Tunisie Réveille Toi ! http://www.reveiltunisien.org/ Site d'information et d'opinion sur la Tunisie fr SPIP - www.spip.net Sortir de la prison, Un combat pour réformer les systèmes carcéraux dans le monde http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article114 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article114 2002-09-11T13:27:42Z text/html fr A.B.A Arrestation Prison Ahmed Othmani Avec Sophie Bessis, Préface de Robert Badinter Edition la découverte 134 pages, chez votre libraire. Si quelqu'un vous pose un jour une question sur ce qu'a été la situation carcérale en Tunisie depuis l'indépendance et jusqu'à la fin de la dictature, racontez leur les témoignages de prisonniers et puis racontez leur Ahmed Othmani. Car sinon, votre récit sera noir et incomplet. Né en 1943 dans une famille de nomades du sud, projeté à 14 ans dans le Tunis de l'indépendance, il adhère (...) - <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique3" rel="directory">DéLivres</a> / <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot13" rel="tag">Arrestation</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot19" rel="tag">Prison</a> <div class='rss_chapo'><p>Ahmed Othmani</p> <p>Avec Sophie Bessis,</p> <p>Préface de Robert Badinter</p> <p>Edition la découverte 134 pages, chez votre libraire.</p></div> <div class='rss_texte'><p>Si quelqu'un vous pose un jour une question sur ce qu'a été la situation carcérale en Tunisie depuis l'indépendance et jusqu'à la fin de la dictature, racontez leur les témoignages de prisonniers et puis racontez leur Ahmed Othmani. Car sinon, votre récit sera noir et incomplet.</p> <p>Né en 1943 dans une famille de nomades du sud, projeté à 14 ans dans le Tunis de l'indépendance, il adhère en 1965 au GEAST, le Groupe d'étude et d'action socialiste tunisien mieux connu sous Perspective, le nom de sa revue. Cet engagement lui vaudra sous la dictature du parti unique qu'instaure Bourguiba de connaître tout d'abord la clandestinité ensuite la prison pour la première fois en 1968. Au total il fera plus de dix ans de prison.</p> <p>Si la première partie du livre est en soi un témoignage sur la Tunisie de cette époque, elle permet de comprendre, comme le commente Sophie Bessemers co-auteur du livre, comment « de leur expérience [le GEAST] à la fois exaltante et amère, ses membres auront gardé le sens de l'engagement et beaucoup d'entre eux se muent, dans les décennies suivantes, en militants des droits humains ». Ainsi Ahmed Othmani est venu aux droits humains. En 1977 alors qu'il était en prison, il s'arrange avec d'autres prisonniers pour envoyer une lettre qui sera lue lors de la réunion constitutive de la LTDH. Ensuite et dès sa sortie de prison, il s'engagera dans Amnesty International. Avec sa femme Simone Othmani, ils contribueront à la création en 1981 de la section tunisienne de l'association londonienne. Il explique son engagement dans Amnesty par le fait que cette association avait la démarche d'adopter des prisonniers politiques, d'établir des ponts avec les prisonniers en correspondant avec eux. Lui-même a été le premier prisonnier d'opinion à s'être adopté par la section française nouvellement crée. La publication d'un témoignage qu'il avait écrit en correspondant avec une suédoise membre d'un groupe d'Amnesty lui fait découvrir cette nouvelle manière de militer « non politique ». La création de la LTDH constitue pour lui la naissance du militantisme non politique en Tunisie.</p> <p>Son engagement non politique s'affirmant fera qu'en 1984 il s'installe à Londres pour occuper à Amnesty International le premier poste de responsable du développement du mouvement au Maghreb et au Moyen Orient, y compris Israël. Il sera porteur de l'universalité des droits de l'homme et explique la difficulté de sa mission dans Amnesty. Car à la différence de la FIDH qui a une vision fédérale, chaque ligue membre ne s'occupe que de son pays, Amnesty prône la défense des droits de l'homme ici et ailleurs pour chacune de ses sections. Cette vision se heurtait à des difficultés dans le contexte du conflit proche oriental et de la guerre froide.</p> <p> Ce n'est qu'en 1989 qu'Ahmed Othmani se consacre entièrement à la vie carcérale dans les prisons mondiales. Le Penal Reform International voit le jour. Au même moment, le monde vit la chute du mur de Berlin, et le début des mutations vers un nouvel ordre Mondial et le début de l'affirmation d'un nouvel axe qui viendrait remplacer l'axe est-ouest, le Nord-Sud. Un clivage qui n'existe pas forcément en matière de système pénitencier. Nous nous apprenons qu'il y des suds dans le nord et des nords dans le sud.</p> <p>Reste tout de même que l'amélioration de la condition carcérale commence en amont par une bonne pratique de la justice. Dans ce sens, dans des pays où la population carcérale est grande, comme la Jordanie, on apprendra que les inculpés ne bénéficient pas tous de l'assistance juridique d'un avocat commis d'office par la cour. Seul les délits susceptibles d'une condamnation à mort ou à perpétuité obligent la cour à affecter un avocat pour défendre l'inculpé. Et au contraire, dans d'autres pays des choix politiques ont été faits pour réduire la population carcérale. Le Liban par exemple a introduit au niveau de la loi des textes donnant des sursis automatiques ou des travaux d'intérêt général aux personnes condamnées à moins d'un an de prison.</p> <p>Si le PRI est une association de droits de l'homme en l'occurrence des prisonniers, le choix d'action choisie l'apparente plus à une association de développement. Par souci d'efficacité, le PRI choisit de n'agir donc que dans les pays ou il y a une réelle volonté d'amélioration de la condition carcérale soit de la part de l'ةtat lui-même, soit de la part de la société civile. Il contribuera par exemple au Pakistan en s'associant à un groupement d'associations pour fournir une aide judiciaire et garantir des avocats pour les inculpés. Il contribuera aussi au Bénin en réfléchissant sur les besoins du système pénitencier avant de mettre en application, en obtenant un financement coopératif français et en partenariat avec le gouvernement et les ONG locales, une réforme globale intégrant des modifications de quelques textes de loi, et des prises en charge post carcérales des détenus.</p> <p>Le livre est par ailleurs très riche, il fait état d'une grande expérience de terrain, appuyée par des chiffres et des observations sur l'univers carcéral mondial. Ahmed Othmani observe que la compréhension de l'incarcération a beaucoup avancé grâce à l'existence des prisonniers politiques. Lui-même en a été un dans les prisons tunisiennes, dans lesquelles la situation carcérale demeure inchangée. Nous nous réjouirons tout de même de l'effort de transcendance qu'ont entrepris des tunisiens comme Ahmed Othmani ou des étrangers qui en était affecté comme Michel Foucault et qui les uns comme les autres nous fournissent les moyens de la comprendre, de l'améliorer afin que finalement cet espace de punition et de non droit devienne un espace de compréhension et de réinsertion.</p></div> <div class='rss_ps'><p><a href='http://www.penalreform.org/'>Le site du PRI</a></p></div>