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Une action en hommage à Zouhair Yahyaoui
18 juillet 2014, par jectk79

Mon amie ne sait pas rediger un com sur un article. Du coup il voulais souligner par ce commentaire qu’il est ravi du contenu de ce blog internet.


Pourquoi aller tracer partout pour faire établir des évaluations de d’assurances familiales alors qu’existent des portails tels que Sherpa-mutuelle.fr proposant de rapprocher les propositions avec un comparateur mutuelle sophistiqué en restant votre demeure ? site => mutuelle obligatoire


Abderrazek Bourguiba condamné à 25 mois de prison
15 novembre 2011, par Bourguiba

je vous remercie
bourguiba abderrazak



Quelques points marquant contre l’environnement en Tunisie
6 novembre 2011, par xZNRpEkXvbSPvAf

I like to party, not look articles up online. You made it hpaepn.



Et puis y a eu la Révolution :)
1er novembre 2011, par liliopatra

On est mardi 1er novembre 2011, déjà neuf mois que ben ali s’est enfui et il est caché, comme un rat, en Arabie Saudite. Son collègue Gaddafi a été tué.
Après la lecture de cette lettre, tout cela parait être comme un cauchemar pour celles et ceux qui ne l’ont pas vécu personnellement. Cependant, le mal a sévi longtemps, beaucoup trop longtemps en Tunisie. Il est temps que ça change.
Tout un système policier qui s’effondre, la justice vient de renaître, certes encore fragile mais sera équitable insh’Allah.



Va chialer ailleurs ( reponse)
30 octobre 2011, par Maud

Oui il a un fils qui est mon meilleur ami et croyez moi, même si son père et loin de lui sa ne fait pas de lui un mauvais père il s’occupe très bien de lui et Selim va le voir de temps en temps. Je suis au cœur de cette affaire et je peux donc savoir les ressentis de chacun...



Va chialer ailleurs ( reponse)
30 octobre 2011, par Maud

ةcoutez quand on ne connait pas la personne on ne juge pas ! Je connais personnellement Monsieur Tebourski et je sais que c’est un homme bon, et je pense que si il a demander a rester en France c’est surtout pour son Fils !
Ne le jugez pas car vous ne le connaissez pas comme je le connais ! Je suis la meilleure amie de son fils Selim. Je sais qu’Adel est un homme bon alors arrêtez tous vos blabla et essayer donc de comprendre le fond de la chose. Merci et bonne soirée



> Une pétition de 86 prisonniers tunisiens
30 octobre 2011, par Moussa

the death of an African giant

Par : Y. Mérabet
En outre, contrairement à ce que pensent aujourd’hui de nombreux libyens, la chute de Kadhafi profite à tout le monde sauf à eux. Car, dans une Afrique où les pays de la zone subsaharienne riche en ressources minérales tournaient complètement le dos à la France pour aller vers la Chine, il fallait bien que monsieur Sarkozy trouve un autre terrain fertile pour son pays. La France n’arrive plus à vendre ses produits manufacturés ou de décrocher un marché en Afrique, elle risque de devenir un PSD C’est pour cela que l’on a vu une France prête à tout pour renverser ou assassiner Kadhafi ; surtout quand l’on sait que la Libye est l’une des premières réserves en Hydrocarbures d’Afrique et de Sebha est la capitale mondiale du trafic Franco-libyen de concentré d’uranium Nigérien. Egalement, l’on sait que jusqu’ici, les populations libyennes n’avaient rien à envier aux Français, ils vivaient richement mieux sans se suer. Puisque Kadhafi faisait tout son possible pour les mettre à l’abri du besoin. Il est donc temps pour les libyens de choisir pleinement futur partenaire occidental. Car si en cinquante ans de coopération la France n’a pu rien apporter à l’Afrique subsaharienne. Vat-elle apporter maintenant aux libyens un bonheur supérieur à celui que leur donnait leur Guide. Rien à offrir à ces ignorants de libyens, sauf des repas communs dans les poubelles de la ville Paris, en France c’est déjà la famine ? Lui, qui durant plusieurs décennies était l’un des faiseurs d’hommes les plus efficaces sur le continent Africain. De son existence, Kadhafi était le leader le plus généreux d’Afrique. Pas un seul pays africain ne peut nier aujourd’hui n’avoir jamais gouté un seul pétro –Dinar du guide Libyen. Aveuglement, et motivé par son projet des Etats-Unis d’Afrique, Kadhafi de son existence a partagé l’argent du pétrole libyen avec de nombreux pays africains, qu’ils soient Francophones, Anglophones ou Lusophones. Au sein même de l’union Africaine, le roi des rois d’Afrique s’était presque érigé en un bailleur de fond très généreux. Jusqu’à l’heure actuelle, il existe sur le continent de nombreux présidents qui ont été portés au pouvoir par Kadhafi. Mais, curieusement, même pas un seul de ces élèves de Kadhafi n’a jusqu’ici eu le courage de lui rendre le moindre hommage.Au lendemain du vote de la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’ONU, certains pays membres de l’union africaine sous l’impulsion de Jacob Zuma ont tenté d’apporter un léger soutien au guide libyen. Un soutien qui finalement s’est éteint totalement sans que l’on ne sache pourquoi. Même l’union africaine qui au départ conditionnait avec amertume la prise du pouvoir libyen par un groupe de terroristes et la reconnaissance du CNT libyen constitués de traitres, s’est finalement rétracté de façon inexplicable. Et curieusement, jusqu’aujourd’hui, aucun gouvernement consensuel n’a été formé en Libye. Depuis l’annonce de l’assassinat de Mouammar Kadhafi, cette union africaine dont Mouammar Kadhafi était pourtant l’un des principaux défenseurs et ayant assuré le dernier mandat, n’a encore délivré aucun message officiel de condoléance à ses proches ou de regret. Egalement, même ceux qui hier tentaient de le soutenir n’ont pas eu le moindre courage de lever leur petit doigt pour rendre hommage à leur mentor. Jusqu’à l’heure actuel, seul l’ancien archevêque sud-africain et prix Nobel de paix Desmond TUTU a regretté cet acte ignoble. Même le président Abdoulaye Wade que l’on sait pourtant proche des révoltés libyens n’a pas encore salué la mort de l’homme qu’il souhaitait tant. Le lendemain de sa mort, un vendredi pas un musulman n’a prié pour lui ?.. A ce jour, sur le continent Africain, seul l’homme de la rue et les medias ont le courage de parler de cette assassina crapuleux du guide libyen. Mais, cette attitude des dirigeants africains ne surprend personne, dans la mesure où l’on sait que chaque président a peur de se faire remarquer par un Nicolas Sarkozy qui est capable de tout si la tête d’un président africain ou d’un arabe l’énerve.
Conclusion La Libye et l’Afrique toute entière viennent de tourner une page d’or avec la perte de Mouammar .
Traitre et maudit que je sois, si j’étais un libyen ?

Journaliste indépendant (Algérian Society for International Relations)
119, Rue Didouche Mourad
Alger centre



Liberté pour le Docteur Sadok Chourou
29 octobre 2011, par Dr. Jamel Tazarki

J’ai écrit un livre qui mérite d’être lu :
TOUT EST POSSIBLE - L’AVENIR DE LA TUNISIE
Vous pouvez télécharger le livre sur mon site Internet :
http://www.go4tunisia.de
Dr. Jamel Tazarki
Allemagne



DECES D’OMAR CHLENDI
28 octobre 2011, par bourguiba

Ma mére Térésa oui notre mére je suis abderrazak bourguiba le frére de mon meilleur ami Farouk .
vous peut etre me connait mais je pense pas que nous avont eu l’occasion de vous voir .

je suis désolé pour ce qui a passé pour mon frére Farouk .
Omar etait un homme exeptionnel un vrai homme j’ai passé avec lui 6 mois dans le prison nous étions plus que deux fréres.

soyez fiére de Farouk
et que la paradi soit pour lui



Projet libéral pour une nouvelle monarchie démocratique et laïque en Tunisie
22 octobre 2011, par Victor Escroignard

La Monarchie Constitutionnelle est l’avenir est la garantie des droits et libertés pour la Tunisie, la Libye et toute l’Afrique du Nord. Le Roi est l’âme du peuple, Il est porteur du sentiment d’unité nationale et du patrimoine historique du peuple. LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE EST LE PLUS SUR MOYEN POUR EVITER QU’UN PRESIDENT FINISSE UN JOUR EN DICTATEUR (voyez le cas du roi d’Espagne, sauveur des libertés après le Franquisme).



> Lotfi Hamdi, une Barbouze qui se voit ministrable
4 octobre 2011, par Anti Lotfi Hamdi

Bonjour Mesdames, Messieurs,

Je souhaite attirer votre attention sur le faite que ce Barbouze comme vous le dites, a retourné sa veste à l’instant où il s’est assuré du départ définitif du ZABA plus exactement le 18 Janvier 2011.

Mais encore ce dernier qui détient pas un seul titre comme auprès du RCD mais aussi faison parti de plusieurs association et surout la chambre Franco-Tunisienne de marseille ou il a volé récemment le portfolio pour se faire une nouvelle peau et une nouvelle virginité auprès de la Tunisie, avec un pseudo symposium tenue au pôle technologique sis à la Gazelle (Ariana).

Rappel du passé : Khaled Néji représentant de l’office de l’huile près du consulat générale de Tunisie à Marseille a été victime de sa (Stoufida).
Monsieur Kahled Néji a été limogé de son poste, radié de ses fonctions, décédés suite à une attaque cardiaque après avoir visité les prisons Tunisiennes

Je souhaite que cette personne n’intervienne plus sur le sol Tunisien afin de crée des réseaux encore pire qu’avant et revenir au pouvoir par la fenêtre.

Aidez moi à dire la vérité sur ce malheureux de la Sbikha (kairouan) qui fout la honte à son peuple.

Ce Virus, qui trompe sa femme sans scrupule ni honte. A trahit ce que nos ancêtres ont essayé de bâtir, bravour, fraternité dévouement, sincérité.

Il est et il sera toujours à l’antipode des Tunisiens , lèches botes et au plurielles

Vive la Tunisie sans hypocrites



Blog dédié à la défense du prisonnier politique Abderrahmane TLILI
4 octobre 2011, par bechim

bonjour je suis tres heureuse que mr tlili soit libere mais je n arrive pas avoir de nouvelles precises je tiens a dire que c est un MONSIEUR exceptionnel et qu il ne merite vraiment pas ce qu il a endure j aimerai pouvoir lui exprimer tte ma sympathie



> Tunisie, l’agression abjecte sur Samia Abbou par les voyous de Ben Ali
26 septembre 2011, par Liliopatra

Voilà quatre ans se sont écoulés et votre combat a porté ses fruits. J’aurais pas osé signer ces quelques mots par mon nom réel si vous n’avez pas milité pour ’ma’ liberté. Reconnaissante et le mot ne peut résumer ce que je ressens et tout le respect que je vous porte.

Merci...

Lilia Weslaty



> Les procès de l’ignorance et les progrés de l’Homme
24 septembre 2011, par a posteriori, l’auteur Nino Mucci

Les petits cons s’amusent à faire leurs graffitis imbéciles même sur les statues couvertes de prestige et d’histoire de Carthage ; on en a maintenant fini avec Ben Ali, avec la censure et l’étouffement des idées et de coeur opéré par son régime. Mais on en finira jamais avec l’idiotie des fondamentalistes islamiques qui promenent leurs femmes en burka, parce que c’est la seule façon par laquelle savent voir une femme : comme une bête dangeureuse. On en finira pas facilement, terrible dictature, avec ceux qui demandent maintenant de couper les mains, les jambes et les bras, suivant l’obsolète loi coranique, sans se faire aucun souci de l’Homme. Jésus, le Christ en est le plus grand champion, le Rédempteur de l’humanité, Lui qui a porté la Croix pour nous TOUS ; quant à la mafia et à al-Capone, nous les plaçerons comme un héritage historique de cet islam que tant s’acharnent à défendre par l’ignorance (mafia vient de l’arabe dialectal anciene "mafiah", c’est-à-dire "protection", la mafia est nait et c’est culturellement radiquée dans une ancienne terre d’islam, la Sicile)



que dieu te glorifie.
23 août 2011, par adyl

j’ai aimé ce que vous pensé . suis de ton coté. tu me trouvera a l’appui



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Revue de presse n°298
par Ahmed Fouednejm
5 décembre 2002
La Revue de Presse (RDP) est publiée quotidiennement sur le site www.reveiltunisien.org.
- La RDP souhaite un joyeux Aïd-Al-Fitr à tous les musulmans du monde.
- Aujourd’hui, la RDP est dédiée au grand militant symdicaliste tunisien, Fahat Hached, assasiné il y a 50 ans, jour pour jour (lire la partie française de la RDP). Son cri Ouhibbouka Ya Châab ("Je t’aime. ش peuple !") reste toujours d’actualité...

Vous êtes désormais 150 personnes à recevoir quotidiennement la RDP.
N’hésitez pas à la transférer à vos amis.

fouednejm@hotmail.com


La revue de presse, ce sont les meilleurs articles des principaux quotidiens européens ainsi que les infos de dernière minute des agences de presse choisis pour vous en toute subjectivité par Ahmed fouednejm. Les URL de quelques articles du site de la télévision qatarie Al Jazeera (en arabe) et d’Al Quds Al Arabi (journal panarabe édité à Londres) seront également donnés.

Sommaire :

Partie arabe : (Al Jazeera) :

  1. La Ligue Arabe demande à Washington d’expliquer sa position concernant Al Quds (Jérusalem) http://www.aljazeera.net/news/arabic/2002/12/12-5-10.htm
Partie Française : (Le Monde + Le Temps, Réalités) :
 
Au sommaire aujourd’hui 5 articles et dépêches du Monde (édition du 6 décembre), du Temps (Suisse) et de Réalités.
  1. Palestine (Le Temps + Le Monde) (Bargouthi, un nouveau Mandela Palestinien ? + un refuznik singulier)
  2. Irak (2 articles du Monde)
  3. Hached, 50 ans après (Réalités)
Achevée aujourd’hui à 18 H 26 GMT.

 Bonne lecture !


 
I Palestine :
 
 
Du fond de sa cellule israélienne, Marwan Barghouti défie l’autorité de Yasser Arafat

Date de parution : Le Temps Jeudi 5 décembre 2002 
Auteur : Serge Dumont, Tel-Aviv 
 

Proche-Orient. Emprisonné depuis le 15 avril dernier, l’ex-leader et député de Ramallah fait une entrée fracassante dans la campagne pour les élections palestiniennes de janvier prochain

 
Masquée ces dernières semaines par les soubresauts de la vie politique israélienne, la préparation des élections législatives et présidentielle palestiniennes suit également son cours. Certes, pour l’heure, rien ne permet encore d’affirmer que ces scrutins se tiendront le 20 janvier prochain (une semaine avant les élections israéliennes) comme annoncé. Affaiblie et dans l’incapacité de fonctionner normalement, l’Autorité palestinienne semble en effet incapable de tenir ses registres à jour. En outre, on imagine mal que les Palestiniens de Cisjordanie aillent voter sous la protection des blindés de Tsahal occupant la plupart de leurs villes.
 
Pourtant, la campagne bat déjà son plein et le député de Ramallah Marwan Barghouti (l’ex-leader des « Tanzim », l’une des milices armées du Fatah) n’est pas le dernier à y participer. Arrêté le 15 avril, dans l’appartement de Ramallah où il se cachait, par une unité spéciale de Tsahal, emmené en Israël où son procès est actuellement en cours, Barghouti a déjà annoncé son intention de
représenter sa candidature comme député à l’occasion des prochaines élections. Mais tout porte à croire qu’il veut aller plus loin en
affrontant directement Yasser Arafat. Interviewé lundi à partir de sa cellule par une agence de presse américaine, il a d’ailleurs appelé au départ du président de l’Autorité palestinienne (AP) et au renouvellement de sa direction. « Il est temps que les nombreux leaders palestiniens ainsi que des hauts fonctionnaires de l’AP quittent leur fonction après avoir failli dans leurs responsabilités durant cette bataille difficile (l’Intifada, ndl.) que nous menons, a-t-il notamment déclaré. Ce renouvellement doit s’accomplir de manière démocratique et légale mais en tout cas le plus rapidement possible. »

Pour l’heure, Yasser Arafat et son entourage, qui sont directement visés par ces propos, n’ont pas réagi à l’appel de Barghouti puisque le nom du président palestinien n’a pas été explicitement cité. Mais personne n’est dupe et il est certain que la déclaration d’un homme de terrain comme le député de Ramallah les met dans l’embarras. La figure de proue de l’Intifada est en effet fort appréciée par la rue palestinienne. Parce qu’il a toujours été considéré comme étant « proche du peuple » et parce qu’il est le chef de file des « jeunes loups » du Fatah, des cadres moyens du parti âgés d’une quarantaine d’années qui dénoncent ouvertement les « anciens ». Ceux que les Palestiniens surnomment avec mépris les « Tunisiens » parce qu’ils ont suivi Arafat en exil à Tunis après son départ forcé du Liban au début des années 1980 et qu’ils y ont mené ensuite une vie nettement plus confortable que les Palestiniens des territoires.

Partisan de la poursuite de la lutte armée, Barghouti estime en tout cas que « la résistance est la sainte mission du peuple palestinien qui désire en finir avec l’occupation », et que « personne ne doit oublier que nous avons négocié avec les Israéliens durant dix ans et accepté des accords humiliants ». « Finalement, nous n’avons rien obtenu, poursuit-il. L’autorité sur un peuple peut-être, mais pas le contrôle de notre terre et la souveraineté. » Ces propos musclés marquent le retour en force du député de Ramallah sur la scène politique palestinienne même s’il n’y est pas physiquement présent en raison de son internement. Pour la plupart des observateurs, se sachant condamné par avance par la justice israélienne (26 charges graves sont retenues contre lui), l’homme fort des « Tanzim » pourrait tenter le tout pour le tout en présentant sa candidature à la présidence de l’Autorité palestinienne. A ses yeux, ce geste aurait le mérite d’embarrasser les autorités israéliennes (qui continuent à le présenter comme « l’une des éminences grises du terrorisme palestinien ») tout en lui conférant un statut particulier dans l’opinion publique internationale au sein de laquelle il pourrait apparaître comme une sorte de Nelson Mandela palestinien avec lequel l’Etat hébreu devra négocier un jour ou l’autre. 

 
Le ventre de « une »
L’objecteur Jonathan, neveu de Nétanyahou, est en prison

Jérusalem (correspondance)

Jonathan, 20 ans, israélien, militant contre l’occupation des territoires palestiniens, est en prison depuis le 8 août pour avoir refusé de faire son service militaire. Que Benyamin Nétanyahou, ministre des affaires étrangères, soit son oncle ne lui est d’aucun secours. Lorsqu’il a appris que son neveu ne voulait pas aller à l’armée, l’ancien premier ministre - catégoriquement opposé à la création d’un Etat palestinien et qui soutient la présence de l’armée en Cisjordanie et à Gaza - s’est contenté de lui dire : "J’espère que tu changeras d’avis."

Jonathan est allé jusqu’au bout de ses convictions. "Très jeune, Yoni avait déjà des idées politiques très arrêtées", explique sa mère, Ofra Ben Artsi, sœur de l’épouse de Benyamin Nétanyahou. Le père, la mère et les deux aînés de Jonathan ont fait l’armée, mais tous le soutiennent. Ils sont pacifistes, comme lui. "Mon frère, dit la mère, était parachutiste. Il est mort en 1968 dans les territoires occupés. Depuis, rien n’a changé, les Israéliens continuent à payer le prix de cette occupation."

Lorsqu’il a reçu son ordre d’incorporation au printemps 2000, Jonathan a demandé un service civil. L’armée lui a refusé cette possibilité, qui n’est offerte qu’aux jeunes filles religieuses. Il a été condamné à vingt-huit jours de prison, et la sentence a déjà été renouvelée quatre fois.

La mère de Jonathan se sent abandonnée par la justice de son pays, qui n’a pas voulu entendre les arguments de son fils. "La Cour suprême s’est contentée de vérifier si les droits de la défense avaient été respectés devant la commission militaire spécialisée sur la liberté de conscience, dit Ofra. Mais elle a refusé de juger sur le fond. Cela ressemble à ce que vivent nombre de femmes palestiniennes dont le mari, le frère, le père ou le fils a été mis en détention administrative. Mais je suis sûre que c’est bien pire pour eux."

Ofra se considère ainsi comme une privilégiée : elle parle à Jonathan tous les jours, lui rend visite une fois par semaine, le récupère un ou deux jours au terme de chaque période de condamnation. Il devait ainsi être libéré jeudi 5 décembre, pour quelques jours.

Catherine Dupeyron

II Irak :

http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3210—300942-,00.html

Les inspecteurs en désarmement ont trouvé des obus au gaz moutarde à 140 kilomètres de Bagdad

New York (Nations Unies) de notre correspondante

Occupés à livrer bataille sur la résolution reconduisant le programme humanitaire "pétrole contre nourriture", votée finalement à l’unanimité, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU n’ont pas prêté la moindre attention, mercredi 4 décembre, à ce qui pouvait tout aussi bien constituer l’information du jour : en se rendant dans le désert, à 140 km de Bagdad, les inspecteurs en désarmement des Nations unies ont trouvé des obus au gaz moutarde.

Autrement dit, des armes de destruction massive.

Le "scoop" figure dans le résumé quotidien des activités des inspecteurs, en date du 4 décembre. Aujourd’hui, y relate Dimitri Perricos, chef de l’équipe de Bagdad des inspecteurs de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection de l’ONU (Unmovic), l’équipe s’est rendue à Al-Muthanna, un grand centre de production d’armes chimiques dans les années 1980, au temps de la guerre contre l’Iran. "L’équipe voulait savoir si certains obus contenant du gaz moutarde, qui avaient été laissés sur place [lors du départ de la précédente mission d’inspection de l’ONU, en 1998], étaient toujours là", explique M. Perricos. Quatre ans plus tard, ils y étaient encore !

"ENTRE DIX ET VINGT"

Interrogé par l’agence Associated Press, M. Perricos a précisé que les obus repérés, mercredi, étaient "entre dix et vingt". Ils ont été "sécurisés", a-t-il dit. Les obus avaient déjà été enregistrés en 1998 mais ils n’avaient pas été détruits en raison du départ précipité des inspecteurs, le 16 décembre de cette année-là. Cette fois, ils le seront, a promis M. Perricos.

Le complexe d’Al-Muthanna est bien connu des spécialistes et son histoire illustre les aléas du désarmement irakien. Au départ, c’était une usine pharmaceutique. Dans les années 1980, il est devenu le "noyau du programme"chimique irakien, explique un document du Pentagone. Le 8 février 1991, il a été touché par la bombe d’un chasseur américain, et quelque 1 500 fusées ont été détruites, laissant échapper des substances toxiques. Les militaires américains souffrant du syndrome du Golfe ont réclamé une enquête. Après des simulations, le Pentagone a conclu qu’aucun soldat américain n’avait pu être exposé au nuage issu des quelque 10 kilos de sarin.

En 1996, à court de documentation pour reconstituer l’historique des armements irakiens, les inspecteurs de l’Unscom, la première mission de l’ONU, ont eu l’idée d’entreprendre des excavations sous les décombres d’Al-Muthanna. Ils ont retiré 5 000 pages de documents, une centaine de disques d’ordinateurs, des munitions, des pièces d’artillerie à tête chimique et des obus d’artillerie.

OBUS MANQUANTS

Priés de rendre compte de ce qu’étaient devenus les 550 obus au gaz moutarde portés manquants peu après la Guerre du Golfe, les Irakiens n’ont pas fourni d’explication convaincante. Et ils ont assuré que le gaz mortel avait probablement perdu en activité. Les inspecteurs ont vérifié : après sept ans, le gaz moutarde était toujours pur à plus de 94 % (selon le rapport de fin d’activité de Richard Butler).

Le porte-parole de l’Unmovic à New York a refusé de commenter la découverte de l’équipe de Bagdad dans l’attente d’un rapport plus complet. Il est pour l’instant impossible de savoir si les obus trouvés doivent être décomptés du stock des 550 égarés, sur lesquels l’Irak est prié de donner des précisions dans la déclaration d’armements qui est annoncée pour samedi. Mercredi soir, sur la chaîne de télévision ABC, Tarek Aziz, le vice-premier ministre irakien, a répété la position de Bagdad : "Nous n’avons pas d’armes de destruction massive. Nous n’avons pas d’armes chimiques, biologiques ou nucléaires mais nous avons des équipements qui se rangent dans la catégorie des biens à usage double" civil et militaire, a-t-il dit.

De son côté, Colin Powell, en visite en Colombie, a affirmé le contraire : "Nous sommes absolument sûrs qu’ils ont continué à développer des armes de destruction massive, et nous sommes sûrs qu’ils en ont certaines actuellement". Au septième jour des inspections, la présence d’obus au gaz moutarde à 140 km de Bagdad montre, en tout cas, que le désarmement de l’Irak n’est pas terminé.

Corine Lesnes

L’ONU reconduit "pétrole contre nourriture"

Le Conseil de sécurité de l’ONU a reconduit pour six mois, mercredi 4 décembre, le programme humanitaire "pétrole contre nourriture" par lequel, en dépit de l’embargo qui lui est imposé, l’Irak est autorisé à exporter du pétrole afin d’acheter des biens de consommation courante ou des pièces pour l’industrie pétrolière. Le vote a été acquis à l’unanimité après que les Etats-Unis eurent renoncé à leur exigence d’obtenir, en priorité, une révision de la liste des biens que l’Irak n’a pas le droit d’importer sans autorisation de l’ONU. Aux termes de la résolution, le Conseil s’engage à "considérer", dans les trente jours, un ajustement de cette liste. Les Etats-Unis veulent y inclure une cinquantaine de produits dont l’atropine, un médicament qui peut servir d’antidote aux gaz innervants, et les appareils de brouillage des systèmes de positionnement par satellite (GPS). Le vote est intervenu dans la soirée. La Russie était montée en première ligne pour s’opposer à la reconduction technique de deux semaines préconisée par les Etats-Unis, puis abandonnée sous l’effet de l’hostilité générale. - (Corresp.)

http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3210—300946-,00.html

Au café-théâtre, les Jordaniens essaient de rire de ce qui les fait pleurer

Amman de notre envoyée spéciale

Flanqué de deux gardes du corps raides de peur ou de déférence, Saddam Hussein, en vareuse verte et béret noir, répond aux questions d’une journaliste. L’entretien porte sur les risques d’une intervention militaire contre l’Irak, les zones d’exclusion aériennes dans le sud et dans le nord de son pays, les sanctions imposées par l’ONU...

Le président irakien balaie les menaces à coup de formules lapidaires et de commentaires au-dessous de la ceinture, avant de conclure systématiquement sur un gloussement de satisfaction que sa garde rapprochée s’empresse d’approuver d’un hochement de tête.

 Les grossièretés sont, dit-on, une spécialité du président irakien. Dans ce cas précis, des effets spéciaux les masquent aux oreilles d’un public qui rit à gorge déployée.

Il s’agit, on l’aura compris, d’une scène d’un spectacle satirique, Hissar illisar (Le siège qui a eu lieu), que la petite troupe de Hicham Yanès, comédien, scénariste et metteur en scène joue, dans le restaurant d’un grand hôtel d’Amman, tous les soirs du mois de ramadan, à l’heure de la rupture du jeûne. Un soir, raconte Hicham Yanès, au moment "fatidique", des officiels irakiens, qui assistaient au spectacle, se sont retirés, soucieux de s’épargner ce qu’ils ne sauraient voir.

LE DOIGT SUR LES PLAIES

Pionnier, en Jordanie, d’un genre qui s’apparente au café-théâtre, Hicham Yanès et sa petite troupe ont fait le pari d’amuser les Jordaniens avec ce qui leur donne envie de pleurer : les risques d’une guerre en Irak ; la politique des Etats-Unis, campés par un cow-boy à la pensée primaire ; le conflit israélo-palestinien, incarné par la lutte entre un bourreau obsédé par l’idée d’en découdre avec les Palestiniens (Ariel Sharon) et un vieillard quasi sénile (Yasser Arafat), prisonnier de son quartier général de Ramallah... Les dirigeants arabes en prennent, eux aussi, pour leur grade, qui se grisent de mots pour cacher leur impuissance. Les dialogues ne sont pas toujours du meilleur goût et la caricature souvent abusive, mais les spectateurs apprécient.

A la même heure, dans une salle des fêtes d’un autre grand hôtel de la capitale jordanienne, Nabil Massalha, également comédien, scénariste et metteur en scène, met aussi le doigt sur les plaies. "Il n’a pas été facile, cette année, d’écrire une satire (...), tant il est vrai que la situation est dramatique et que la plupart des personnalités qui pèsent sur le cours des choses ont renoncé aux grands principes humanitaires de justice et de droit", dit le programme. La troupe a quand même relevé le défi. Halouasat(Délires), à l’humour plus ou moins grinçant, a permis à des centaines de spectateurs de se gausser de grands et de petits malheurs : des bruits de bottes américains qui menacent l’Irak aux problèmes de la vie quotidienne, en passant par la brutalité de la répression israélienne en Palestine, les abus de la lutte contre le terrorisme, et la maltraitance des Arabes aux Etats-Unis.

Pris en étau entre les inconnues du sort de la Palestine, à l’ouest, et de celui de l’Irak, à l’est, les Jordaniens soignent leurs angoisses en essayant d’en rire. Hicham Yanès et Nabil Massalha reprendront leurs spectacles après la fête du Fitr.

Mouna Naïm

III Hached :

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Il y a 50 ans, Hached était assassiné : L’homme, le militant et le martyr
 
A l’âge de 38 ans, en cette année 1952, une des grandes figures de la lutte nationale tombait sous les balles traîtresses d’un groupe de colons dit, à l’époque, ’’la Main rouge’’. 50 ans après, sa veuve, Mme Emna Hached, s’en souvient comme si c’était hier. Récit d’une vie symbole, d’une destinée où l’austérité des jours le disputait à la bravoure d’un homme décidé à payer de son sang un rai de lumière pour son pays. Et il l’a fait, sourire aux lèvres !

Il la voyait venir. Il la sentait à chaque instant, dans chaque venelle, à chaque rond-point, dans chaque coin de rue. Il la savait constamment derrière son dos et il la narguait en permanence. Elle avait beau lui signifier la fin imminente de ses jours, il continuait son bonhomme de chemin avec la même fermeté, la même ténacité, persuadé qu’il était d’être investi d’une mission sacrée, sublime, presque divine, et qui ne pouvait ployer ou faiblir sous le poids d’une lettre de menaces qu’il portait depuis quelques jours dans son portefeuille. La mort, sans aller jusqu’à la souhaiter ou la chercher, il la brocardait, la persiflait, la ridiculisait devant sa volonté d’aller jusqu’au bout de sa lutte, jusqu’au bout de ses principes, jusqu’au bout de son destin, jusqu’au bout d’une vie fugitive qui, parcimonieuse jusqu’à la cruauté, ne lui a rien donné, mais à qui il a offert la sève de sa jeunesse, la sensibilité de son humanisme et la détermination irrépressible de son militantisme.

Il naît un 2 février 1914 à Kerkennah, dans le village d’El Abbassya, de père marin, Si Mohamed Hached, et de mère femme au foyer, Hana Ben Romdhane. Enfance plutôt doublement difficile en ce début de la première guerre mondiale. A 8 ans, comme bon nombre d’enfants de Kerkennah, il est inscrit à l’école primaire de la région d’El Kallabyne à la destinée de laquelle préside un directeur français. Sans être tout à fait déprimante, cette direction française n’en constitue pas moins un avant-goût amer de la domination du colon et de la résignation des sujets tunisiens. Un climat lourd, fait de méfiance et d’hostilité qui fait que l’enfant ne ménage aucun effort pour briller dans ses études. Il n’ira cependant pas loin en raison des moyens fort limités de son père qui ne pourra lui assurer l’enseignement secondaire, se contentant d’être régulièrement le premier de ses classes primaires et d’emporter avec mention l’examen de fin d’études. Il a alors 15 ans et il ne peut que chercher du travail qu’il trouvera à Sousse dans une société de transport, la STAS, et où il se verra juste offrir le poste de receveur.Ily passera quelques petites années, logeant chez ses oncles maternels, la famille Ben Romdhane.

En1942, il brigue un poste de fonctionnaire dans une administration des Travaux publics à Sfax. C’est le début de la seconde guerre mondiale qui sévit cruellement un peu partout dans le monde. La Tunisie n’est pas épargnée qui voit ses sujets tomber par dizaines. Et le jeune fonctionnaire de s’en ressentir au plus haut degré au point de se porter volontaire auprès du Croissant Rouge en vue de secourir autant que faire se peut les blessés, une tâche qu’il accomplit en dehors de ses heures administratives. Avec l’accalmie toute relative de cette année 1943, il rejoint Kerkennah où il se marie, le 15 octobre, avec sa cousine Emna, alors âgée de 13 ans et sa puînée de 15 ans. " Pour résumer en deux mots la vie difficile de l’époque, se souvient Emna, sachez que l’on n’avait droit qu’à un bon de pain par famille ". Le couple regagne Sfax où le jeune marié, face à l’oppression du colon, commence à réfléchir à la manière de contrebalancer un tant soit peu la discrimination multiforme qui régnait en maître dictatorial. Deux ans plus tard, en 1945, déjà père d’un enfant d’un an (Noureddine), il fonde l’Union des syndicats libres du Sud. En fait, c’est une position par trop délicate car il était plutôt censé s’aligner du côté de l’Administration française qui l’employait que de celui des ouvriers dont il s’escrimait à défendre les intérêts et les droits. Or, la mise en place de cette première base du syndicalisme naissant l’incitera à fonder, en 1946, l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens, qui voit le jour à la rue Sidi Ali Azzouz. Alors que les Tunisiens voient en cet homme de 32 ans un bouillonnant syndicaliste tout droit tombé du ciel pour plaider leur cause, le colon français ne voit rien d’autre en la personne de Farhat Hached qu’un trublion qu’il met vite dans son collimateur. Il n’empêche. Avec l’élection de ce dernier au poste de secrétaire général de l’organisation syndicale, s’ouvre la première page de l’Histoire du Mouvement national.

Mais durant une année, l’Union n’a rien pour fonctionner normalement : ni meubles ni équipements. Hached, maintenant père d’un deuxième garçon appelé Naceur, moins soucieux de ses enfants que de la marche de l’Union, quitte momentanément la rue El Mestiri dans la vieille médina de Tunis où il logeait avec sa famille pour retourner sur Kerkennah vendre une petite chaloupe de pêche qu’il y détenait. C’est ce pécule qui lui permettra de meubler quelque peu les locaux de l’Union jusqu’alors équipés de… caisses vides de légumes en guise de bureaux.

Son adhésion à la CISL en 1949 le mènera d’une réunion à l’autre, un peu partout en Afrique du Nord, mais surtout à Milan (Italie). A la veille de ce dernier voyage, il laisse à sa femme Emna, qu’il aime appeler Oum El Khyr, un magot de 90 francs. A son retour, un mois plus tard, il est choqué par le dénuement drastique des employés de l’Union qui n’ont rien à mettre sous la dent. Lui-même sans le sou, Hached demande à sa femme si elle n’aurait pas encore quelques pièces à offrir au moins au gardien du siège de l’Organisation. Et Oum El Khyr de s’écrier : " Ah oui ?…Et nous, alors, qu’est-ce qu’on va manger ? ! ". Nous sommes en été en 1949, vers la fin du mois saint, et Emna est enceinte de Jamila. Ce jour-là, à la rupture du jeûne, Farhat et sa famille se contentent de pain sec et d’un kilo de raisins. C’est ça Hached : plutôt les autres que lui-même, plutôt les autres que sa propre famille.

Les années 1950 et 1951 seront pour lui celles de la propagande qu’il colportera d’un pays à l’autre et durant lesquelles il se consacrera entièrement à la cause des Tunisiens opprimés de manière générale et à celle de la Tunisie particulièrement. Aux yeux du colon, Hached est tout simplement l’ennemi numéro un et un cas spécial dont il faudra songer à régler le compte, sinon pour ses interventions décisives lors de batailles telle celle d’Enfidha, du moins pour son militantisme intrépide et téméraire. Mais les choses vont culminer au plus haut point lorsqu’en 1952 il se rend aux Etats-Unis soutenir les mêmes causes devant l’ONU. A son retour, et à défaut de pouvoir l’incarcérer en raison de l’immunité syndicale dont il jouissait, on laisse néanmoins courir la menace de bombarder sa maison de Radès fraîchement égayée par l’arrivée au monde de Samira, la plus jeune. Farhat, qui sent pourtant se resserrer autour de lui l’étau implacable, ne semble pas y prêter une attention particulière.

Ce n’est que vers la fin du mois de novembre qu’il réalise dans toute sa laideur l’intimidation macabre du colon : une lettre de menaces de mort on ne peut plus claires échoit sur son bureau de l’Union. Il la garde dans son portefeuille sans en divulguer la teneur à personne, pas même à Oum El Khyr. Mais il supplie cette dernière de prendre les enfants et de retourner à Kerkennah. Emna, qui a déjà enduré les pires moments de sa vie en compagnie d’un homme militant jusqu’à l’obsession, a un autre avis : rester coûte que coûte auprès de son mari et advienne que pourra !… Oui,…mais il y a les enfants dont Samira, âgée de sept mois. Seul Noureddine, en raison de ses études, ne peut que rester à Radès et sa charge est confiée à la famille Filali, vieux amis des Hached.

Quant à lui, la main effleurant en permanence le portefeuille renfermant la lettre du malheur, il se savait désormais menacé très sérieusement. Il la voyait venir. Il la sentait derrière son dos, à chaque instant, dans chaque impasse, dans chaque rond-point, dans chaque coin de rue. Et il s’en moquait. La mort, il la narguait, la bravait, et continuait sans sourciller son bonhomme de chemin.

Le 5 décembre 1952… A 8 heures du matin, Noureddine est encore au lit. Il vient d’attraper une forte grippe. Son père sort lui chercher des médicaments… Il revient à la maison et lui administre quelques calmants…Il sort à nouveau dans la rue sans se soucier de dire le moindre petit au revoir aux Filali et à son fils de 8 ans, sûr qu’il était de revenir comme d’habitude à la tombée de la nuit. Il ne reviendra plus jamais… A proximité du cimetière des Français, une voiture sortie d’ou se sait où lui barre la route et crible son véhicule de 35 balles de mitraillette. Quelques instants plus tard, sur la route de Naâssen, une deuxième voiture, dont les occupants s’aperçoivent que Farhat tient encore le coup, s’en approche et on l’achève de deux balles, l’une à la tête, l’autre en plein cœur. Farhat est terrassé et tombe avec lui la plus poignante page d’histoire de la Tunisie militante. A midi, la radio annonce sa mort, ce qui provoque un soulèvement sans précédent à Kerkennah, Sousse et Sfax.

Le corps du martyr est transporté sur un petit navire, dit " Garde-pêche " militaire, de la Goulette jusqu’à Kerkennah pour être remis à la famille Hached elle-même à bord d’une petite embarcation. Emna, qui a passé la nuit du 5 au 6 chez Habib Achour à Sfax, apprend la décision de l’administration française d’enterrer le leader syndicaliste au cimetière de Kerkennah. Elle s’y oppose, décidant à son tour d’inhumer son mari dans un jardin de la place et, d’abord, d’identifier le mort.

Trois ans plus tard, le corps du grand militant est transféré à la Kasbah de Tunis, là même où Farhat Hached avait pris l’habitude de haranguer les foules. Aujourd’hui, 50 ans après son assassinat, et malgré l’existence de centaines de photos du grand disparu, dont beaucoup sont gardées jalousement chez Noureddine Hached, Emna n’en garde qu’une seule image : le sourire aux lèvres de Farhat au moment où son corps est criblé de balles. Elle-même, à l’évocation de ce sourire de grandeur et de bravoure, Oum El Khyr ébauche un sourire de fierté vite trahi par une larme qui en dit beaucoup sur une plaie profonde et aucunement prête à se refermer un demi-siècle après… 

M.Bouamoud

A demain



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