Tunisie Réveille Toi ! http://www.reveiltunisien.org/ Site d'information et d'opinion sur la Tunisie fr SPIP - www.spip.net Hommage particulier à Bourguiba. https://www.reveiltunisien.org/spip.php?article941 https://www.reveiltunisien.org/spip.php?article941 2004-01-28T22:03:59Z text/html fr Bourguiba Conditions sociales Identité tunisienne Education Bourguiba J'ai choisi le pseudonyme de Bourguiba parce que j'ai une grande admiration pour l'Homme et le politicien qu'il fut. Il est tout à la fois. Charismatique et despote. Fondateur de la Nation, intellectuel illuminé et dictateur implacable, ce monsieur fut un personnage bien étrange. Un suis generis. Je ne fais pas partie de la bien fameuse génération « soixante-huitarde », celle qui, durant la décennie soixante-dix, avait tout à faire, tout à construire dans un monde ayant comme toile de fond une guerre (...) - <a href="https://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique41" rel="directory">Société</a> / <a href="https://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot32" rel="tag">Conditions sociales</a>, <a href="https://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot49" rel="tag">Identité tunisienne</a>, <a href="https://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot54" rel="tag">Education</a>, <a href="https://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot60" rel="tag">Bourguiba</a> <div class='rss_texte'><p>J'ai choisi le pseudonyme de Bourguiba parce que j'ai une grande admiration pour l'Homme et le politicien qu'il fut. Il est tout à la fois. Charismatique et despote. Fondateur de la Nation, intellectuel illuminé et dictateur implacable, ce monsieur fut un personnage bien étrange. Un suis generis.</p> <p>Je ne fais pas partie de la bien fameuse génération « soixante-huitarde », celle qui, durant la décennie soixante-dix, avait tout à faire, tout à construire dans un monde ayant comme toile de fond une guerre froide et un combat idéologique gauche/droite et développés/sous développés. Je suis d'une autre génération. Une génération fragile, sans luttes et sans engagements. Je suis de ceux qui ont subi les déboires des choix politiques et éducationnels pervers et schizophrènes.</p> <p>Je crois que Bourguiba aurait pu finir en beauté s'il avait admis sa vieillesse et sa fatigue mais fier, têtu et mal conseillé par la toute puissante mafia de l'époque, il décida en 1975 de se maintenir au pouvoir pour le restant de ses jours. Une grande erreur et un mauvais exemple que son successeur semble suivre depuis la fameuse réforme de la constitution en 1997. Il faut avouer que même si Bourguiba avait admis de céder le trône à quelqu'un d'autre, les années 1980 auraient été les années 1980 : essoufflement du camp communiste, ajustements structurels, inégalités socio-économiques et stagnation intellectuelle et esthétique. En somme décennie médiocre sur tous les plans et temps difficiles pour les hommes libres partout dans le monde.</p> <p>Pourquoi cet hommage particulier à Bourguiba ? Pourquoi aujourd'hui ? je travaille, depuis une année sur la mémoire du « Al Mujahed Al Akbar fakhamat arrais Al Habib Bourguiba [<a href='#nb1' class='spip_note' rel='footnote' title='Combattant suprême Son Excellence Monsieur Habib Bourguiba.' id='nh1'>1</a>] » . Un travail personnel que j'entreprends et qui a du mal à émerger de ce tas d'informations contradictoires et peu fiables sur sa vie et ses luttes. Rien de scientifique. Juste une lecture subjective de ce que ce Monsieur a fait, dit et surtout ce qu'il a omis de faire. Dans ce travail, je veux remercier cet homme qui nous a quitté bien discrètement.</p> <p>Mon admiration pour Bourguiba- même si je ne suis pas sehli [<a href='#nb2' class='spip_note' rel='footnote' title='De la région de Sousse, Monastir et Mehdia.' id='nh2'>2</a>] - remonte à mon enfance. Des faits et des souvenirs font que j'apprécie cet homme et surtout quand il m'arrive- et c'est bien souvent- de le comparer avec Ben Ali....Le Ben Ali aux cheveux aussi luisants et aussi noirs que les poils de la chèvre de Monsieur Seguin- Les gens de ma génération se rappelleront certainement de ce poème d'Alphonse Daudet. Ben Ali entrain de lire son discours sans même daigner nous regarder dans les yeux. Ben Ali qui serait perdu si la brise marine de Carthage venait caresser le papier auquel il s'accroche. Ben Ali sans éloquence. Ben Ali se sert plus de ses mains- mais moins de son intelligence- et nous fait ce geste sportif levant et croisant ses mains pour nous dire avec un sourire cynique "je vous ai tous ici dans les creux de mes mains".</p> <p>Bourguiba me revient en images vives et télévisées de « Taoujihat assaied arrais [<a href='#nb3' class='spip_note' rel='footnote' title='Les instructions de Monsieur le Président:Une émission qui durait trois (...)' id='nh3'>3</a>] » et en chants matinaux de louanges à la radio « Ya raies laries, ya hbibi Bourguiba al ghali [<a href='#nb4' class='spip_note' rel='footnote' title='Eh leader des leaders, cher Bourguiba.' id='nh4'>4</a>] ». Une mélodie moyenâgeuse et sous-développée qui venait me réchauffer l'oreille durant les froides matinées. Je garde encore le vague souvenir de ses discours ardents en tunisien. Discours francs et directs. De vraies mises en scène théâtrales !</p> <p>De temps à autre et depuis l'école primaire quelque part en bidonville, notre directeur chauve et gras nous conduisait- bâton à la main- à la grande avenue- ancienne Avenue Jules Ferry- pour acclamer le combattant suprême et crier ardemment « Berrouh Beddam nefdik ya Bourguiba [<a href='#nb5' class='spip_note' rel='footnote' title='Formule très usitée à l'époque « Par notre âme, par notre sang, pour toi nous nous (...)' id='nh5'>5</a>] » Ou « Yahia Bourguiba [<a href='#nb6' class='spip_note' rel='footnote' title='Vive Bourguiba' id='nh6'>6</a>] ». Des moments d'allégresse et de délire pour nous enfants mais de grande hypocrisie pour les adultes qui criaient faussement les grands vivats au combattant suprême.</p> <p>Quelques années plus tard, je fus conduit au palais de Carthage pour recevoir mon premier prix national. Perdu et effacé dans une foule surexcitée, j'avançais à petits pas pour aller recevoir de lui personnellement un paquet joliment emballé contenant des livres. Je fus bouleversé par son regard malicieux, fatigué, confus, sénile et généreux. Ce n'est que plus tard que je me suis rendu compte de l'importance d'une telle réalisation. Moi, de la très classe moyenne honoré au salon bleu ! Oui ce fut bien possible grâce à ce que les républicains et les hommes de luttes appellent la démocratisation de l'enseignement et ce que les bourgeois et élitistes considèrent comme la massification de l'enseignement. L'enseignement pour tous et toutes ou pour « toutes et tous » comme a dit courageusement Bourguiba en 1956. Cet évènement m'a donné le souffle qu'il fallait pour aller de l'avant pour le reste de l'humble parcours existentiel du tunisien de base que je suis.</p> <p>Mes grands parents étaient des bédouins qui ont quitté, vers 1923, la campagne pour ne plus dépendre du ciel et de ses caprices, pour ne plus « demander à Oumou attango [<a href='#nb7' class='spip_note' rel='footnote' title='Un chant populaire de campagne servant à implorer le ciel quand il décide de (...)' id='nh7'>7</a>] » d'intercéder auprès de Dieu pour qu'il pleuve et pour ne plus avoir faim. L'ascension sociale fut lente et mes parents étaient devenus à l'aube de l'indépendance des prolétaires selon les concepts de l'époque.</p> <p>Mon enfance s'est consommée dans un milieu dépouillé de tout. Une maison nue et surpeuplée en bidonville. Le premier droit que Bourguiba décida pour nous était un enseignement républicain et laïc. Bourguiba avait un projet pour la Tunisie et pour les tunisiens. Il avait pour nous tunisiens et tunisiennes un projet de société et d'humanité.</p> <p>Les premiers livres que j'ai eus reposaient tranquillement dans un carton que nos voisins « beldis [<a href='#nb8' class='spip_note' rel='footnote' title='Tunisois.' id='nh8'>8</a>] » et bourgeois ont abandonnés au pied du portail baroquement sculpté de leur grande maison surplombant leur domaine exproprié quelques années après l'indépendance. J'ai récupéré tout le carton en cachette parce que ma mère refusait que « ces saletés » envahissent- elles aussi- l'unique chambre dans laquelle nous vivions tous. Mes livres, je les ai cachés dans un coin discret de notre terrasse où je passais mes heures d'ennui à lire et surtout à rêver. Rien d'extraordinaire dans mes rêves d'enfant : devenir un jour un adulte indépendant, avoir un espace à moi. Dans mes rêves, je résistais farouchement à la destinée de vendeur de pois-chiches au marché central que je serais devenu.</p> <p> L'école fut pour moi la voie du salut. L'unique voie pour guérir une fois pour toute la blessure existentielle que traînait les différentes générations de ma famille. L'école, cette institution de la République que Bourguiba a choisie pour nous tunisiens, était le premier pas vers une invraisemblable ascension à la fois sociale et humaine.</p> <p>A l'école, j'ai tout appris. A l'école, j'ai passé les moments les plus extraordinaires et les plus intenses. A l'école, je vivais et oubliais le quotidien, les problèmes de famille et les interminables bagarres nocturnes des mâles du quartier ivres de rage et de « sbiritou [<a href='#nb9' class='spip_note' rel='footnote' title='Alcool pas cher à usage domestique.' id='nh9'>9</a>] ».</p> <p>Je détestais les vacances : temps d'ennui, d'oisiveté et de décadence. Je me résignais pendant les fêtes de fin d'année scolaire et m'inquiétais sur ce que me réservait l'été. J'avais trop d'énergie qu'il fallait canaliser quelque part. Il n'était pas possible de jouer tranquillement parce que nos simples jeux d'enfants n'impliquaient que nos corps, nos bruits et nous-mêmes. Des jeux brusques, sans supports et assez sauvages. Dans ces espaces sans espace et sans intimité, les enfants ne pouvaient que déranger tout le monde et pendant les différents moments de la journée. Il fallait se taire, se contenir, s'abstenir, se cacher et fuir les durs coups de tous les despotes et frustrés. Les adultes. La politique du bâton était de mise et passait automatiquement de génération en génération. Seul le bâton pouvait faire taire les sens et absorber la toute fougueuse énergie des enfants têtus que étions. Je crains le bâton !</p> <p>Par manque de moyens et pour avoir la paix, mes parents me confiaient à des artisans pour que j'apprenne les quelques métiers résistants de l'époque (tisserand, teinturier, chaouchi [<a href='#nb10' class='spip_note' rel='footnote' title='Artisan fabriquant des "chéchias" sorte de bonnets tunisiens traditionnels (...)' id='nh10'>10</a>] …etc). Mon premier salaire hebdomadaire - un dinar pour 08 heures de travail par jour-. A la fin de la semaine, mon budget de misère m'était automatiquement confisqué. Ce fut la partie la plus noire et la plus écœurante de mon enfance : abus sexuels et bastonnades. Transpiration, obscurité, nausée. Le non-dit de mon existence est enterré sous les décombres de ateliers sales, sombres et puants de faubourgs de la vieille ville. De temps à autre, la douleureuse mémoire de cettte injustice qu'a subie un enfant se recompose et me laisse sans voix. Résigné.</p> <p>Une fois par mois, les adultes décidaient une descente collective à la plage en TGM. Trop de monde pour moi et surtout un corps, sans protection, exposé toute la journée à un soleil sadique d'une méchante saison que d'autres passent à l'ombre de leurs villas en banlieue en critiquant la racaille que nous sommes, venue polluer les plages des alentours. Depuis, je déteste la mer qui n'a- selon moi- rien de romantique et rien d'humain. Je préfère les nuages.</p> <p>A l'école de Bourguiba, a fleuri mon enfance et s'est épanouie mon adolescence. Les moments les plus libres et les plus constructifs je les ai vécus à l'école de Bourguiba. L'école de la République. C'est là où j'ai appris à regarder autrement mon quotidien et mes modestes origines. C'est là où j'ai appris aussi à pardonner l'ignorance. C'est là où j'ai eu pour la première fois le satisfecit de ma charmante institutrice.</p> <p>Aujourd'hui, je suis ailleurs avec de nouvelles aspirations et vivant dans un autre espace : dans les livres, par les livres et avec les livres et en communion avec les idées les plus géniales et les plus invraisemblables. Je dois reconnaître que Bourguiba nous a donné-et c'est son mérite- des chances égales.</p> <p>Enfin, j'ai parlé plus de moi- dans ce texte- que de Bourguiba à qui je dois ce que je suis.La page Bourguiba fut tournée d'une manière assez brusque et ne restent de lui que quelques fragments de mémoire et d'images perdues à la marge de textes dans lesquels nos chers tunisiens attribuent exclusivement notre soi-disant bien être socio-économique à l'ère nouvelle et applaudissent un régime répressif et une dictature implacable.</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh1' id='nb1' class='spip_note' title='Notes 1' rev='footnote'>1</a>] Combattant suprême Son Excellence Monsieur Habib Bourguiba.</p> <p>[<a href='#nh2' id='nb2' class='spip_note' title='Notes 2' rev='footnote'>2</a>] De la région de Sousse, Monastir et Mehdia.</p> <p>[<a href='#nh3' id='nb3' class='spip_note' title='Notes 3' rev='footnote'>3</a>] Les instructions de Monsieur le Président:Une émission qui durait trois minutes avant le télé journal au cours de laquelle Bourguiba parlait d'un thème bien particulier.</p> <p>[<a href='#nh4' id='nb4' class='spip_note' title='Notes 4' rev='footnote'>4</a>] Eh leader des leaders, cher Bourguiba.</p> <p>[<a href='#nh5' id='nb5' class='spip_note' title='Notes 5' rev='footnote'>5</a>] Formule très usitée à l'époque « Par notre âme, par notre sang, pour toi nous nous sacrifions ».</p> <p>[<a href='#nh6' id='nb6' class='spip_note' title='Notes 6' rev='footnote'>6</a>] Vive Bourguiba</p> <p>[<a href='#nh7' id='nb7' class='spip_note' title='Notes 7' rev='footnote'>7</a>] Un chant populaire de campagne servant à implorer le ciel quand il décide de retenir ses larmes : La pluie.</p> <p>[<a href='#nh8' id='nb8' class='spip_note' title='Notes 8' rev='footnote'>8</a>] Tunisois.</p> <p>[<a href='#nh9' id='nb9' class='spip_note' title='Notes 9' rev='footnote'>9</a>] Alcool pas cher à usage domestique.</p> <p>[<a href='#nh10' id='nb10' class='spip_note' title='Notes 10' rev='footnote'>10</a>] Artisan fabriquant des "chéchias" sorte de bonnets tunisiens traditionnels de couleur rouge.</p></div> Cinq moins cinq ! http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article859 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article859 2003-12-03T20:23:36Z text/html fr Bourguiba Le Sommet cinq moins cinq ! Le Sommet du fameux dialogue cinq plus cinq se tiendra à Tunis très prochainement (les 05 et 06 décembre 2003). Cette échéance fort médiatisée par le Gouvernement tunisien permettra une rencontre entre les cinq pays de la rive nord de la Méditerranée et du sud de l'Europe (France, Espagne, Italie, Portugal et Malte) et les cinq pays de la rive sud de la Méditerranée et du nord de l'Afrique (Libye, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie). L'on espère un rapprochement entre les (...) - <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique40" rel="directory">Politique</a> <div class='rss_texte'><p>Le Sommet cinq moins cinq !</p> <p>Le Sommet du fameux dialogue cinq plus cinq se tiendra à Tunis très prochainement (les 05 et 06 décembre 2003). Cette échéance fort médiatisée par le Gouvernement tunisien permettra une rencontre entre les cinq pays de la rive nord de la Méditerranée et du sud de l'Europe (France, Espagne, Italie, Portugal et Malte) et les cinq pays de la rive sud de la Méditerranée et du nord de l'Afrique (Libye, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie). L'on espère un rapprochement entre les bouts des deux continents afin de permettre la création d'une zone de libre-échange- et par conséquent une intrusion plus institutionnalisée des produits et services européens dans l'espace maghrébin-et la promotion des valeurs du bien-être social, de la démocratie et des droits de la femme. En somme, l'on espère de cette échéance, qui se tient en Tunisie, parler des questions essentielles dont les traits et les contours sont loin d'être clairs.</p> <p>La Tunisie a commencé à se préparer à cet évènement depuis le début de l'année : assurer la sécurité des responsables sud-européens et montrer au monde que malgré tout ce qui se dit à droite et à gauche sur le régime répressif du président Ben Ali, que la Tunisie est crédible. Bien plus crédible qu'une Libye désorientée par un Président qui change de tendances chaque trimestre et il paraît qu'il est-en ce moment- africain, qu'une Algérie déchirée par une guerre civile et secouée par la douleur d'une démocratie qui a encore du mal à voir le jour, qu'un Maroc où l'on baise quotidiennement la main de sa majesté le roi infaillible et qu'une Mauritanie où les mascarades électorales sont bien possibles (la réélection d'un président qui a, avec beaucoup de sang froid, accusé ses adversaires de fomenter un coup d'Etat).</p> <p>De l'autre côté et un peu plus au nord, les problèmes sont bien différents et les vices cachés de la politique européenne envers les pays de la rive sud de la méditerranée ne le sont plus. Désormais, ils sont bien apparents. Les ghettos maghrébins en France, en Espagne et en Italie dérangent les européens de second rang qu'ils sont. La Communauté maghrébine en Europe du sud est très importante- dumoins en nombre- pour des raisons bien connues (mainmise occidentale historique, politique et économique sur l'Afrique du nord). De la politique d'intégration des années 1970-1980 à la politique du droit à l'exception culturelle, les décisions européennes vacillent entre fermeté et laxisme. Le 11 septembre 2001 fut une date charnière pour se permettre d'expulser en masse les soi-disant maghrébins en situation irrégulière (Il l'étaient depuis toujours). S'ils ne sont pas des terroristes, ils le seront forcément nous affirme Sarkozy !</p> <p>Trois volets seront à l'ordre du jour du Sommet 5+5 :</p> <p><img src="http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> sécurité et stabilité en Méditerranée occidentale ; <br /><img src="http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> coopération économique et intégration maghrébine ; <br /><img src="http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> et coopération dans les domaines social et humain.</p> <p>Ces déclarations de principe qui ne veulent plus rien dire aujourd'hui sont à l'ordre du jour de notre Sommet qui vient concrétiser un vieux processus initié en 1991 à Rome et mettre en exergue les convergences d'intérêts entre les pays du sud de l'Europe et du Sud de la Méditerranée (Dialogue sud-sud ?). Chaque Gouvernement cherchera à servir ses propres intérêts.</p> <p><img src="http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> De leur côté, les pays du sud de l'Europe, vont œuvrer à assurer leur interminable hégémonie économique pour continuer à absorber nos produits agroalimentaires de bonne qualité et peu chers et s'infiltrer encore plus dans les économies maghrébines déjà mises à mal depuis l'avènement de l'ajustement structurel qui n'était qu'un pas vers le libéralisme économique.</p> <p><img src="http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Les Gouvernements du Sud, quant à eux, demanderont d'augmenter l'aide financière et technique et signeront des programmes de partenariat, qui ne sont en vérité que des programmes d'assistance et de dépendance. La sécurité sera à l'ordre du jour et la très épineuse question des l'émigration clandestine et le fameux quota d'immigrants accordé annuellement au pays nord-africains -pour accentuer le dumping social en Sicile ou en Andalousie- seront soulevés et défendus par nos Gouvernements qui demanderont plus.</p> <p>Des aides pour la mise à niveau d'une économie agonisante et hybride. En fait sommes-nous (tunisiens) socialistes ou capitalistes ? Je crois que ni les uns ni les autres. Une protection douanière capricieuse et des acquis sociaux fragiles confiés à des caisses bénéficiaires, un Smig qui est resté le même depuis dix ans et un enseignement très coûteux en raison des demandes infinies en fourniture scolaires sophistiquées. Privatisations, désengagement de l'Etat de la Santé et de l'enseignement, une super inflation, déficit budgétaire camouflé et une balance commerciale éternellement déficitaire. Trop de données contradictoires qui rendent difficile, voire-même impossible- la tâche de porter un réel jugement sur l'état de santé de l'économie tunisienne. Absence de statistiques fiables.</p> <p>La Tunisie est fière de ses réalisations mais elle néglige l'écart, de plus en plus croissant, entre riches et pauvres. L'on évoque souvent cette histoire de 80% de classe moyenne. Cela m'étonne quand je fais un petit tour en Tunisie. De Cité Ettadhamen à Sidi Bou-Saïd, de Sousse à Kébili ? Je ne vois pas cette classe moyenne de 80% Je ne peux voir qu'une masse agonisante, fortement endettée et dont le maigre salaire est réparti en une infinité de rubriques (il faut lui ajouter la rubrique Carrefour parce que le rythme de vie des tunisiens justifie aujourd'hui la consommation des produits surgelés. Ils travaillent 12 heures par jour).</p> <p>Je suis de la masse et je sais ce que c'est qu'être de la masse des soi-disant 80% de la classe moyenne. Nous Mangeons des pattes, des patates et du pain tout au long de la semaine. De temps à autre un kilo de viande réparti sur quatre jours et pour les nombreux enfants que nous étions. Mon pauvre père paye encore et ce sera pour dix ans les crédits de la Banque d'Habitat pour la maison qu'il s'est achetée en banlieue pourrie de Tunis. Une Maison construite sur des terres expropriées à des pauvres paysans pour utilité publique pour que l'AFH se fasse un incroyable patrimoine foncier. Mon père a payé cher une maison dont la qualité de construction est lamentable. Des fois, quand il m'arrive de rêver en marchant, je me retrouve dans la maison de nos voisins. Toutes les maisons se ressemblent.</p> <p>Le nord de l'Afrique et le Sud de l'Europe se réunissent pour un rapprochement entre Continents et pour parler bien franchement des préoccupations des uns et des autres. Une échéance très importante pour la Tunisie mais quelle sera la responsabilité des Gouvernements européens dans tout ça ? Est-il possible de faire une alliance avec le diable ? Est-il encore possible de compter sur le secours de l'Europe avec les Gouvernements de droite qui applaudissent les réalisations et la politique bienveillante d'un régime qui a opprimé islamistes et non islamistes ? Faut-il encore espérer que Saint Jacques Chirac intercède pour nous pauvres pécheurs ? je ne crois pas qu'ils vont venir à notre secours. Le communiqué commun vous le prouvera le 06 décembre !</p></div> La Tunisie en bandes dessinées. http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article841 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article841 2003-11-26T20:30:58Z text/html fr Bourguiba Depuis ma dernière promenade au centre-ville de Tunis, l'idée m'est venue de rédiger quelque chose sur le thème mentionné. Printemps 2003, saison exceptionnellement belle après un long et froid hiver. Juste derrière le Palmarium qui fut jadis l'un des plus charmants édifices de la ville coloniale, dans un coin se trouve une librairie. J'adore flâner ici et là et observer les tunisiens en action. Trop de flics et trop de gigolos. Une jeunesse désespérée qui s'offre à toutes les gammes de touristes qui (...) - <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique41" rel="directory">Société</a> <div class='rss_texte'><p>Depuis ma dernière promenade au centre-ville de Tunis, l'idée m'est venue de rédiger quelque chose sur le thème mentionné. Printemps 2003, saison exceptionnellement belle après un long et froid hiver. Juste derrière le Palmarium qui fut jadis l'un des plus charmants édifices de la ville coloniale, dans un coin se trouve une librairie. J'adore flâner ici et là et observer les tunisiens en action. Trop de flics et trop de gigolos. Une jeunesse désespérée qui s'offre à toutes les gammes de touristes qui viennent chercher un moment d'intimité (femmes âgées, homosexuels et même pédophiles). La contre-partie est maigre (10 dinars le coup) et des fois, un visa ou une alliance qui, dès l'arrivée à la rive nord, est remise en cause pour différence d'âge, incompatibilité de caractères ou pour désillusion.</p> <p>Je ne veux pas me perdre même si il y a mille raisons pour s'éloigner de l'essentiel. Adorant les livres et n'ayant pas les moyens de me les procurer chez Claire-Fontaine de la Rue d'Alger derrière la Cathédrale Saint Vincent de Paul, de la Librairie Al Moez (Al Menzah I) ou de la Galerie Mille-Feuilles (La Marsa), je vais ailleurs, là où c'est plus abordable mais moins intéressant. Les prix exorbitants font que la culture ou plutôt l'essentiel de la culture est demeuré bourgeois. C'est la politique actuelle : plus les gens sont imbéciles mieux c'est. Il ne me reste que les bouquinistes de la Rue d'Angleterre ou des la Rue des Teinturiers. Ma maigre bourse ne permet pas de faire autrement.</p> <p>Derrière le Palmarium dans une librairie qui s'approprie tranquillement de l'angle, j'ai décidé de rentrer et jeter un coup d'œil sur ces livres dont les prix semblaient assez intéressants. Une demoiselle voilée, si ma mémoire ne me trahit pas, et un jeune monsieur tiennent les comptes derrière une caisse sécurisée. Je me laisse perdre - j'exagère - et tombe sur mon trésor : « Tounis warrehla arraiaa », La Tunisie et le merveilleux voyage.</p> <p>C'est un livre mauve, couleur apparemment préférée de Ben Ali, un livre de bandes dessinées pour enfants. Je commence la lecture. Il s'agit de l'histoire de deux enfants qui ont demandé à leur père de leur parler de la Tunisie et de son glorieux passé. Une muse intrigante se ramène et remonte avec les deux gamins dans le temps pour découvrir les berbères, carthaginois, romains, vandales, byzantins, andalous, ottomans que nous sommes. Tout fut abrégé et réduit à quelques lignes et quelques dessins naïfs et grotesques. C'est bien révélateur. Il faut simplement faire un petit tour dans nos galeries et voir combien nos soi-disant artistes sont médiocres.</p> <p>L'histoire de la Tunisie est, dans ce livre, résumée, ramassée en une phrase écrite en gras « Wa kana attaghirou » Et ce fut le changement du 07 novembre. Les combattants qu'ils soient suprêmes ou moins suprêmes furent mis dans le même sac. Ils furent cristallisés en une seule photo de groupe. Bourguiba est parmi bien d'autres et il ne mérite pas plus qu'une demie page. Ben Ali décide de le remettre à sa juste place. Histoire de règlement de compte historique ou d'une jalousie hystérique ? Je ne sais pas !</p> <p>Les images caricaturales et mauves du livre se concentrent à partir de la cinquième page sur les réalisations de la Tunisie de l'ère nouvelle et de « l'artisan du changement ». Aimant l'histoire contemporaine et m'intéressant à tous les phénomènes bizarres, je me suis permis de faire le lien entre Ben Ali au milieu des enfants leur expliquant la tolérance en disant « c'est accepter l'opinion des autres » et le Duché. De Mussolini à Benalini, voilà le thème d'un prochain texte. La partie la plus importante et la mieux illustrée est celle de la Tunisie d'après 1987. La Tunisie n'aurait jamais existé sans le changement. Que deviendrons-nous sans toi Benalini ? C'est pour cela que nous te prions de te présenter de nouveau aux élections de 2004. Please Mister Président !</p> <p>J'ai acheté le livre à un prix intéressant : 1dinar. Le peuple te rend grâce Ben Ali pour ce que tu fais pour la Culture ! J'ai remercié le caissier et repris mon errance mais j'avais la rage… La rage d'un jeune tunisien qui a subi la médiocrité des années 1980, le totalitarisme politique et intellectuel des années 1990 et le mysticisme de ce début de siècle.</p> <p>« Tounes Warrehla Arria » fait aujourd'hui partie de ma collection d'objets de la dictature. L'histoire ne me pardonnera pas si je ne garde pas une trace de ces affiches, stylos, réveils, livres, bulletins de vote noir pour non et blanc pour oui, articles du Renouveau et pourquoi pas un livre de bandes dessinées pour enfants !</p> <p>La Tunisie d'aujourd'hui est une sorte d'interminable série de bandes dessinées. Avez-vous suivi la médiatisation du Référendum ? Avez vous regardé nos panneaux publicitaires ? Avez-vous, ne serait-ce que par curiosité, jeté un coup d'œil sur nos livres scolaires ? Vous rappelez-vous de notre fameux petit Tounsi des jeux méditerranéens ? Que pensez-vous des fleurs en plastiques qui ornent la plupart de nos espaces intérieurs ? Et le travail de nos peintres ? C'est la culture de la Tunisie d'aujourd'hui : une grande télévision au centre du séjour, des meubles dorés, des encadrements accrochés au plafond et des fausses plantes dans nos couloirs. Les livres n'ont plus de place dans nos espaces et c'est bien désolant. Merci Mr. Hermessi pour ce que tu fais de la culture de l'ère Nouvelle ! Les générations futures, les générations de gens que j'espère libres ne vous pardonneront jamais.</p> <p>Je traîne beaucoup dans le pays et je crois avoir un oeil assez averti pour porter un jugement plus ou moins scientifique sur l'architecture fantasmatique de la Tunisie des dix dernières années. Hammam Sousse et toute la côte jusqu'à Gabès semblent aujourd'hui une espèce de « Hollywood villages » où plus rien ne te choque, tu y trouveras même des temples chinois. Les couleurs horribles et kitsch. Les constructions longeant le ciel plat et vide de la ville présidentielle.</p> <p>Dans mon premier article envoyé au site <i>Tunisie réveille-toi !</i>, j'ai parlé de bédouins et il paraît que ça n'a pas plu à certains lecteurs. Je n'ai rien contre les paysans et les bédouins. J'en suis un. Mais, j'ai horreur du bédouin parvenu et du paysan dévergondé. Je vise par là tous ces gens qui se sont injustement enrichis et qui, en roulant en Mercedes, vous klaxonneront pour vous dépasser et vous regarderont avec mépris. Que dire de ce que fut la belle colline du nord du Belvédère, rasée et déboisée pour que des bédouins parvenus construisent des villas en trois étages dont deux sont loués à des prix forts ? Et la côte de Gammarth offerte aux famille royales, celle de Monsieur et celle de Madame ?</p> <p>Je reviens à mon livre destiné à nos malheureux enfants dont la seule faute est d'être nés sous l'étoile de Ben Ali. Tous ceux qui ont oeuvré à l'édition de « Tounes warrehla Arraiaa » devront tôt ou tard avoir honte d'eux-mêmes. Tous ceux qui essayent de plaire à un pouvoir qui s'éternise se trouveront un jour à la marge. L'honnêteté intellectuelle est une qualité humaine essentielle qu'il ne faudrait jamais perdre même dans le contexte d'une dictature et d'un totalitarisme existentiel. Ben Ali disparaîtra un jour. Le prix sera très fort et le pire des <i>scénarii</i> - le plus plausible - serait une guerre de clans, un peu à la <i>ninja</i>.</p></div>