Tunisie Réveille Toi ! http://www.reveiltunisien.org/ Site d'information et d'opinion sur la Tunisie fr SPIP - www.spip.net Epidémie de West Nile Virus en Tunisie : une gestion maladroite http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article771 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article771 2003-10-08T20:00:24Z text/html fr Aedes Le virus du Nil occidental, WNV pour les intimes, a été découvert pour la première fois en Ouganda, en 1937. Depuis, il a touché des régions aussi diverses que les USA, le Canada, l'Egypte, la France ou l'Inde. Ce virus touche d'habitude certaines espèces d'oiseaux et accessoirement des mammifères. D'une manière générale, le WNV est transmis à l'homme par la piqûre d'un moustique, lui-même infecté à l'occasion d'un repas sanguin sur un oiseau porteur du virus. L'oiseau est l'amplificateur du virus alors que (...) - <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique41" rel="directory">Société</a> <div class='rss_texte'><p>Le virus du Nil occidental, WNV pour les intimes, a été découvert pour la première fois en Ouganda, en 1937. Depuis, il a touché des régions aussi diverses que les USA, le Canada, l'Egypte, la France ou l'Inde. Ce virus touche d'habitude certaines espèces d'oiseaux et accessoirement des mammifères. [<a href='#nb1' class='spip_note' rel='footnote' title='http://www.paho.org/French/HCP/HCT/VBD/wnv-info.pdf' id='nh1'>1</a>]</p> <p>D'une manière générale, le WNV est transmis à l'homme par la piqûre d'un moustique, lui-même infecté à l'occasion d'un repas sanguin sur un oiseau porteur du virus. L'oiseau est l'amplificateur du virus alors que les animaux auxquels est transmise la maladie, dont l'homme, sont des réservoirs sans issue. [<a href='#nb2' class='spip_note' rel='footnote' title='http://www2.state.id.us/dhw/cdp/westnile/transmission_cycle.htm' id='nh2'>2</a>] Certains cas de transmission par des transfusions ou des greffes d'organes ont été rapportés [<a href='#nb1' class='spip_note' rel='footnote'>1</a>].</p> <p>Les symptômes apparaissent de trois à quinze jours après la piqûre et s'apparentent à ceux de la grippe : fièvre, maux de tête, courbatures, éruption cutanée, hypertrophie des ganglions, désorientation, faiblesse musculaire, raideur du cou, maux de tête, nausée [<a href='#nb3' class='spip_note' rel='footnote' title='http://www.doh.wa.gov/Notify/guidelines/pdf/wnv.pdf' id='nh3'>3</a>].</p> <p>Il n'existe actuellement ni traitement ni vaccin bien que plusieurs recherches soient en cours sur les oiseaux domestiques [<a href='#nb4' class='spip_note' rel='footnote' title='http://www.geis.ha.osd.mil/GEIS/SurveillanceActivities/WNV/WNVmenu.asp' id='nh4'>4</a>] et surtout chez les chevaux [<a href='#nb5' class='spip_note' rel='footnote' title='New England Journal of Medicine, 349 ;13' id='nh5'>5</a>]. Toutefois, le taux de létalité est assez bas, variant de 4 à 10 % en moyenne, selon les épidémies. Seules les personnes immunodéprimées, âgées ou fragilisées présentent des risques de développer une maladie grave avec une méningo-encéphalite potentiellement mortelle. Le traitement est purement symptomatique.</p> <p>La manière la plus efficace de prévenir la transmission du WNV est de réduire l'exposition au vecteur. [<a href='#nb6' class='spip_note' rel='footnote' title='http://www.ph.dhr.state.ga.us/pdfs/epi/gers/ger0900.pdf' id='nh6'>6</a>]</p> <p>Une composante essentielle de tout programme de contrôle du WNV est l'éducation publique sur la maladie, la façon dont elle est transmise et la façon de prévenir ou de réduire le risque d'exposition.</p> <p>Les personnes peuvent prendre certaines précautions pour réduire leur exposition au virus à la maison, en faisant comme suit :</p> <p>1- Mettre des moustiquaires aux fenêtres et bloquer tous les trous dans la maison par lesquels les moustiques peuvent entrer.<br> 2- Porter des pantalons longs et des chemises à manches longues, en particulier quand elles sont à l'extérieur pour de longues périodes, spécialement aux heures où les moustiques sont actifs.<br> 3- Réduire les activités à l'extérieur à l'aube et au crépuscule, lorsqu'il est plus probable que les moustiques piquent.<br> 4- Utiliser un produit anti-moustiques.</p> <p>La façon la plus efficace de contrôler les moustiques est de réduire la source larvaire. Ceci peut se faire de préférence au moyen de programmes qui réduisent les zones de reproduction, qui suivent les populations de moustiques et entreprennent des mesures de contrôle avant que la maladie ne soit transmise. Ces programmes peuvent également être utilisés comme réponse de premier recours aux urgences au cas où l'activité virale serait détectée ou si la maladie est signalée chez des êtres humains. Les larvicides sont utiles dans les zones de reproduction qui ne peuvent pas être éliminées, mais le contrôle des populations de moustiques adultes au moyen de pulvérisation aérienne à insecticides est généralement un dernier recours.</p> <p>Ce rappel qui pourrait paraître rébarbatif n'en est pas moins nécessaire. Voyons ce qu'il en a été récemment en Tunisie.</p> <p><strong>I. LA NON INFORMATION</strong></p> <p>Fin août 2003, dans la région de Monastir, des cas de méningo-encéphalite virale sont enregistrés. Peu après, le résultat des sérologies confirme qu'il s'agissait d'infections par le virus du Nil occidental. Ce nom était pratiquement inconnu de la plupart des médecins tunisiens, à part les spécialistes initiés.</p> <p>Aussitôt, une cellule de crise est mise sur pied afin de faire face à ce fléau. Un courrier est envoyé aux directeurs des établissements sanitaires publics (document 1) les mettant au courant de l'épidémie (qui y est nommément citée) et exhortant les médecins à déclarer les cas suspects. Toutefois, contre toute logique, aucune activité de quelque nature que ce soit n'a été déployée afin d'informer la population sur les risques encourus et, surtout, sur les moyens de prévention : le citoyen est resté près d'un mois dans l'ignorance totale, risquant à chaque piqûre de moustique d'attraper le WNV !!! En effet, si les autorités sanitaires ont informé assez rapidement les centres de soins et de Santé de Base de la région ainsi que les hôpitaux, si la radio locale a mis en garde les apiculteurs quand il allait y avoir un épandage d'insecticides, les premières questions (restées sans réponse d'ailleurs) n'allaient être publiées dans les journaux qu'à partir de fin septembre (document 2) et une réponse officielle mais anonyme était donnée mais qui s'apparentait bien plus à de la désinformation.</p> <p><strong>II. LA DESINFORMATION</strong></p> <p>En effet, dépassées par l'importance de l'épidémie et faute d'avoir dès le début pris les dispositions préventives, ce qu'était en droit de leur réclamer le citoyen, les autorités ont sorti un texte qui se voulait rassurant. Ainsi, seulement une vingtaine de personnes auraient été atteintes dans quatre gouvernorats, aucun décès n'était à déplorer et il n'y avait aucune raison de s'inquiéter : des médicaments efficaces étaient disponibles, les pluies diluviennes avaient fini par chasser les moustiques et les oiseaux migrateurs responsables avaient pris la poudre d'escampette après avoir accompli leur forfait !!! (documents 3 et 4)</p> <p><img src="http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Pour les chiffres, on n'en est pas à une manipulation près : des sources hospitalières dignes de foi et tenant absolument, tout comme les sources officielles des journaux, à garder l'anonymat rapportent pas moins de 70 cas de méningo-encéphalites, dont au moins une dizaine de décès. Les cas bénins, de loin les plus fréquents, n'ont pas encore été comptabilisés et ne sont en règle pas hospitalisés. Selon cette même source, plusieurs patients gardent longtemps après guérison des séquelles neurologiques variables.</p> <p><img src="http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Pour le traitement qui serait disponible, je pense qu'un prix Nobel ne serait pas de trop pour récompenser la Tunisie pour cette trouvaille qui sauverait des milliers de vies dans l'ancien et le nouveau monde !</p> <p><img src="http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Pour ce qui est du départ des oiseaux responsables, rappelons que les oiseaux porteurs du virus sont par définition malades, certains sont morts et je doute qu'ils aient pu reprendre la route avec leurs compagnons et c'est bien ces oiseaux morts qui posent encore problème, [<a href='#nb7' class='spip_note' rel='footnote' title='http://www.gnb.ca/0053/wnv-vno/Animals-e.asp' id='nh7'>7</a>] sans compter non plus la possibilité de contamination d'autres oiseaux autochtones [<a href='#nb8' class='spip_note' rel='footnote' title='http://www.cdc.gov/ncidod/dvbid/westnile/birds&mammals.htm' id='nh8'>8</a>].</p> <p><img src="http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Enfin, je doute fort que les dernières pluies tenues pour salvatrices aient contribué à assécher les points d'eau stagnante où aiment tant à s'ébattre les insectes vecteurs !</p> <p><strong>QU'EN CONCLURE ?</strong></p> <p>D'abord, ne chargeons pas les autorités de tous les maux : personne ne les tient responsables de cette épidémie ni de celle de la conjonctivite.</p> <p>Toutefois, là où c'est inconcevable, c'est d'avoir trop attendu avant de mettre, bien à contre coeur, les citoyens au courant de l'épidémie. Autant la négation de l'attentat de Djerba était bénigne (le ridicule ne tuant pas), autant ne pas prendre des mesures efficaces de prévention et d'information en période d'épidémie est inacceptable. Car il s'agit de vies humaines, de vies de nos concitoyens et aussi de celles de nos animaux domestiques et de compagnie.</p> <p>L'élément essentiel de la prévention était l'information mais il y a bien longtemps que ce mot a disparu du dictionnaire de nos décideurs. Quand il s'est agi d'un phénomène bénin (l'épidémie de conjonctivite qui sévit actuellement), ils ne se sont pas privés d'en parler partout dans les journaux et l'on a même eu droit à un documentaire spécial à la télévision et l'affaire a été tellement grossie et exagérée que certaines écoles se sont presque vidées, l'éviction scolaire en cas d'infection étant de mise (ce qui n'a aucun sens du point de vue médical : cette conjonctivite se transmet très facilement même hors de l'école et est constamment bénigne). A moins qu'il ne s'agisse de couvrir (dans le sens de voiler) certaines autres informations gênantes… Mais pour le WNV, incomparablement plus grave, rien : le black-out total ! La même peur de perdre quelques touristes en cette fin de saison l'a emporté encore une fois sur l'intérêt du citoyen. La même peur de déclencher un mouvement de panique incontrôlable a pris le dessus sur la santé publique. La même peur de trop mécontenter un citoyen qui végète en ruminant dans l'impuissance sa colère et son insatisfaction a primé sur la décision de bon sens.</p> <p>Aucune excuse ne peut être avancée. Les autorités auront beau dire qu'il leur a fallu du temps pour s'assurer de la nature de la maladie : les courriers sont là pour attester du contraire et, surprise, il ne s'agissait pas du tout d'une première : une épidémie au même virus (et c'était vraiment alors la toute première du nom) avait été enregistrée en 1997 dans deux gouvernorats du Sahel et qui avait fait officiellement 173 victimes dont 8 décès [<a href='#nb9' class='spip_note' rel='footnote' title='Triki H, Murri S, Le Guenno B, Bahri O, Hili K, Sidhom M, Dellagi K. (...)' id='nh9'>9</a>] (contrairement à ce que rapporte La Presse du 7/10/2003 (Document 5) et selon laquelle la situation aurait été facilement circonscrite). Qui en a entendu parler ? L'alibi de la nouveauté ou de la prise de court ne tient donc pas, surtout connaissant la grande compétence de nos cadres médicaux qui vous font le diagnostic en deux temps trois mouvements.</p> <p>Le gouvernement a ainsi ,encore une fois, laissé sciemment sa population dans l'ignorance afin de préserver de vagues intérêts qui, quelque importants qu'ils pussent avoir été, auraient dû s'effacer devant l'intérêt vital du citoyen : sa Santé ! Il y a eu des démissions pour dix fois moins.</p> <p>Mais on n'en est pas à une incompétence près…</p> <p><strong>Document 1</strong></p> <dl class='spip_document_138 spip_documents spip_documents_center'> <dt><img src='http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L500xH685/doc-138-ab6c6.jpg' width='500' height='685' alt='JPEG - 88.7 ko' style='height:685px;width:500px;' /></dt> </dl> <p><strong>Document 2</strong></p> <dl class='spip_document_139 spip_documents spip_documents_center'> <dt><img src='http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L500xH749/doc-139-52425.jpg' width='500' height='749' alt='JPEG - 230.5 ko' style='height:749px;width:500px;' /></dt> </dl> <p><strong>Document 3</strong></p> <dl class='spip_document_140 spip_documents spip_documents_center'> <dt><img src='http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L500xH861/doc-140-f5cc9.jpg' width='500' height='861' alt='JPEG - 301.1 ko' style='height:861px;width:500px;' /></dt> </dl> <p><strong>Document 4</strong></p> <dl class='spip_document_142 spip_documents spip_documents_center'> <dt><img src='http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L500xH460/doc-142-243cf.jpg' width='500' height='460' alt='JPEG - 232 ko' style='height:460px;width:500px;' /></dt> </dl> <p><strong>Document 5</strong></p> <dl class='spip_document_143 spip_documents spip_documents_center'> <dt><img src='http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L491xH1401/doc-143-31e90.jpg' width='491' height='1401' alt='JPEG - 391.9 ko' style='height:1401px;width:491px;' /></dt> </dl></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh1' id='nb1' class='spip_note' title='Notes 1' rev='footnote'>1</a>] <a href="http://www.paho.org/French/HCP/HCT/VBD/wnv-info.pdf" class='spip_out' rel='external'>http://www.paho.org/French/HCP/HCT/VBD/wnv-info.pdf</a></p> <p>[<a href='#nh2' id='nb2' class='spip_note' title='Notes 2' rev='footnote'>2</a>] <a href="http://www2.state.id.us/dhw/cdp/westnile/transmission_cycle.htm" class='spip_out' rel='external'>http://www2.state.id.us/dhw/cdp/westnile/transmission_cycle.htm</a></p> <p>[<a href='#nh3' id='nb3' class='spip_note' title='Notes 3' rev='footnote'>3</a>] <a href="http://www.doh.wa.gov/Notify/guidelines/pdf/wnv.pdf" class='spip_out' rel='external'>http://www.doh.wa.gov/Notify/guidelines/pdf/wnv.pdf</a></p> <p>[<a href='#nh4' id='nb4' class='spip_note' title='Notes 4' rev='footnote'>4</a>] <a href="http://www.geis.ha.osd.mil/GEIS/SurveillanceActivities/WNV/WNVmenu.asp" class='spip_out' rel='external'>http://www.geis.ha.osd.mil/GEIS/SurveillanceActivities/WNV/WNVmenu.asp</a></p> <p>[<a href='#nh5' id='nb5' class='spip_note' title='Notes 5' rev='footnote'>5</a>] <a href="http://www.reveiltunisien.org/New England Journal of Medicine, 349;13" class='spip_out'>New England Journal of Medicine, 349 ;13</a></p> <p>[<a href='#nh6' id='nb6' class='spip_note' title='Notes 6' rev='footnote'>6</a>] <a href="http://www.ph.dhr.state.ga.us/pdfs/epi/gers/ger0900.pdf" class='spip_out' rel='external'>http://www.ph.dhr.state.ga.us/pdfs/epi/gers/ger0900.pdf</a></p> <p>[<a href='#nh7' id='nb7' class='spip_note' title='Notes 7' rev='footnote'>7</a>] <a href="http://www.gnb.ca/0053/wnv-vno/Animals-e.asp" class='spip_out' rel='external'>http://www.gnb.ca/0053/wnv-vno/Animals-e.asp</a></p> <p>[<a href='#nh8' id='nb8' class='spip_note' title='Notes 8' rev='footnote'>8</a>] <a href="http://www.cdc.gov/ncidod/dvbid/westnile/birds&mammals.htm" class='spip_out' rel='external'>http://www.cdc.gov/ncidod/dvbid/westnile/birds&mammals.htm</a></p> <p>[<a href='#nh9' id='nb9' class='spip_note' title='Notes 9' rev='footnote'>9</a>] <a href="http://www.reveiltunisien.org/Triki H, Murri S, Le Guenno B, Bahri O, Hili K, Sidhom M, Dellagi K. Méningo-encéphalite à arbovirus West Nile en Tunisie Med Trop (Mars). 2001;61(6):487-90" class='spip_out'>Triki H, Murri S, Le Guenno B, Bahri O, Hili K, Sidhom M, Dellagi K. Méningo-encéphalite à arbovirus West Nile en Tunisie Med Trop (Mars). 2001 ;61(6):487-90</a></p></div>