Tunisie Réveille Toi ! http://www.reveiltunisien.org/ Site d'information et d'opinion sur la Tunisie fr SPIP - www.spip.net La revanche des 7 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article1949 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article1949 2005-10-19T21:07:02Z text/html fr Houeïda K. Anouar Grève de la faim Union de l'opposition Liberté d'expression Opposition tunisienne Société civile SMSI Ils sont sept ! Sept figures de proue de l'opposition tunisienne, représentants de partis politiques et personnalités incontournables de la société civile. Au terme d'une conférence de presse le matin du 18 Octobre 2005, ils ont entamé main dans la main une grève de la faim illimitée qui porte comme slogan : Pour la liberté d'association, la liberté d'expression et l'amnistie générale. Un slogan qui résume les trois revendications citées dans l'appel lancé à l'opinion publique nationale et internationale (...) - <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique52" rel="directory">Le ciel au-dessus de Tunis</a> / <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot11" rel="tag">Grève de la faim</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot39" rel="tag">Union de l'opposition</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot53" rel="tag">Liberté d'expression</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot59" rel="tag">Opposition tunisienne</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot142" rel="tag">Société civile</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot155" rel="tag">SMSI</a> <div class='rss_texte'><dl class='spip_document_698 spip_documents spip_documents_center'> <dt><img src='http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L360xH511/casquesith8-9715b.jpg' width='360' height='511' alt='JPEG - 32.7 ko' style='height:511px;width:360px;' /></dt> <dt class='spip_doc_titre' style='width:350px;'><strong>La revanche des 7</strong></dt> </dl> <p>Ils sont sept ! Sept figures de proue de l'opposition tunisienne, représentants de partis politiques et personnalités incontournables de la société civile. Au terme d'une conférence de presse le matin du 18 Octobre 2005, ils ont entamé main dans la main une grève de la faim illimitée qui porte comme slogan : <strong>Pour la liberté d'association, la liberté d'expression et l'amnistie générale</strong>. Un slogan qui résume les trois revendications citées dans l'appel lancé à l'opinion publique nationale et internationale lors de la conférence de presse.</p> <p>Les signataires de l'appel, font l'état des lieux dans leur communiqué, ils dressent un bilan où la situation est clairement identifiée comme alarmante. Ils mentionnent que les conditions d'activité politique et l'état des libertés dans le pays ont atteint un niveau de dégradation intolérable. Les rebondissements des dernières semaines, notamment les affaires de l'Association Tunisienne de Magistrats, de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme, et du Syndicat des Journalistes Tunisiens, ainsi que les grèves de la faim des détenus politiques dans les prisons tunisiennes ont été décisifs. Le bilan est consternant et les moyens dont dispose l'opposition pour agir sont presque nuls. Reste qu'entre courber l'échine et accepter les conditions avec fatalisme et frustration amère, et affronter le régime avec le plus extrème des moyens pacifiques, le choix était évident pour ce groupe de leaders. Dans son adresse aux journalistes présents à la conférence de presse, Me Ahmed Néjib Chebbi (SG du PDP) a mentionné que « le recours à la grève de la faim, peut paraître comme une arme de désespoir, mais il n'est pas si désepéré que cela en vérité, il permet de soulever le défi que pose le régime à la société, et d'affronter sa volonté d'écraser l'opposition, par la volonté de celle-ci de résister »</p> <p>إنّ الالتجاء لإضراب الجوع الذي يبدو أنّه سلاح يأس ، هو في الحقيقة ليس سلاح يأس و إنّما رفع للتحدّي الذي توجهه الحكومة للمجتمع ، هي مواجهة إرادة البطش بإرادة المقاومة</p> <p>Que la grève de la faim qui aspire impulser les bases d'une réelle vie politique dans le pays avec ces trois revendications, soit un projet effrayant, et dangereux pour la santé des grévistes, et qui risque dans les <i>scenarii</i> les plus extrêmes de tourner au suicide collectif, il n'en demeure pas moins que nul ne peut en infirmer la noblesse, ni en contester l'urgence politique. Dos au mur, quelles pouvaient être les autres alternatives dont pouvait disposer l'opposition ? Me Ayachi Hammami (LTDH) a insisté sur le fait que les grévistes sont optimistes, que leur optimisme est animé par leur foi dans la volonté des élites et leur capacité de s'unir autour de cette grève de la faim et de ses 3 revendications, mais qu'ils sont prêts à mourir s'il le fallait. Dans la même veine, Lotfi Hajji (SJT) a ajouté que les grévistes s'étaient promis d'entamer la grève ensemble et de ne la lever que d'un commun accord et ce malgré les problèmes de santé des uns et des autres. Parmi les 7 figures politiques de la grève de la faim, il y en a un qui a subi une opération à cœur ouvert, un autre qui a un problème chronique au niveau des reins, et un troisième ayant un ulcère, sans oublier l'âge ! Et pourtant ! Rien ne pouvait plus rivaliser avec la lueur d'espoir dans leur yeux que celle de la détermination !</p> <p>Exceptés les adeptes de l'immobilisme chronique, nul ne peut nier la nécessité impérieuse d'une telle initiative, les grévistes ont avoué qu'ils ont été affaibli par le manque de recours et de moyens, et en s'avouant faibles, ils ont accepté de se mobiliser à travers l'arme du faible, mais crient à qui veut l'entendre que de cette faiblesse jaillira la force si tout les acteurs de la vie politique et associative du pays, ainsi que les citoyens se mobilisent pour cette cause et apportent leur soutien. A un mois du lancement du Sommet Mondial de la Société de l'Information, cette grève pourrait en effet comme l'a souligné Me Chebbi créer une dynamique d'éveil et de resaissisement face à la démoralisation générale dans le pays. Il a ajouté que la grève est entre autre un cri lancé aux participants du SMSI, pour dire qu'ils ne peuvent pas venir fêter dans notre pays, manger boire et échanger autour de la liberté, au moment où les élites tunisiennes sont en grève de la faim pour réclamer cette même liberté.</p> <p>Questionnés par le journaliste de Reuter sur leur intention de faire obstacle à la réussite du SMSI, Lotfi Hajji (SJT) s'est empressé de préciser que leurs révendications ne sont pas nouvelles, et que le sommet n'est qu'une opportunité de les mettre sous les projecteurs au moment où ceux-ci vont être braqué sur le pays. Il a précisé qu'en 2003, lorsque la Tunisie avait été définitivement choisie pour organiser le sommet, le régime avait promis une certaine ouverture au niveau de la presse et du cyberespace, mais elle n'a malheureusement pas respecté ses engagements.</p> <p>En réalité, le régime n'a pas seulement failli à sa promesse, mais les derniers évenements autour de la LTDH, de l'AMT et du SJT dénotent plutôt d'un durcissement de ton au moment où tout le monde espérait cette ouverture. Hamma Hammami (POCT) explique cela par deux choses. D'un côté la nature même du régime, son autoritarisme atavique, et d'un autre côté, sa peur que les mouvements tels que ceux des magistrats, des journalistes et avant eux les avocats et les enseignant universitaires, ainsi que les remous dans le sud tunisien, se généralisent et se propagent et créent par une effet de dominos sa chute.</p> <p>Malgré la mobilisation des agents du régime, la conférence a eu lieu dans le calme à l'intérieur du local de la grève, à l'extérieur, quelques membres du bureau politique du PDP ont été empêchés de rejoindre le local, notamment Maya Jribi, Issam Chebbi et Mongi Ellouze, les trois ont été poussés et bousculés avec force. Du deuxième étage où se déroulait la conférence, nous avons vu Maya Jribi et Mongi Ellouze par terre, recevant des coups de pieds des policiers en civil. Un peu plus loin sur la rue Mokhtar Attia, c'était Mokhtar Trifi président de la LTDH qui se débattait avec quatre agents pour essayer de passer, mais en vain, il a été escorté de force loin de l'immeuble. Souheir Belhassen de la LTDH a elle aussi été interdite d'accès après la fin de la conférence. Les forces de l'ordre avaient pris soin de bloquer l'accès, ils étaient trois hommes à tenir la porte, et des dixaines d'autres dispersés dans la rue et aux alentours. Il faut dire que du ministère de l'intérieur au local il n'y a qu'une rue à traverser, ce qui facilitait leur mobilisation, mais malgré leur efficacité habituelle, ils n'ont pas pu empêcher la conférence d'avoir lieu, ni les grévistes de se rassembler, étant donné qu'ils ont été floués sur le lieu du déroulement de l'événement. Tôt le matin, ils avaient encerclé le local du journal Al Mawkef un peu plus loin au centre ville, ne se doutant pas que les organisateurs de la grève de la faim avaient pris soin de ne communiquer l'endroit que d'une manière très sécuritaire. Un réel coup de maître des grévistes et de leur entourage !</p> <p>Vingt-quatre heures après le lancement de la grève, l'état de siège est levé, il aura fallu le passage de diplomates américain et britannique pour y arriver. L'autre explication serait que le régime se soit rendu compte qu'obstruer l'accès pour voir les grévistes ne faisait qu'accroître l'impact de cette grève de la faim. A nous maintenant, citoyens, militants, membre de la société civile et des partis politiques, Tunisiens et amis de la Tunisie et de la liberté de donner l'envergure qu'il faut à cet évenement, de rallier nos voix à la leur, de puiser dans la noblesse de leurs élan la force qu'il faut pour réclamer d'un seul cri haut et fort, cette liberté vitale, et pour être à la hauteur de la situation pour que cet hymne à la liberté ne se transforme pas en requiem.</p> <dl class='spip_document_699 spip_documents spip_documents_center'> <dt><img src='http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L500xH375/pdp-2e043.jpg' width='500' height='375' alt='JPEG - 73.9 ko' style='height:375px;width:500px;' /></dt> <dt class='spip_doc_titre' style='width:350px;'><strong>De gauche à droite : Ayachi Hammami, Raouf Ayadi, Lotfi Hadji, Mokhtar Yahyaoui ; en bas : Mohamed Nouri, Hamma Hammami , Nejib Chebbi</strong></dt> </dl> <p>Visitez le blog de la grève de la faim : <a href="http://grevedelafaim.blogspot.com/" class='spip_out' rel='external'>http://grevedelafaim.blogspot.com</a> ةcrivez leur : <a href="mailto:grevedelafaim@gmail.com" class='spip_mail'>grevedelafaim@gmail.com</a></p> <p>Houeïda K. Anouar</p></div> Séminaire du 19 Mars 2005 : Réflexions critiques et relance du débat http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article1731 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article1731 2005-03-30T13:33:39Z text/html fr Houeïda K. Anouar Union de l'opposition Parti Démocratique Progressiste Démocratie action contre la dictature prisonnier politique <p><a href="http://www.houeida.blogspot.com/" class='spip_out' rel='external'>http://www.houeida.blogspot.com/</a></p> - <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique78" rel="directory">Le blog de Houeïda K. Anouar</a> / <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot39" rel="tag">Union de l'opposition</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot63" rel="tag">Parti Démocratique Progressiste</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot66" rel="tag">Démocratie</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot72" rel="tag">action contre la dictature</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot93" rel="tag">prisonnier politique</a> <div class='rss_texte'><p>vendredi, mars 25, 2005</p> <p>19 Mars 2005, à la veille du jour où les Tunisiens célèbrent leur indépendance, se tenait à l'hôtel El Mechtel à Tunis un séminaire intitulé « Un Maghreb Arabe sans prisonniers politiques », une journée organisée par les quatre partis de l'oppostion démocratique tunisienne avec la participation d'invités de quelques partis d'opposition Marocains et Algériens .</p> <p>Ce qui m'a le plus frappé durant ce séminaire c'est que le thème fixé a à peine été effleuré dans sa spécificité. Il est certes vrai que ce genre de sujet est souvent imbriqué dans le contexte politique général du pays concerné, et que les questions adjacentes et contigues s'emboitent comme des poupées russes dans une suite d'interdépendances qui décrit la réalité socio-politique complexe que nous vivons. Il est tout aussi vrai que les liens inextricables entre disfonctionnement de l'ةtat, domination de la police politique, absence de participation civile à la vie politique, absence de réelle pluralité, dictature, abus des droits de l'Homme, prisonniers politiques et autres, rendent l'exercice encore plus périlleux, et augmentent les risques d'endiguer l'approche précise et locale d'un sujet donné.</p> <p>La complexité de la tâche ne justifie cependant pas que ce séminaire, organisé par les quatre partis associés à l'occasion et riches par ailleurs de leurs diversité et de leur expérience politique, dédié à l'Amnistie des prisonniers politiques, soit tourné en une interminable foire du verbe chatié, enflammé même par moments ; en une tribune de défoulement contre tous les maux en lot du régime, avec des discours à tendance revendicative ou accusatrice ou descriptive à la manière d'une liste de griefs. Des discours essentiellement centrés (sic) sur le thème fédérateur, large et vague, de la Démocratie. En ce sens, les interventions dans leur majorité avaient des allures de préambule, un préambule qui a très rarement été dépassé, du moins pas au sens de la refelxion et de l'analyse et encore moins de la pratique, donnant ainsi aux personnes présentes cette sensation d'inachevé à la fin de la journée.</p> <p>Pourtant mes attentes n'avaient rien d'insensé, rien d'irréaliste, rien d'utopique, je ne m'attendais pas à une résolution immédiate de la problématique non plus. Toutefois, lorsqu'un séminaire de cette envergure est organisé par des hommes politiques, on est en droit de s'attendre à un examen en profondeur de la question, en somme, à une approche plus politique que militantiste, plus verticale qu'horizontale, une approche analytique plutôt que rhétorique.</p> <p>Bien sûr, l'effort déployé pour tenir cette manifestation n'en est pas moins à saluer, l'acharnement avec lequel les partis de l'opposition démocratique ont mené la lutte sous les contraintes et les pressions pour obtenir le droit d'organiser ce séminaire et l'obtention à l'arrachée d'un lieu publique pour se rassembler, sont en soit une victoire non négligeable. L'initiative d'inviter des partis maghrébins est excellente et aurait constitué une plus grande plus-value si le simple étalage des contextes politiques respectifs des pays représentés avait été évité pour lui préférer un exposé d'un point de vue comparatif qui permette les enseignements réciproques en mettant l'accent sur les nuances, en contrastant les différences, en mettant en avant la particularité de chaque cas au lieu de se coller seulement aux constantes évidentes, même si ce n'est certainement pas tout à fait inutile de les aborder.</p> <p>D'un autre côté, un séminaire autour du thème de l'Amnisitie des prisonniers politiques aurait peut être du aborder plus ouvertement une plaie toujours béante, une question cruciale dans ce contexte, à savoir la question islamiste. Parce que malgré l'inventaire des types de prisonniers politiques par période que Mr Hamma Hammami a judicieusement dressé, la réalité n'en demeure pas moins que la majorité des prisonniers politiques, tunisiens du moins, sont issus du mouvement islamiste Ennahdha. Que le pouvoir se soit épisodiquement acharné sur telle ou telle tranche de citoyens qui ont manifesté leur mécontentement, syndicalistes, étudiants, ou simples citoyens manifestant contre l'augmentation du prix du pain en 1984, la repression la plus régulière et la plus soutenue est celle qui a sévit et sévit encore dans les rangs des islamistes, des chefs de cellules nahdhaouis confirmés, aux simples sympathisants ou islamistes « latents ».</p> <p>Il y a eu durant ce séminaire des moments où l'on aurait pu aller plus loin sur la question islamiste, des moments propice à l'approfondissement, notamment un moment où, si l'ironie avait cédée sa place à l'analyse, nous aurions pu toucher un point névralgique de la problématique de l'Amnistie. Ce moment c'est cette parenthèse ouverte par le Dr Mostafa Ben Jaafar lors de son intervention. Dans une phrase généreusement teintée de cynisme, le Dr Ben Jaafar s'est penché sur ce point pour l'enjamber aussitôt dans une pirouette très dommageable au débat. Commentant une estimation de Mr Khmaïes Chammari qui mentionnait qu'il subsistait au sein des démocrates tunisiens une frange de 10 % qui seraient réticents face à l'Amnisitie des prissonniers issus du mouvement Ennahdha, le Dr Ben Jaafar a dit que <i>même si cette minorité pense que les islamistes seraient des citoyens et des prisonniers de seconde zone méritant par conséquent leur sort déplorable (le bâton plus exactement), elle n'oserait jamais le dire haut et fort</i>. Il réconforte ainsi dans une bien-pensance ahurissante le tabou qui entoure la question islamiste en prolongeant la vision bien plus sentimentale que pragmatique de « la souffrance est insoutenable, elle efface tous les maux ». Or, à ce niveau la vigilance devrait être de mise, du moins de la part des hommes politiques, qui ne peuvent se laisser aller au même jusqu'au-boutisme sentimentaliste que le commun des Tunisiens.</p> <p>La souffrance des prisonniers d'Ennahdha, torturés, deshumanisés, isolés et humiliés, que toute personne pourvue d'un minimum d'Humanisme doit dénoncer avec véhémence et acharnement, ne peut en aucun cas transcender la problématique. Un homme qui croit avec ferveur que l'apostat doit mourir et que le voleur doit laisser sa main au tribunal et qui obtient les moyens de ses ambitions devient un criminel qui ignore l'intégrité constitutionnelle de son pays et qui agit en hors-la-loi. ہ partir de là, le rôle du politique est de penser aux moyens de pallier à cette défaillance et de réfléchir aux moyens de résoudre cette question lancinante sans passer par la violence. Sauf que selon le Dr Ben Jaafar, du moins à travers sa remarque inopportune, être réticent envers l'Amnisitie non-structurée des islamistes serait en fait une apologie de la répression sauvage dont ils sont victimes. Voilà un raccourci qui occulte tout un débat sur la préparation, l'organisation et la structuration de l'Amnisitie de tous les prisonniers politiques et des prisonniers islamistes en particulier.</p> <p>ہ cet égard, le tort du Dr Ben Jaafar est double, le premier est d'avoir survolé la question islamiste sans lui donner plus de poids. Le deuxième plus dangereux, est d'avoir tenté de marginaliser la vision de 10% des démocrates, car, si la qualité des arguments ou des idées devaient se mesurer à l'adhésion massive des gens, les idées et les arguments des opposants démocrates dans leur totalité, ne pèseraient pas lourd dans la balance des idées parfois médiocres qui dominent la vie politique du pays et seraient par conséquent tout aussi apte à être marginalisés.</p> <p>De mon point de vue, et plus profondément à propos de la question islamiste, il est judicieux de constater que la conjoncture politique actuelle nous laisse sentir les prémices de ce qu'on appelle un moment historique. C'est dans ce genre de période charnière où l'on est sur le bord du chaos que les changements s'opèrent. Nous ne pouvons nous permettre, par complaisance, par une poussée aigue d'un droit-droit-de-l'hommisme ravageur ou par occultation simple, de renforcer l'islamisme pour qu'au moment propice il s'accapare le vide que pourrait créer la fin du régime de Ben Ali. Ce qu'il est important de comprendre, c'est qu'alors que les forces démocratiques restent plus au moins à la marge de la vie politique, par manque de moyens médiatiques et par manque d'actions véritables qui touchent le peuple directement et qui pourraient renforcer la culture démocratique, l'islamisme lui, prolifère doucement mais sûrement dans les différentes couches sociales. De plus, l'islamisme a un terrain déjà favorable grâce à la diffusion de l'idéologie islamiste à travers le bouche à oreille, les cercles clandestins, les prêches dans les mosquées et les moyens technologiques tels que l'internet et les chaînes satellites. L'opposition démocratique ne jouit pas d'une aussi grande popularité malheureusement, et c'est là que réside le danger. Un peuple à qui on propose l'islamisme comme alternative à la dictature actuelle est un peuple dont on court-circuite le choix. Sans oublier qu'être démocrate ne veut pas dire accepter avec résignation le choix d'une majorité qui, à bout de souffle et épuisée par la machine Benalienne, pourrait mettre son destain dans les mains de la première force qui perce. Bien entendu, la force qui risque de percer dans une situation aussi anomique que celle de la société tunisienne aujourd'hui n'est pas celle de la Démocartie défendue par quatre partis sous-représentés dans la population, mais plus probalement celle de l'islamisme qui cogite sous les cendres et qui, avec un minimum d'organisation, pourrait mobiliser les foules au nom d'une mission divine, sacrée et incontestable.</p> <p>Il ne faut pas se méprendre sur mes propos, ils ne constituent en aucun cas une attaque contre la foi, contre l'islam ou les musulmans, ils sont ciblés sur le mouvement politique islamiste qui se nourrit du déréglement social, de cette situation bien particulière que nous vivons et qui est sociologiquement et selon la théorie de « l'anomie » de Durkheim, le passage d'une société traditionnalle à une société industrialisée, avec ce que cela comporte comme mutations allant de la dissolution du lien social jusqu'à la perte des valeurs et la percée de l'individualisme qui reste une notion méprisée dans nos sociétés arabo-musulmanes. Or, ces symptômes sont interprétés comme des signaux d'alarme par les plus conservateurs, et comme ils sont également tributaires d'une politique d'effacement de la responsabilité citoyenne et aggravés par ailleurs, par tous les aspects de la dictature, ces symptômes sont utilisés à des fins de propagande. De fait, il serait dommage de perdre de vue les enjeux véritables et de jouer le jeu des islamistes dans un laxisme qui pourrait nous coûter cher. Parcequ'il ne faut pas se leurrer, il n'y a pas de pire dictature que celle d'un ةtat religieux. Ce n'est pas une raison pour accepter le régime actuel et de se résigner, là n'est pas la question, mais le combat de la dictature ne doit pas passer obligatoirement par une angélisation de la mouvance islamiste.</p> <p>Pour revenir au séminaire du 19 Mars, je dirais qu'entre la complaisance de surface de Mr Ben Jaafar et l'occultation à peine voilée de Mr Hammami, la question islamiste a été effleurée, contournée par moultes contorsions, caressée dans le sens du poil, mais pas réellement abordée. Mais ce n'est pas le seul oubli. A-t-on abordé l'enjeu pratique de ce qu'implique dans les faits, la libération des prisonniers politiques de tout acabit, de travail social, de suivi psychologique et médical, de structures spécialisées d'accueil, de soutien et d'écoute ? A-t-on abordé, ne serait-ce que dans les grandes lignes, la planification et l'organisation d'un tel flux de destins brisés dans la société, la réinsertion dans le marché du travail, la reconstruction de l'identité citoyenne etc. ? A-t-on prévu des moyens de sensibiliser l'opinion publique à ces questions épineuses ? Y'a-t-il des moyens de faire pression sur l'ةtat pour qu'il reconnaisse en un premier lieu ces prisonniers politiques, une liste de noms comme celle élaborée en cours de l'annéée 2004 par l'AISPP, qui serait soutenue par tous les partis et par Amnesty International dans une tentative concrète, d'affaiblir le pouvoir au moment où il se concentre sur le polissage de son image en vue du SMSI. Ce genre d'action même s'il n'a pas l'envergure que les politiques veulent donner à leurs actions, peut constituer une petite avancée supplémentaire. N'est ce pas par l'accumulation de l'infiniment petit que nous avons construits la plupart de nos acquis démocratiques ?</p> <p>Autre point qui a attiré mon attention, l'absence de représentants d'Amnesty International, une organisation internationale représentée à l'ONU, et dont la reputation et l'expertise auraient pu donner un rayonnement plus grand et une valeur ajoutée considérable à un séminaire sur le thème de l'Amnistie des prisonniers politiques dans le Maghreb Arabe. Il s'est avéré finalement qu'une invitation leur a été adréssée, sans réponse.</p> <p>En tous les cas, le bilan de ce séminaire était comme suit : Algériens, Marocains et Tunisiens souffrent uniformément de l'absence d'un Etat de droit qui engendre des prisonniers politiques. Ils vont par conséquent, après ce premier contact, essayer de maintenir le lien pour travailler à résoudre, à plusieurs, les problèmes politiques plus au moins semblables des pays du Grand Maghreb pour aboutir à la Démocratie. Démocratie qui, pour l'anecdote et selon le représentant d'un parti islamiste marocain, devrait tout englober, l'islamisme y inclus. Applaudissments enthousiastes dans la salle. Nuance zéro.</p> <p>C'est un bilan bien mince compte tenu de la spécificité du sujet abordé. Si le séminaire avait pour thème : « De la dictature dans le Maghreb Arabe » ce babillage politicard aux allures populistes par moments, aurait pu passer. Si l'auditoire avait été plus nombreux et constitué de Tunisiens profanes en matière de politique intérieure, le ton militantiste et le degré de généralité aurait pu être compréhensible. Mais messieurs et madame les intervenants, vous avez prêché des convaincus, des initiés, et il aurait été plus enrichissant de s'engager dans la discussion, de dépasser nos frustrations primaires de victimes portant le fardeau énorme du silence imposé et de la rareté des espaces et des occasions de libre expression. Il aurait été d'à propos également de favoriser un échange constructif et non descriptif, un intéraction fertile et non une injection stérile de clichés éculés mis de l'avant à chaque occasion nonobstant le thème.</p> <p>Mon souhait est que le présent papier relance le débat, prolonge la réflexion et nous aide au passage à vider l'abcès de la question islamiste. Que nos hommes politiques, qu'on respecte et sur lesquels on fonde l'espoir d'une Tunisie démocratique, s'engagent plus encore dans la définition d'une ligne de conduite claire vis à vis les points sensibles et qu'on dépasse cette tradition bien africaine des palabres pour élaborer un réel débat où fusent les idées aussi différentes qu'elles puissent être.</p> <p>Publié sur le site du <a href="http://www.pdpinfo.org/" class='spip_out' rel='external'>PDP</a></p> <p>posted by Houeida K. Anouar at 8:41 PM</p></div> ہ la mémoire de Zouhair Yahyaoui. Parti trop tôt. http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article1736 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article1736 2005-03-30T13:24:14Z text/html fr Houeïda K. Anouar Zouhair Yahyaoui (Alias Ettounsi de TUNeZINE) Liberté d'expression <p><a href="http://www.houeida.blogspot.com/" class='spip_out' rel='external'>http://www.houeida.blogspot.com/</a></p> - <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique78" rel="directory">Le blog de Houeïda K. Anouar</a> / <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot10" rel="tag">Zouhair Yahyaoui (Alias Ettounsi de TUNeZINE)</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot53" rel="tag">Liberté d'expression</a> <div class='rss_texte'><dl class='spip_document_341 spip_documents spip_documents_center'> <dt><img src='http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L500xH326/doc-341-d8cf3.png' width='500' height='326' alt='GIF - 36.8 ko' style='height:326px;width:500px;' /></dt> </dl> <p>Zouhair Yahyaoui n'est pas mort<br> il vit en chacun de nous,<br> il est nous et nous sommes lui,<br> il est là, même parti.<br> Il a consommé la vie, <br> il a tué la mort.<br> Zouhair yahyaoui n'est pas mort,<br> nous le portons dans les plis de nos âmes,<br> nous les graines parsemées au vent,<br> dans le pré de la liberté,<br> un flambeau vif de flammes<br> qui ne s'éteindra jamais.<br> Zouhair Yahyaoui est encore vivant,<br> nous sommes tous des Zouhair Yahyaoui. <br></p> <p>posted by Houeida K. Anouar at 8:29 PM</p></div>