tataouine et ses enfants Saïda (16 ans), Youssef (14 ans) Asma (13 ans), Oussama (11 ans), Dhoha (7 ans), entre 1993 et 1997, dont le mari Salem Dbira est réfugié en France.
§ Nedjma Ben Mokhtar Drissi et ses enfants Mohammed Amin (18 ans), Fatma (16 ans), Khaoula (14 ans), Abderrahmane (13 ans), Hamza (10 ans) entre 1992 et 1997, dont le mari Bechir Ben El Hadj, est réfugié en France.
§ Zoulikha Mahjoubi et ses enfants, Mooez, Abduljabar, Sarra, Abdessabour, Chifaa (mineurs), privés de passeport jusqu’en 1997.
§ Naziha Ben Romdhane, de Gabès et sa fille Asma, entre 1992 et 1997, dont le mari Mohamed Hedi Bessid, est réfugié en France (voir plus haut).
§ Sarra Ben Salem, de Monastir et sa fille Meryem (7 ans), entre 1993 et 1997, dont le mari Hichem Bechir est réfugié en France. Hichem Béchir n’a connu sa fille qu’en 1997 à l’âge de 6 ans.
§ Jalila Mansouri, de Bouhajla, (voir plus haut) et ses enfants Makram (20 ans), Mounira (18 ans), Mohammed Ali (16 ans), Asma (12 ans), Wafa (10 ans), Abdelmoumen (8 ans) privés de passeport entre 92 et 97, dont le mari Boubaker Ziraoui, est réfugié en France.
§ Naziha Ben Aïssa, de Sfax, entre 1993 et 1997, dont le mari, Moncef Zid, est réfugié en France.
§ Hayet Nahdi de Den Den et ses filles, Tasnim (15 ans), Sarra (13 ans), Asma (9 ans), privées de passeport entre 1992 et 1997, dont le mari Mohamed Salah Nahdi est réfugié en France.
§ Leïla Ben Zina, de Kalaa Kbira et ses enfants, Brahim (17 ans), Asma (14 ans), Adel (11 ans), Hamza (7) dont le mari, Hedi El Jounaïdi, est réfugié en France.
§ Aïcha Ben Mansour, de Sfax et son fils Moujahed (7 ans), privés de passeport entre 1994 et 1998 dont le mari et père, Abdessalam Belgacem, est réfugié en Nouvelle-Zélande. Il a connu son fils en décembre 1998.
§ Turkia Hammadi, de Souq el Ahad, et ses filles, entre 1996 et 1997, dont le mari Fadhel Beda, est réfugié en France.
§ Aïcha Dhaouadi, de Bizerte et sa fille, privée de passeport entre 1995 et 1997, dont le mari Mohamed Hédi Kefi, est réfugié en France.
§ Zohra Hadiji, de Tunis, et ses filles, Soumaya (21 ans), Bouthaïna (19 ans), Amina (11 ans), après 1991, dont le mari Mohamed Jamil Alila, est réfugié en Autriche.
§ Kheria Chahbania, de Médenine, ses enfants, Intissar (17 ans), Abdelafidh (13ans), Ayadi (12 ans), privés de passeport entre 1996 et 1998, dont le mari, Ahmed Ouerghemi, est demandeur d’asile en France.
§ Ramla Farsadou, de Tunis, dont le mari, Adel Zarrouk, et le frère, Mustapha Farsadou, sont incarcérés .
§ Thouraya Hosni, du Kef, dont le mari, Nejib Hosni, a été incarcéré à plusieurs reprises entre 1994 et 2001, privée de passeport depuis 1996.
§ Rachida Ben Salem, de Gabès (sud ouest), et ses filles, dont le mari, Sghraïer Ben M’barek, est exilé en Hollande et dont le frère, Kamel Matmati, a disparu depuis son arrestation en 1991, privée de passeport jusqu’en 2000.
§ Souad Charbati, et ses enfants (voir plus haut) n’a jamais récupéré son passeport et a quitté le pays par ses propres moyens en 2000.

3. Les mères

§ Khadija Ben Ounis (66 ans), de Kalaa Sghira (Sahel), entre 1994 et 1999, dont le fils, Belkacem, est réfugié en France (voir plus haut).
§ Zohra Ben Saada (77 ans), de Zarzouna (Nord), dont le fils, Abderraouf, est réfugié en France (voir plus haut) entre 1996 et 1999,
§ Oumsaad Aouididi (68 ans), de Sfax, privée de passeport depuis 1997, dont le fils, Nourredine, est réfugié en Grande-Bretagne. (voir plus haut)
§ Zoubeïda Bouali, de Dubosville, dont le fils, Ruchdi, est réfugié en France (voir plus haut) jusqu’en 2000.
§ Bechira Larayedh, (65 ans) de Médenine, dont un fils, Ali, est incarcéré, et dont un autre fils, Ameur, est réfugié en France.
§ Habiba Ajimi, (52 ans) de Deggache, dont la fille, Sihem, est réfugiée en France, entre 1997 et 2000.
§ Aziza Soltani, (77ans), de Dahmani, depuis 1995, dont le fils réside en France. Madame Soltani est décédée en 1999 sans avoir revu les siens.
§ Fatma Boustanji, (68 ans), de Saïda, dont le fils, Mounir, est réfugié en France, entre 1993 et 2000.

4. Les pères

§ Ahmed Boubahri (78 ans), de Ghomrassen, dont le fils, Tahar, est réfugié en France, privé de passeport jusqu’en 1999.
§ Mohammed Nagaoui (80 ans), de Mellassine, entre 95 et 99, dont le fils Zouhaïer est exilé.
§ Abdelkrim Hamrouni (62 ans), depuis 95, dont deux fils, Hatem et Nabil, étaient incarcérés jusqu’en novembre 1999, et dont le fils Tawfiq est réfugié en Allemagne.
§ Mohammed Tahar Badi (54 ans), de Deggache, dont la fille, Sihem, est réfugiée en France, privé de passeport de 1997 à 2000.

5. Les frères

§ Sassi Ennaes, émigré en France, privé de son passeport lors d’un retour en Tunisie en 1992, dont le frère, Fathi Ennaes, était en exil. Il ne pourra jamais, jusqu’à son décès accidentel, retourner en France (voir plus haut).
§ Noureddine Boubahri, émigré vivant en France, souffrant d’une pathologie lourde, et dont le frère, Tahar Boubahri, est réfugié en France, privé de son passeport lors d’un séjour en Tunisie. Ne pouvant reprendre son traitement, il décède à Tunis .

6.. Les sœurs

Afifa Makhlouf, résidente en France, dont le frère Bouraoui condamné à l’emprisonnement à perpétuité est détenu en Tunisie, est toujours privée de passeport.
Les cas de mères, pères et frères, sœurs, privés de passeports n’ont été cités qu’à titre d’exemples. Ils se chiffrent évidemment par milliers, d’autant que les Consulats de Tunisie de par le monde pratiquent, par rétorsion, la même méthode à l’égard de familles entières d’émigrés ou d’étudiant.

IX- L’Interdiction de quitter le pays

(ou empêchement d’embarquer d’une personne munie de ses documents de voyage)
Comme la privation de passeport, cette mesure vise à faire obstruction au regroupement de familles en exil, ou constitue une mesure de rétorsion pure et simple contre les parents de militants.
· Turkia Hammadi, déjà citée, empêchée de partir le 23 juin 1997.
Auparavant elle avait été arrêtée et condamnée à 6 mois de prison. Elle est en France depuis juin 1997.
· Zayed Ksila, 11 ans, fils de Khemaïs Ksila, détenu, empêché d’embarquer le 16 mars 1999.

X- l’Interdiction de porter assistance

Dans cette rubrique, sont abordées des situations diverses : celle de personnes suppliant leurs proches, suite à la terreur policière, de ne pas leur envoyer par quelque moyen que ce soit une aide matérielle ; celles de personnes qui ont été incriminées et écrouées pour avoir reçu quelques dinar et d’autres qui ont été emprisonnées pour avoir aidé des familles en difficulté.
§ Nedjma Ben Mokhtar Drissi, dont la cousine, Latifa Drissi, actuellement sous contrôle administratif, avait été arrêtée et condamnée à 5 ans d’emprisonnement pour avoir tenté d’aider la famille.
§ Khadija Ben Ounis, a refusé toute aide par crainte de représailles pendant des années (voir plus haut).
§ Radhia Aouididi, emprisonnée depuis 1997 et condamnée à 3 ans et demi de prison, interpellation en octobre 1998 de la mère, du frère et du frère de son fiancé pour avoir reçu de l’argent destiné à aider la famille, inculpation non retenue (voir plus haut).
§ Souad Charbati, n’a pu, à plusieurs reprises, recevoir les mandats envoyés à la prison par son mari en exil (voir plus haut).
§ Les quatre enfants de Mahjouba Boukhris, libérée en novembre 1999, et de Sahbi Ben Gaïd Hassine, incarcéré, de Zarzouna. Les proches ont été dissuadés de les prendre en charge. L’aînée, bien qu’en âge d’aller à l’école, a dû travailler pour subvenir à leurs besoins.
§ Emna Najar, refuse toute aide par crainte de représailles.
§ Sahbi Ben Gaïed Hassine, incarcéré, dont l’épouse était elle-même incarcérée jusqu’en novembre 1999 : ses frères se sont vus interdire de lui rendre visite en prison.
§ Somayya (16 ans) et Chamseddine (13 ans), enfants de Nouba Kchouk, de Bizerte, veuve d’Abderrezak Barbria, décédé le 29 novembre 1997 (date officielle) dans des conditions jamais élucidées alors qu’il était l’objet d’un harcèlement policier. Depuis lors, Madame Kchouk s’est vu interdire tout contact avec l’extérieur et ne peut faire face à ses difficultés matérielles et morales, l’un des deux enfants étant handicapé.
§ Les sept enfants de Mohammed Hedi Chbab, orphelins de leur mère, et dont le père a été incarcéré entre 92 et 98. La nouvelle épouse de ce dernier a été obligée de quitter le domicile familial pendant toute la période d’incarcération du mari et d’abandonner les enfants (voir plus haut).

Conclusions et recommandations

Le Comité demande :

- Que tous ces problèmes d’abus de pouvoir qui mettent des familles dans une situation désespérée soient pris en compte par la communauté internationale

- Que cette dernière exige des autorités tunisiennes une solution immédiate pour tous les cas cités et non encore résolus.

- Que cesse l’impunité actuelle de tous les responsables de tortures et de violences sexuelles. Cette impunité favorise la poursuite de ces actes immondes.

- Que les personnels de police responsables de ces abus de pouvoir, particulièrement du harcèlement, des agressions sexuelles, de l’occupation des domiciles etc., …soient immédiatement jugés et que des enquêtes soient menées au sujet des conditions de décès de Fayçal Barakat, Abderrezak Barbria, Ghazala Hannachi, Nourreddine Boubahri.

Dans les pays d’exil :

- Que les procédures d’attribution du statut de réfugié respectent les délais.

- Que les persécutions subies au titre de l’engagement ou de l’activité d’un proche soient reconnues comme ouvrant le droit à une protection au titre de la convention de Genève.

- Que les procédures de regroupement familial soient accélérées.

- Que la privation de passeport ne soit pas un obstacle au séjour.

- Que des structures d’aide et de soins aux victimes de la torture et de la répression prennent en charge, sur place ou en exil, le suivi de ces personnes, souvent très affectées.

- Que le Consulat de France en Tunisie délivre un visa à Hedi et Fatma Dhaouadi.

Paris, avril 2002.
Témoignages

Extraits traduits de l’arabe :

Hayet Bejaoui

(...) Je suis l’épouse de Nasr Bel Hajj Salah, âgé de 42 ans, ancien employé de la cimenterie de Bizerte, nous avons deux enfants, Nidhal, 15 ans et Jihad, 12 ans (...) Mon mari a été condamné à 23 ans d’emprisonnement par la Cour d’Appel de Tunis pour appartenance à une organisation non reconnue et il est actuellement détenu à la prison civile de Tunis sous le matricule 4442 (...). Le district de police de Bizerte et la brigade de la Sûreté de l’Etat ont pris plusieurs mesures pour faire pression sur nous et obliger mon mari à se rendre.
Mon logement a été investi à plusieurs reprises entre 1990 et 1995. Les mudahamat survenaient à tout moment. Ma maison était fouillée et j’étais menacée d’emprisonnement si je ne disais pas où se trouvait mon mari. Comme ils ont compris que cette simple méthode ne les mènerait nulle part, je fus convoquée au district de Bizerte et au poste de Menzel Bourguiba et en 1992 on m’a dépouillée de mes bijoux : lors d’une perquisition à mon domicile et d’une fouille du mobilier, ils ont trouvé mes bagues et les ont prises, de même que j’ai été convoquée pour savoir s’il m’arrivait de rencontrer mon mari, si je recevais des visites, si on m’aidait matériellement. Au district, ils m’ont littéralement séquestrée pour la journée, je n’en suis sortie qu’à dix heures le soir.
Ensuite ils s’en sont pris aux proches de mon mari, à ses amis qu’ils ont torturés, et ce, en 1995. Le domicile de mon père à Menzel Bourguiba a été investi, mon frère, Ammar Slimani, a été arrêté et frappé. Ils lui ont cassé des dents, tout ceci dans les locaux du district de Bizerte en 1995. Puis cela a été le tour de mon beau père dont le domicile a été investi. Le frère de mon mari, Mohammed Adouani, a été arrêté emmené au district où il a subi des violences, et ce toujours pour savoir où se trouvait mon mari. Ensuite ils s’en sont pris à l’ensemble de la famille.
Cela s’est produit fin juin 1995, lorsqu’ils ont arrêté les personnes qui avaient été jugées en même temps que mon mari. La brigade de renseignements de la rue du 18 janvier à Tunis m’a arrêtée, emmenée à Tunis, frappée, humiliée ; ils ont arraché mon voile et ne m’ont relâchée qu’à six heures du soir. Le 5 juillet, le frère de mon mari et moi-même avons été détenus une journée entière au district de Bizerte, jusqu’à six heures du soir. Le même jour, la soeur de mon mari, Fawzia Adouani, alors enceinte, mariée à Azzeddine Zouaghi, a été détenue et tellement torturée que nous avions du mal à la reconnaître quand elle a été relâchée. Trois jours plus tard, une brigade dépendant de la Sûreté de l’Etat (dont j’ai reconnu deux membres relevant de la brigade de Bouketfa de Bizerte, Mourad et Tarek), a fouillé mon domicile, le mobilier et ont pris la somme de 400 dinars, puis nous ont fait savoir qu’ils resteraient chez nous. Ils ont effrayé mes enfants, et interdit à la grand mère , Khdija et aux sœurs de mon mari, Fawzia et Mahjouba, de sortir, sans compter leurs provocations et leurs insultes et leurs grossièretés. Tout ceci a abouti à ce que mon mari se rende le 9 juillet 1995. (...)
Après l’incarcération de mon mari, j’ai été convoquée au poste de Bouketfa à des fins d’enquête et de contrôle. Car j’ai ouvert un magasin de prêt à porter et ils voulaient savoir qui m’avait aider à réaliser ce projet. Ils m’ont harcelée pour que j’accepte de collaborer avec eux.
Du fait que mes enfants atteignaient la période de l’adolescence et que nos proches avaient peur de nous rendre visite et du fait aussi de l’absence du père, mes enfants ont souffert de troubles psychologiques (...), surtout mon fils Nidhal, malade au plan physique et psychologique. J’aurais voulu lui faire consulter un médecin, mais je n’en avais pas les moyens, et je n’avais pas droit à la gratuité des soins (...)

Menzel Bourguiba, 25 octobre 2000

Mabrouka Tayyachi

(...) Je suis l’épouse d’Ibrahim Dridi, commerçant, condamné à 59 ans et deux mois d’emprisonnement par la Cour d’Appel de Tunis pour appartenance au mouvement de la Nahdha et autres charges, âgé de 37 ans et père d’Amel, 11ans, et de Nasreddine, 9 ans. Il est actuellement détenu à Mehdia.
L’appartenance de mon mari à la Nahdha était connue et à chaque période de tension entre ce mouvement et le pouvoir, il était poursuivi. En 1991, il a été recherché et les équipes de différents corps de police ont pris des mesures illégales pour faire pression sur sa famille et ses proches afin que ces derniers indiquent sa planque. La police de Menzel Bourguiba et celle du poste de Boukefta, ainsi que la Sûreté de Tunis pénétraient dans mon domicile avec une haine et une agressivité terribles à mon égard et à celui de mes enfants. Ils fouillaient les meubles et cassaient tout : les armoires, les lits, la vaisselle. Ils nous terrorisaient, surtout les enfants, en disant des grossièretés et en nous menaçant d’emprisonnement et d’arrestation si nous ne disions pas où se trouvait mon mari. Lorsqu’ils comprirent que cela était vain, ils passèrent à la seconde phase, à la violence physique. Ils me frappèrent devant mes enfants et me firent si peur que ma fille se prostra et se cacha les yeux. (...) Ces mudahamat se poursuivirent jusqu’en 1995 où le harcèlement connut son apogée.
Monia Ghanmi, la cousine de mon mari, et elle même épouse du prisonnier Jalal Kalboussi fut arrêtée le 21 juin 1995. Lors de la même nuit vers deux ou trois heures du matin, une brigade de la Sûreté de l’Etat pénétra chez moi, m’arrêta et m’emmena au local des Renseignements. J’ai été frappée, dépouillée de mon voile et menacée d’emprisonnementsije ne disais pas où setrouvait Ibrahim. Ma détention a duré jusqu’à dix heures du matin.
Lors de la mudahama, ils avaient démoli les murs pour trouver des armes, mais ils n’avaient rien trouvé. (...) Alors ils s’en sont pris à mes vieux beaux parents (...) notamment à Zohra Dridi, qui habite avec moi, mais à un autre étage. (...)

Menzel Bourguiba, 28 octobre 2000

Sabiha Tayyachi

(...) Je suis l’épouse de Hachemi Mekki, né en 1958, ancien magasinier, condamné à 31 ans d’emprisonnement pour appartenance à une organisation non reconnue. Nous avons trois enfants, Doha, 15 ans, Hamed, 13 ans, Habba, 12 ans. Nos épreuves ont commencé en 1991. Plusieurs brigades policières du district de Bizerte, du poste de Menzel Bourguiba et du ministère de l’Intérieur ont attaqué ma maison pour attraper mon mari. Cela s’est terminé par son arrestation et son incarcération. Quant à nous, ses proches, nous avons été frappés d’interdit professionnel, privés de sécurité (...). Je vous livre ici le récit de la terreur qu’a vécue sa famille.
A la fin du mois de septembre 1991, les brigades sus mentionnées ont investi la maison à la recherche de mon mari. En vain. Alors ils ont fouillé le mobilier, emporté une somme de 50 dinars, des habits neufs de mon mari et quelques bijoux qui m’appartenaient sans compter les insultes, les grossièretés, les provocations et la menace de nous jeter en prison si nous n’indiquions pas où il se trouvait. Au terme d’une semaine, ils sont revenus pour le même motif, dans la journée, et comme je ne répondais pas, ils ont pointé leurs armes sur moi, devant mes enfants, qui n’ont jamais oublié cette scène depuis.
Deux mois plus tard, deux agents en civil du district de Bizerte se sont présentés. L’un s’appelle "Zyad" et l’autre a exercé après ma détention en tant que chef du poste du quartier de Najah à Menzel Bourguiba en 92. Ils m’ont arrêtée et m’ont menacée de poursuites si je ne les aidais pas à retrouver mon mari. Comme à l’accoutumée, ils m’ont frappée, humiliée, et je n’ai été libérée que tard dans la nuit.
Mes enfants aussi n’ont pas été épargnés. Ils les suivaient jusqu’à leur école. Ils avaient peur et vivaient en totale insécurité que ce soit à la maison à l’école ou dans la rue.
Les mudahamat ont duré cinq ans au rythme de deux à trois fois par mois. Puis la pression sur nous s’est intensifiée.
Il y a eu un regain de violence lors des descentes de police des trois brigades : le lit cassé, le sommier éventré et dispersé morceau par morceau. Les membres de la familles n’étaient pas épargnés non plus. Ma mère, a reçu des coups de pieds, des gifles... Mes enfants ont été menacés d’emprisonnement s’ils ne parlaient pas, puis on leur a promis du chocolat... Le 21 juin 1995, j’ai été emmenée au district de Bizerte, mais la police est restée chez moi et a interdit à ma mère, ma soeur et à mes enfants de sortir. Mes enfants ont été empêchés de se rendre à l’école et de passer les examens de fin d’année.
Mon père était alors âgé de 75 ans (...). Si la police ne nous trouvait pas, moi ou ma soeur Mabrouka, l’épouse du prisonnier Ibrahim Dridi, elle s’en prenait à lui, investissait sa maison. Il était rossé et insulté, sans aucun égard pour son grand âge, puis ils se vengeaient en l’emmenant en dehors de la ville, en lui ordonnant de creuser un trou dans le sable puis l’abandonnaient à son sort. Il devait rentrer à pied. Le 21 juin, mon père est venu me voir et m’a dit que ma soeur avait été arrêtée. Il voulait que je m’occupe de ses enfants. J’ai été arrêtée le même jour. Moi c’était par le district de Bizerte, et elle, par la Sûreté de l’Etat. L’objectif recherché était la reddition de nos maris. Le 28 juin 1995, mon mari s’est rendu et il a été incarcéré pour 31 ans (...) Je pensais alors que le harcèlement allait s’arrêter du fait de l’arrestation de mon mari. Cela n’a fait qu’empirer à un point tel que nous étions devenus des prisonniers comme mon mari à ceci près que l’enceinte de notre prison était plus vaste que la sienne. Ils se sont ingéniés à nous torturer, à attaquer notre dignité. Nous n’avions plus le droit de travailler, ni de vivre en sécurité. Nous ne pouvions communiquer avec nos proches, nos voisins et nos amis. Ceux-ci ont eu des ennuis à leur tour. Mon frère, Khaled, a été chassé de son emploi de policier et empêché de retrouver un quelconque autre emploi. Il y a eu des perquisitions à son domicile, il a été harcelé alors qu’il souffrait d’une hépatite. Le mari de ma soeur, Tahar Ghanmi, a été licencié de l’aciérie de Bizerte et s’est retrouvé au chômage. On lui a alors monté une affaire qui lui a valu une année d’emprisonnement, verdict prononcé par le tribunal de Première instance de Bizerte et confirmée par la cour d’Appel de Tunis.
Et les mudahamat continuaient, les coups et les humiliations aussi. Ils ne me lâchaient pas dans la rue et à chaque fois qu’ils m’emmenaient au district, ils me frappaient, m’arrachaient mon voile, établissaient une fiche de renseignements et m’obligeaient à signer un engagement à ne plus porter le voile. Tout ceci pour me faire divorcer de mon mari.
Pendant le mois de Ramadan de 1996, j’ai fait l’acquisition d’une machine à coudre et de tissu, afin de vendre des habits pour l’Aïd. Hassan Trabelsi, un voisin, m’avait aidé dans ce projet. Il fut arrêté et sauvagement torturé. Deux semaines plus tard, la police a perquisitionné chez moi, emporté la machine à coudre, le tissu, les vêtements à titre de preuve, contre moi, contre Hassan Trabelsi... et contre les clients qui m’avaient passé commande ! Certains furent condamnés à six ans d’emprisonnement. Dans cette affaire, j’ai été condamnée à deux ans et demi d’emprisonnement avec sursis. Hassan Trabelsi fut accusé d’appartenance et de financement. Il a été écroué.
Menzel Bourguiba, 28 octobre 2000

Mounira Dridi

Tawfik Fatnassi, mon mari, est né en 1950 à Mateur. Il a exercé comme mécanicien et comme louagiste. Il a été condamné à 10 ans et trois mois d’emprisonnement en 1996, pour :association de malfaiteurs, mise à disposition de local pour des réunions interdites, maintien d’un parti politique et collecte de fonds non autorisée. Il a été condamné en 1997, pour les mêmes chefs d’inculpation à 14 ans et un mois d’emprisonnement. Donc, il totalise 24 ans et 4 mois de prison. Nous avons trois enfants : Achraf, 13 ans, Hamed, 11 ans, et Salsabil, 8 ans.
(...) Comme mon mari était recherché, on a fait pression sur ses proches pour qu’il se rende ou que l’un d’eux révèle l’endroit où il se cachait. Après quatre années de visites au domicile de ma famille à Techga, Henchir Laqdaya, à Mateur, une descente eut lieu en 1995. Les meubles ont été cassés, les membres de la familles ont été violemment attaqués et les enfants ont été terrorisés et chacun fut enfermé, ma mère, Baya Dridi, mes belles sœurs, Essia Dridi et Saleha Fatnassi et leurs nourrissons, tout le monde fut emmené au poste de police de Mateur où ils eurent pour tout accueil un déferlement de violence physique et verbale, puis ils furent transférés au district de police de Bizerte et là le traitement fut pire encore ; ma mère, âgée de 62 ans, en perdit deux dents, mon frère fut roué de coups et jusqu’à l’heure actuelle il souffre de douleurs aiguës. Mes belles sœurs et ma soeur ne furent pas épargnées par la torture, sans égard pour leurs nourrissons. Ils prirent même un fusil de pêche qui nous appartenait.
La famille de mon mari dut supporter les visites à leur domicile de la cité Raja à Mateur, le contrôle et le harcèlement. Lotfi Fatnassi, le frère de mon mari âgé alors de 38 ans, fut arrêté. On le questionna sur l’endroit où nous nous trouvions moi et mon mari. Le harcèlement dura quatre années. Le jour du mariage de Lotfi, la police fit irruption à son domicile, l’arrêta une seconde fois. Il fut transféré au district de Bizerte et de là à Bouchoucha où il fut torturé et détenu. On voulait le forcer à parler, ou forcer son frère à se rendre.
Quant à la grand-mère, elle fut emmenée au poste de la garde nationale à Mateur et rossée sans considération de son âge mur. Mon mari dut se résoudre à se rendre le 3 août 1995. (...) Il est actuellement à la prison de Tunis (...)
Pour autant, les attaques ne cessèrent pas, ni la torture et les mortifications. Nous fumes condamnés à une misère planifiée et au harcèlement de nos enfants par un contrôle incessant. Le district de police de Bizerte nous convoquait pour savoir qui nous rendait visite et qui nous aidait. Ils firent pression sur la famille de mon mari pour qu’elle ne nous fréquente plus, ne nous apporte aucune assistance. Nous fumes réduits à la misère, à la privation de soins de sorte que je ne pus faire soigner mon fils Hamed qui souffrait de fortes céphalées chroniques, ni ma fille Salsabil qui souffrait des séquelles d’une amygdalite non soignée, quant à moi je souffre de troubles nerveux et d’hyper tension (...)

Tunis, 3 août 2000

Extraits :

Ahlem Belhadj

J’avais peur pour Jalel, mon mari... maintenant, j’ai également peur pour Youssef, mon enfant.
Aujourd’hui 18 février, mon enfant Youssef Zoghlami, âgé de 4 ans, est descendu de notre appartement accompagné de son ami Aymen, âgé de 7 ans, récupérer un jouet tombé du balcon, scène banale qui a failli tourner au cauchemar. J’étais en compagnie de Maître Radhia Nasraoui, de Mohammed Bechri, de Afifa Ben Soussia, mère d’Aymen, Lotfi Sellami et de Nejib Zoghlami et Lumamba Mohseni venu soutenir mon mari Jalel Zoghlami, en grève de la faim depuis le 3 février suite à la tentative d’assassinat dont il fut l’objet.
Youssef et Aymen sont revenus nous raconter spontanément que deux hommes, deux inconnus, les ont interpellés pour demander à Youssef les noms de ses parents, le numéro de leur appartement et si la femme accompagnée de trois filles (en l’occurrence Maître Nasraoui) était bien chez nous et pour finir, ils leur ont proposé de les emmener acheter de chewing-gums. Furieux, suite à ce récit, mon mari Jalel, suivi de son frère Nejib, Nadia, Ousseima et moi même nous sommes descendus. Nous les avons trouvés en train de relever les numéros d’immatriculation des voitures stationnées, une façon de nous renseigner sur leur fonction.
Jalel, ayant eu peur pour son fils et hors de lui, leur a demandé comment ils osent terroriser des petits enfants ? Rapidement, ils disparaissent. Que penser, sinon qu’ils se mettent maintenant à s’en prendre aux petits enfants, que mon fils âgé d’à peine 4 ans n’est plus en sécurité, et qu’il peut être un jour emmené par des étrangers pour lui acheter des chewing-gums. Mon enfant, privé du sentiment-si indispensable de sécurité-privé de son passeport, privé de recevoir des coups de téléphone d’un ami et d’une cousine, privé tout simplement de faire, d’être et de vivre comme les enfants de son âge.
Aujourd’hui, moi en tant que mère, je crie haut et fort : mon enfant a le droit de jouer en toute sécurité avec les voisins, a le droit de téléphoner à ses cousins, a le droit de voyager et je ne pense pas que c’est trop demander.
Tunis, le 18 février 2001

Nadia Hammami

Je soussignée, Nadia Hammami, 17 ans, fille du militant Hammami et de l’avocate Radhia Nasraoui, lance cet appel à l’opinion publique nationale et internationale en mon nom et au nom de mes sœurs Ousseïma (11 ans) et Sarah (8 mois) pour que toutes les personnes concernées par les droits humains nous soutiennent afin d’obtenir nos passeports, les demandes ayant été déposées depuis longtemps par maman.
S’il est vrai que nos parents militent dans les domaines politiques et des droits humains, il est inadmissible de nous priver de nos passeports... Nous sommes déjà suffisamment malheureuses à cause de l’absence de papa et des tracasseries policières que nous subissons depuis des années.
Tunis, 15 mars 2000

Je voudrais informer l’opinion publique nationale et internationale que les autorités tunisiennes refusent de nous délivrer des passeports à moi et à mes sœurs. Ces mêmes autorités me soumettent souvent à une surveillance policière, même mes amis sont embêtés par les flics ce qui me pousse à les éviter pour ne pas leur causer de problèmes. Je n’ai donc pas le droit de vivre et de m’amuser comme tous les jeunes de mon âge. La seule raison : je suis la fille de Hamma Hammami (...) et de Radhia Nasraoui ( ...)
Je pense qu’il est injuste de punir des enfants à cause de l’opinion de leurs parents.
Encore une fois, je demande à tous ceux qui sont pour le respect des droits de l’enfance d’intervenir pour que je puisse cet été passer de vraies vacances à l’étranger avec papa, maman et mes deux petites sœurs loin de toute filature policière.
Tunis, 13 avril 2000

Zoulikha Mahjoubi
"Notre maison était devenue la leur"

Depuis que mon mari a pris la clandestinité, j’ai enduré les descentes et les perquisitions policières, à toute heure du jour et de la nuit à mon domicile de Jendouba., Les insultes et les menaces. Ces descentes visaient à nous intimider, moi et mes cinq enfants, encore en bas âge. Les policiers allaient et venaient chez moi comme chez eux. Tous les deux mois, j’avais droit à une intervention particulièrement musclée assortie d’un interrogatoire : "Où est ton mari ? Est-ce qu’il t’a téléphoné ?" Chaque année au mois de septembre, au moment du renouvellement des équipes de police, j’étais convoquée au commissariat pour un interrogatoire. Le 11 octobre 1996, quatre policiers en civil sont venus me chercher et m’ont emmenée au commissariat. Ils ont commencé par m’ôter mon voile. Khaled Ben Saïd, le policier, m’a giflée à plusieurs reprises et copieusement insultée, puis il a donné l’ordre à ses auxiliaires de me déshabiller et de me torturer. On m’a suspendue, frappée, insultée. Un des tortionnaires, Abdoukrim, a mis son pied sur mon sexe et m’a dit : "il y a longtemps que tu n’as pas fait l’amour". Ils me posaient plein de questions, toutes portaient sur mon mari. Ils ont torturé d’autres femmes avec moi : Leïla, Noura, Dorra, Latifa, Salwa, et une autre encore.
Le lendemain à quinze heures, j’ai signé un papier et j’ai quitté les lieux avec une convocation pour le lundi suivant avec une interdiction de quitter mon domicile. Le lundi je suis revenue au poste de torture, le tortionnaire m’a dit de rentrer chez moi et que lorsqu’il aurait besoin de moi il me convoquerait. Toute la famille après ces années de harcèlement était intimidée et effrayée.
13 mars 2002.

Bibliographie

Le harcèlement de certaines personnes, in Hors série de la lettre bimensuelle de la FIDH, ONU : Comité contre la torture. Tunisie : "des violations caractérisées, graves et systématiques", novembre 1998, n°267

Témoignages sur les femmes réprimées en Tunisie, Situation des droits de l’Homme et rapports accablants, Tome IV, Comité de Soutien aux victimes de la répression en Tunisie, Paris, septembre 1996.
Témoignages sur les familles otages en Tunisie, Situation des droits de l’Homme et rapports accablants, Tome VI, Collectif des Familles otages en Tunisie, Paris, octobre 1997.
Tunisie, Des femmes victimes de harcèlement, de torture et d’emprisonnement, EFAI, MDE 30:02/93, Amnesty International

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