Tunisie Réveille Toi ! http://www.reveiltunisien.org/ Site d'information et d'opinion sur la Tunisie fr SPIP - www.spip.net Nouvelle méthode de répression crée par le régime tunisien http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article2889 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article2889 2009-03-11T18:21:13Z text/html fr Moncef Marzouki TUNISNEWS du 10 mars 2009 Défenseur De droit de l'homme Me Abdelwahab Matar est professeur de droit à l'Université de Sfax en Tunisie. C'est un avocat engagé dans la défense de toutes les victimes de la dictature. Il milite dans le mouvement des droits de l'homme en Tunisie depuis les années 80. Il est dirigeant de l'association Internationale de défense des prisonniers politiques (aispp)– interdite-. Il a été envoyé en 2006 par la Commission Arabe des droits de l'Homme en Mauritanie comme (...) - <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique22" rel="directory">Nous n'oublierons pas</a> <div class='rss_chapo'><p>TUNISNEWS du 10 mars 2009</p></div> <div class='rss_texte'><p>Défenseur De droit de l'homme</p> <p>Me Abdelwahab Matar est professeur de droit à l'Université de Sfax en Tunisie. C'est un avocat engagé dans la défense de toutes les victimes de la dictature. Il milite dans le mouvement des droits de l'homme en Tunisie depuis les années 80. Il est dirigeant de l'association Internationale de défense des prisonniers politiques (aispp)– interdite-.</p> <p> Il a été envoyé en 2006 par la Commission Arabe des droits de l'Homme en Mauritanie comme observateur des élections. Il fait partie de son pool d'avocats qu'elle mobilise pour être observateurs dans les procès politiques.</p> <p>C'est aussi un homme politique et l'un des fondateurs et des dirigeants du ‘' Congrès pour la république ‘' parti d'opposition interdit.</p> <p>Cet homme est actuellement ciblé par le pouvoir tunisien qui paraît décidé à le briser par des techniques sophistiquées, visant à le déposséder de tous ses biens et à le précipiter lui et les siens dans la misère, et de toutes les façons à le détourner de la défense des causes justes pour se consacrer à un combat pour la survie.</p> <p>Le redressement fiscal est l'une des techniques favorites du régime tunisien pour affirmer et maintenir sa domination. Elle a été utilisée d'abord contre les hommes d'affaires pour les obliger à se montrer généreux envers le parti au pouvoir, ou d'accepter dans leur capital des individus louches souvent proches de la famille du président et de sa femme. L'arme est utilisée souvent contre les avocats défenseurs des droits de l'Homme.</p> <p>Mais le cas de Me Matar est unique par son énormité tant sur le plan juridique que sur le plan des sommes demandées.</p> <p>En septembre 2004 , Me Matar a été assujetti à un contrôle fiscal approfondi portant sur les années 2000,2001,2002 et 2003, et l'obligeant à payer 16.796. Dinars tunisiens (DT). Même contrôle tatillon en 2004, 2005 et 2006.</p> <p>Le 14 juillet 2007, l'administration le somme de payer la somme astronomique de 240.000 DT, se basant sur un revenu annuel supposé d'un million et demi de dinars.</p> <p> Pour justifier une taxation aussi surréaliste, elle a compté comme fonds propre de l'intéressé, les avoirs qu'il a récupéré pour ses clients. Ces derniers ont eu beau témoigner que toutes les sommes taxées étaient les leurs et qu'elles ont été récupérées, l'administration persista dans ses demandes.</p> <p>Le 11 octobre, elle a commencé à saisir le compte bancaire de Me Matar, sa voiture et celle de son fils, ainsi que sa maison.</p> <p> Tout cela couronnant des années de filature, de surveillance des cours à la faculté et de traitements indignes à l'aéroport lors des déplacement ou de retour de l'étranger.</p> <p> Pourquoi cet acharnement spécial qui dépasse de loin le lot commun de tous les défenseurs des droits de l'Homme en Tunisie ?</p> <p>La réponse est simple. Me Matar a intenté en 2002 un procès devant le tribunal administratif pour annuler pour vice de forme , le réferundum organisé par le régime pour donner au président Ben Ali l'immunité et le droit de se présenter indéfiniment aux ‘' élections présidentielles''</p> <p> Pour un régime cynique, comme la dictature tunisienne, soucieux d'habiller tous ses excès et ses violations des libertés par un voile juridique, la démarche était d'autant plus subversive qu'elle mettait en cause la légalité des élections de 2004, celles en préparation de 2009, et donc la légitimité du régime et de son chef.</p> <p>Le cas Matar est symptomatique à plus d'un titre.</p> <p>Il montre la sophistication mise en place dans la répression des militants des droits de l'homme. Il témoigne de la dégradation du droit et de la justice en Tunisie. Il est une attaque flagrante et une intimidation de plus contre tout le barreau tunisien prévenu de ce qui l'attend éventuellement.</p> <p> Il est aussi le drame d'un homme et d'une famille qui se voient spoliés de tous leurs biens au nom d'une loi taillée sur mesure et qui payent au plus cher leur engagement dans le combat pour le droit et la justice.</p> <p>Votre soutien, sous quelque forme que vous voudrez bien lui donner, sera un soutien non seulement à Me Matar et à sa famille, mais aussi aux causes pour la défense desquelles, le régime tunisien veut les ruiner et les affamer,</p> <p>Dr Moncef Marzouki</p> <p> Président d'honneur de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme</p> <p>Ancien Président de la Commission Arabe des Droits de l'Homme</p> <p>(Source : <a href="http://www.alhiwar.net/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>www.alhiwar.net</a> le 10 mars 2009)</p></div> Sortie de crise http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article2452 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article2452 2007-02-01T19:27:03Z text/html fr Moncef Marzouki Lu sur Tunisnews Ce qui était le plus redouté a fini par se produire : la Tunisie a basculé dans la violence armée. Il ne fallait pas être un grand devin pour prévoir ce qui est arrivé. Posez au plus inexpérimenté des politiciens la question suivante : qu'advient-il dans un pays dont le président pratique une politique de corruption à ciel ouvert, de répression tous azimuts, de refus systématique de toute réforme, de mépris pour le peuple, d'aveuglement, d'orgueil et d'injustice ?‚ Il vous dira : « mais (...) - <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique86" rel="directory">Moncef Marzouki</a> <div class='rss_chapo'><p><a href="http://www.tunisnews.net/25janvier07f.htm" class='spip_out' rel='external'>Lu sur Tunisnews</a></p></div> <div class='rss_texte'><p>Ce qui était le plus redouté a fini par se produire : la Tunisie a basculé dans la violence armée. Il ne fallait pas être un grand devin pour prévoir ce qui est arrivé. Posez au plus inexpérimenté des politiciens la question suivante : qu'advient-il dans un pays dont le président pratique une politique de corruption à ciel ouvert, de répression tous azimuts, de refus systématique de toute réforme, de mépris pour le peuple, d'aveuglement, d'orgueil et d'injustice ?‚ Il vous dira : « mais c'est tout bête, cela finira par exploser. اa a explosé.</p> <p>Ah les grands cyniques parlent même d'une opération des services spéciaux pour justifier la répression à venir et obtenir davantage d'appui du protecteur étranger. Certains parlent de règlement de compte entre les familles maffieuses elles-mêmes. Tout est possible avec les as de la manipulation et de la désinformation. Le communiqué par lequel un mystérieux groupe salafiste revendique la responsabilité des derniers évènements est si ridicule qu'il sent la lourde patte des officines. Bref on ne connaîtra le fin mot de cette histoire que dans quelque temps plus ou moins proche. Tout cela ne change rien à l'essentiel à savoir que le Rubicon a été franchi. Le sang commence à couler en Tunisie.</p> <p>Maintenant que va-t-il se passer et que devons nous faire pour que cela n'empire pas ? Première question : le dictateur est-il capable d'entendre et de comprendre le sens des derniers événements ? Peut-il faire machine arrière, mettre fin à la corruption de ses familles, faire rentrer ses policiers dans leurs casernes, ouvrir le dialogue avec ses opposants les plus modérés, préparer son départ ? Très peu vraisemblable. On a eu droit aux mensonges habituels sur les derniers évènements. Monsieur se fait prier‚ pour se faire ré-élire‚ en 2009. Madame fait ses emplettes, jette son dévolu sur le siège de HEC à Carthage pour son nouveau Palais. Il paraît qu'elle se prépare à nous hériter et qu'elle se prend pour Ségolène Royal.</p> <p>Grotesque. Les familles se voient vraiment propriétaires de la Tunisie jusqu'à la fin des temps. Face à la grogne du pays, à l'explosion de la violence quelle qu'en soit l'origine et l'instigateur, le dictateur a le choix entre la fuite en avant et vers le bas, et une fausse ouverture sur de faux opposants pour de fausses réformes. Il optera pour les deux. Attendez-vous d'une part à un renforcement de la répression, d'autre part à un battage médiatique sur de pseudo-initiatives, de pseudomesures. La routine du mensonge permanent si caractéristique de l'homme et de son régime. Et pour cause. Il ne faut jamais oublier que nous avons affaire à un militaire, dressé, quand il est en position de subordonné, à obéir aveuglément, et à exiger l'obéissance aveugle quand il est en position de commander. De plus, ce militaire est un policier des services secrets. Or dans cette “école”, on n'apprend pas le dialogue, la négociation, mais les cinq techniques : manipulation, intimidation, chantage répression et falsification. On n'y traite pas avec des partenaire sauf s'il s'agit de collègues des autres services secrets- mais avec des agents, des hommes de paille et des hommes de main.</p> <p>Toute la politique de cet homme porte la signature de ces techniques de basse police érigées en art de gouverner. Il faut donc s'attendre donc, atavisme oblige, à la continuation de tels procédés, donc à la persistance et à l'aggravation de l'origine du mal qui a conduit à l'inévitable explosion d'une violence injustifiable mais explicable. Tout cela rend encore plus urgent une vraie sortie de crise. Laquelle ? L'ironie de l'histoire fait que en 20 ans le dictateur a bouclé la boucle. Il a ramené la Tunisie au point où il l'avait prise en charge avec son prétendu programme de changement. Comme en novembre 1987, le pays se retrouve avec un président malade et déconsidéré, un Etat en déliquescence, une société civile en rébellion ouverte, un peuple inquiet et en attente, et pour couronner le tout, l'explosion de la violence. Oui assurément le pouvoir est à prendre en Tunisie, à plus ou moins brève échéance pour les mêmes raisons, probablement par les mêmes mécanismes qu'en 1987. Certes, l'histoire n'est pas la physique et les mêmes causes n'y produisent pas les mêmes effets. Certes elle bégaie, ne se répète pas et nous surprend toujours. Il n'en demeure pas moins qu'on voit mal aujourd'hui par quel autre mécanisme la situation pourrait être débloquée, quelle que soit la durée du blocage.</p> <p>La question est donc de savoir que va faire le nouvel artisan du nouveau changement (NANC). Il n'aura en fait que deux choix : Faire du Ben Ali ou faire du Ould Fall. Appelons le premier choix le scénario de l'éternel retour. Le NANC nous servira lors de son premier discours quelques phrases bien torchées sur la fin de l'injustice, notre maturité, notre droit à la démocratie etc. Il offrira pour se payer un brin de popularité les deux familles maffieuses en sacrifice, même si ce sont elles qui l'ont mis en selle. Les fatigués de l'opposition, les frustrés du pouvoir, se précipiteront à la soupe, arguant de la nécessité de jouer le jeu, de donner sa chance et le bénéfice du doute au libérateur. Ce dernier se fera plébisciter en 2009 et remettra le même système en marche. En avant pour un nouveau cycle de dictature. Appelons le deuxième choix le scénario du miracle. Là, l'homme ne jouera pas au NANC, jugeant le scénario obsolète et sans avenir. Il reprendra à son compte la formule mauritanienne. Il organisera une transition pacifique permettant de vraies élections législatives et présidentielles en 2009 autorisant une refondation de l'Etat et le redémarrage de la Tunisie. Malheureusement mes sources bien informées sur les desseins du ciel m‚ont appris que le budget miracle de 2007 est encore plus maigre que celui de 2006, d'ailleurs à partager entre tant des peuples et de personnes aux abois. Autant ne pas trop compter là-dessus.</p> <p>Dans tous les cas de figure, les forces alternatives et disparates se trouvant au sein de l'Etat, de la société civile et de tous les partis politiques reconnus ou non, n'ont d'autre choix, si elles veulent être dignes de leur pays, que de constituer un front politique de la résistance civile, n'acceptant rien de moins que la fin réelle de la dictature qui nous a conduit au bord du gouffre actuel. Seul un tel front, bâti non sur la revendication de réformes de surface, mais sur un vrai programme de gouvernement, sera en mesure de constituer un barrage efficace contre l'éternel retour et un vrai partenaire d'une vraie transition, si miracle il y a. Que les Tunisiens ne se fassent aucune illusion sur l'enjeu, les choix, et les redoutables échéances. Ou bien le dictateur part en 2OO7, la transition pacifique est mise en place en 2008, la refondation amorcée en 2009 sur la base de vraies élections législatives et présidentielles, ou c‚est la descente aux enfers de toute la Tunisie ?au seul bénéfice des deux misérables familles maffieuses et de leurs acolytes.</p> <p><a href="http://www.moncefmarkouzi.net/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>www.moncefmarkouzi.net</a></p> <p>(Source : L'AUDACE n°143-144 Janvier-Février 2007)</p></div> Hommes de paille, hommes de main http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article2208 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article2208 2006-06-14T21:12:29Z text/html fr Moncef Marzouki 7 familles Corruption CPR Ben Ali, ZABA samedi 10 juin 2006. Le dernier scandale de la famille régnante (le recel d'un bateau volé à un banquier français par le tristement célèbre Imad Trabelsi) rappelle ce que tout le monde sait et ce que tout le monde feint de ne pas savoir ...à savoir que l'Etat fondé par Khair-eddine est aujourd'hui l'otage des mafias. Cet Etat ressemble à un théâtre. Sur la scène s'agitent de pâles marionnettes dont un pseudo- premier ministre, un pseudo ministre de l'intérieur, un pseudo- directeur de la sécurité, (...) - <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique86" rel="directory">Moncef Marzouki</a> / <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot45" rel="tag">7 familles</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot65" rel="tag">Corruption</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot97" rel="tag">CPR</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot121" rel="tag">Ben Ali, ZABA</a> <div class='rss_texte'><p>samedi 10 juin 2006.</p> <p> Le dernier scandale de la famille régnante (le recel d'un bateau volé à un banquier français par le tristement célèbre Imad Trabelsi) rappelle ce que tout le monde sait et ce que tout le monde feint de ne pas savoir ...à savoir que l'Etat fondé par Khair-eddine est aujourd'hui l'otage des mafias.</p> <p> Cet Etat ressemble à un théâtre. Sur la scène s'agitent de pâles marionnettes dont un pseudo- premier ministre, un pseudo ministre de l'intérieur, un pseudo- directeur de la sécurité, de pseudo grands fonctionnaires, de pseudo- députés, de pseudo- diplomates.</p> <p> Leur mission à tous est de donner le change, de mimer le fonctionnement des institutions d'un Etat moderne. Ce ne sont que des hommes de paille, car le vrai pouvoir est détenu dans les coulisses (si transparentes) par les hommes de main : Les Ben Ali, les Trabelsi, les Lataief, les Chiboub, les Jilani et autres gangs de moindre envergure... noms unanimement honnis, véritables blasons d'infamie. Le lien entre les coulisses et la scène, entre les hommes de main et les hommes de paille, c'est le maître de Carthage.</p> <p> La presse française a rappelé à juste titre en relatant la dernière affaire de la famille, que le frère aîné de ce dernier a été condamné en 1991 par la justice française à dix années de prison pour trafic de drogue. Ce dealer notoire a d'ailleurs été assassiné, comme l'a rapporté ‘'L'audace ‘' par un gang rival lors d'une sordide affaire de règlement de compte soigneusement étouffée. Qui peut croire un instant que l'ancien directeur de la sûreté, puis ministre de l'intérieur, ne savait pas ce que faisait le frère, ne le couvrait pas et peut être plus .</p> <p>D'ailleurs qu'a fait le cadet devenu chef d'Etat, à travers le 2626, véritable racket à l'échelle d'un pays, que de révéler la culture maffieuse de la famille. Au palais de Carthage, le parrain a évincé le père. Depuis lors, cet homme maléfique s'il en est, a fait de l'intimidation, du chantage, de l'intoxication, de la falsification et de la répression ses armes essentielles pour courber l'échine de tout un peuple. Tout cela pour que le pillage du pays, par lui-même et ses familles, puisse se faire en toute tranquillité et impunité. Il a en effet introduit à travers ses hommes de main, cette corruption massive, généralisée, grossière et vulgaire, que la Tunisie n'a jamais connue, ni sous les Beys, ni sous le protectorat, ni sous Bourguiba. Elle a gangrené la police, la justice, l'administration, plombé notre économie et surtout infecté les cœurs et les esprits.</p> <p>C'est pourtant à un tel homme qu'une opposition timorée s'adresse pour demander des réformes. C'est pourtant à un tel homme que s'adresse ces pathétiques et dérisoires grèves de la faim pour réclamer justice. Si l'on se souvient que le principe de la grève de la faim selon Gandhi est de réveiller dans l'âme de l'adversaire son humanité endormie, On ne s'étonnera pas du peu de succès rencontré par nos valeureux grévistes .Autant espérer émouvoir un gorille par un poème d'Ibn Arabi ou par un impromptu de Schubert. C'est pourtant cet homme qui nous représente tous, devant les dignitaires et les diplomates étrangers, leur permettant de nous mépriser à peu de frais à travers le mépris qu'il leur inspire.</p> <p> Tunisiens et Tunisiennes , point de salut pour chacun et chacune , point de salut pour la Tunisie , point d'espoir pour les générations montantes, sans la fin du règne de cet homme , la fin de son régime , le rejet d'un clone le continuant toute façade renouvelée. Tunisiens, Tunisiennes, point de seconde indépendance sans une mobilisation populaire. Quelques semaines de manifestations et de grèves dans tout le pays et la triste vérité s'avèrera dans toute son horreur. Nous n'avons été terrorisés depuis si longtemps que par des hyènes en papier. Le plus dur commencera tout juste après : Tout reconstruire, l'Etat, la société, les institutions, la confiance, l'espoir. Ne vous faites aucune illusion, ce sera une tâche titanesque tant les dégâts sont graves et le mal profond. Mais ce dont nous ne pourrons pas faire l'économie c'est la réponse à la question : comment avons-nous laissé des hommes et des femmes qui auraient été traînés dans n'importe quel pays de droit, comme l'Inde ou Maurice ou l'Afrique du sud, devant les tribunaux, pour des crimes de droit commun, détruire notre pays pendant prés de deux décennies. A cette question devront répondre l'armée, la police, l'administration, la justice, les syndicats, l'opposition ...et chaque tunisien. Cet examen de conscience fait, tous autant que nous sommes, nous devons au fin fond de nos cœurs prêter à la Tunisie le seul serment qui vaille : Plus jamais ça. Paris, le 10 juin 2006</p> <p> <a href="http://www.moncefmarzouki.net/" class='spip_out' rel='external'>Site de l'auteur :</a></p> <p>Source : Site du CPR</p></div> La laïcité vue des rivages sud de la Méditerranée https://www.reveiltunisien.org/spip.php?article2042 https://www.reveiltunisien.org/spip.php?article2042 2006-01-04T20:50:26Z text/html fr Moncef Marzouki Islamisme Histoire tunisienne Blogs Laïcité Il y a quelques années, une association islamiste de Paris m'a invité à donner une conférence sur les droits de l'homme en Tunisie. J'ai commencé par dire que c'était en tant que démocrate et laïque que j'allais exposer ma vision du problème. Le présentateur s'empara immédiatement du micro pour expliquer à l'auditoire que le conférencier ne voulait pas dire qu'il était athée. Dans le monde arabe le concept est un fourre-tout aux sens multiples. Pour les dictatures comme celles de l'Irak de Saddam, de la (...) - <a href="https://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique86" rel="directory">Moncef Marzouki</a> / <a href="https://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot38" rel="tag">Islamisme</a>, <a href="https://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot52" rel="tag">Histoire tunisienne</a>, <a href="https://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot167" rel="tag">Blogs</a>, <a href="https://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot194" rel="tag">Laïcité</a> <div class='rss_texte'><p>Il y a quelques années, une association islamiste de Paris m'a invité à donner une conférence sur les droits de l'homme en Tunisie. J'ai commencé par dire que c'était en tant que démocrate et laïque que j'allais exposer ma vision du problème. Le présentateur s'empara immédiatement du micro pour expliquer à l'auditoire que le conférencier ne voulait pas dire qu'il était athée.</p> <p>Dans le monde arabe le concept est un fourre-tout aux sens multiples. Pour les dictatures comme celles de l'Irak de Saddam, de la Syrie ou de la Tunisie d'aujourd'hui, laïcité signifie modernité et occidentalisation. Pour les divers islamismes, elle est comprise comme rejet autant de l'islamisme que de l'islam. Pour les démocrates, elle recoupe une vision rejetant à la fois islamismes et dictatures. Nulle part dans le monde arabo- musulman, la laïcité n'a pu s'imposer avec le sens qu'on lui donne en France. Des hommes comme Atatürk, Reza Pahlavi ou Bourguiba seraient horrifiés de voire l'étendue et la profondeur de la réislamisation des sociétés turque, iranienne et tunisienne, aspect le plus patent de leur échec à instaurer et faire tenir en terre d'islam la laïcité à la française.</p> <p> Il est vrai que les Arabes et les Musulmans ont beaucoup de difficultés à comprendre cette notion si étrangère à leur culture et à leur histoire.</p> <p>J'essaye d'imaginer le long processus historique qui a rendu inéluctable le divorce à l'amiable signé en 1905 entre l'Eglise catholique et l'Etat républicain : les bûchers de l'Inquisition, les affaires Galilée et Giordano Bruno, la réforme et son terrible coût, le lien étroit avec la monarchie, les Chouans, le Sacré -chœur édifié en remerciement à la Vierge pour la défaite des Communards. Lourd contentieux en effet où Eglise rime avec réaction.</p> <p>En poussant plus loin la réflexion sur les causes du divorce, celle-ci apparaît comme une nécessité politique pour renforcer la République .Comment fonder l'égalité, cette valeur fondamentale de la Révolution française, entre les catholiques majoritaires et les minoritaires protestants ou juifs, autrement que par une citoyenneté garantie par un Etat religieusement neutre. La solution reste toujours valable et il est temps que les musulmans de France, comprennent que ce n'est que sous la bannière de la laïcité, qu'ils pourront défendre efficacement leurs droits, dont celui à l'égalité.</p> <p>Dernière condition expliquant le miracle de la laïcité : l'existence de deux corps parfaitement identifiables, depuis longtemps distincts et autonomes et qui peuvent de ce fait se marier ou divorcer selon leurs humeurs ou leurs intérêts.</p> <p>Si l'on se transpose maintenant dans l'univers culturel arabo- musulman, non seulement tous ces pré- requis historiques, politiques et structuraux n'existent pas, mais certains semblent fonctionner dans la direction opposée.</p> <p>L'inexistence d'une ‘' église'' islamique rend le divorce impossible avec un Etat dont la fonction essentielle a été dés sa naissance la protection et la promotion de l'islam .Mais est-ce là une caractéristique propre aux seules sociétés musulmanes ? Personne ne fait grief à Israël d'être un Etat théocratique ou à la Norvège d'inscrire dans sa constitution que c'est le christianisme protestant qui est le fondement de l'Etat. Qui n'a jamais mis en cause le système politique de la Grande-Bretagne, dont la reine est à la fois chef de l'Etat et chef de l'église anglicane ? N'est -ce pas la situation française qui est plutôt l'exception et non la règle ?</p> <p>Mais il y a des raisons encore plus profondes qui expliquent l'échec d'Attaturk de Reza Pahlavi ou de Bourguiba.</p> <p>L'islam est politiquement ambivalent car il peut être tout aussi bien le pilier de tout régime réactionnaire et le porte-drapeau de toutes les révolutions. La dynastie Ibn Séoud fait aujourd'hui face à une remise en cause basée sur l'idéologie qui l'a portée elle-même au pouvoir. Pour comprendre cette spécificité culturelle, il faut imaginer la Commune de Paris se faisant au nom du « vrai » christianisme et élevant sur la butte de Montmartre sa propre chapelle. Quant à la revendication égalitaire, elle trouve son fondement dans les commandements du Coran. Certes cette égalité n'est pas satisfaisante, notamment en matière de droits de la femme, mais elle n'en reste pas moins vivace et mobilisatrice dans le domaine politique et social. Rappelons que l'islam est aussi la clé de voûte de l'identité. Pour un Tunisien, comme pour un Syrien, le sentiment d'identité saute presque sans transition du niveau familial et clanique à celui de la Oumma (communauté islamique). La notion de Watan (patrie) en vieil arabe signifie l'endroit où l'on s'installe momentanément. N'a-t-on pas vu des Etats s'en aller avec armes et bagages pour se tailler un fief très loin du pays d'origine ? Les Omeyyades émigrèrent de Syrie en Andalousie au VIe siècle. Les Fatimides abandonnèrent au XIIe Mahdia pour aller fonder Le Caire. Les Arabes ont toujours habité leur religion et leur langue, non un espace physique défini et clos pour toujours.</p> <p>Voilà pourquoi le concept de laïcité n'a pas pris et ses chances de prendre dans les sociétés arabes et musulmanes sont quasi-nulles. Une image de la biologie permettra de mieux saisir la situation. Pour être efficace, la molécule d'un médicament doit impérativement pénétrer dans la cellule. Pour ce faire, elle doit d'abord s'unir, un peu à la manière d'une clé dans une serrure, avec une structure au niveau de la membrane cellulaire appelée récepteur. Sans ce récepteur elle ne peut être fixée, transportée à l'intérieur de la cellule et métabolisée. Tout se passe comme si la laïcité avait rebondi à la surface de nos sociétés, faute de récepteurs culturels façonnés par l'histoire.</p> <p>A la question, comment peut-on être laïque en terre d'islam la réponse est qu'on ne peut pas l'être ou à la façon d'un corps étranger dans un organisme.</p> <p>La bonne question est plutôt : comment défendre en terre d'islam, non la forme, mais l'essence des valeurs défendues en France sous la bannière de la laïcité à savoir l'égalité, la liberté et la fraternité. Or ces valeurs peuvent et doivent être défendues face à la montée des intégrismes sous la bannière de la démocratie, qui a le double mérite d'être plus universelle et moins chargée de connotations anti-religieuses.</p> <p>Toute tentative de mélanger les genres et d'assimiler la démocratie à la laïcité ne servira qu'à affaiblir le projet démocratique arabe au seul profit de l'intégrisme.</p> <p>Moncef Marzouki *Médecin, écrivain, président d'honneur de la Ligue tunisienne des droits de l'homme</p></div> Des crimes contre l'Humanité, en premier lieu. Et contre les arabes et les musulmans en second http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article1870 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article1870 2005-07-13T14:39:36Z text/html fr Moncef Marzouki Islam Monde arabe Source Tunezine Traduit de l'arabe par : Taïeb Moalla, journaliste, tmoalla@yahoo.com L'auteur : Le docteur Moncef Marzouki, penseur arabe et dirigeant du comité arabe des droits de l'Homme - www.moncefmarzouki.net. 7 juillet 2005 Suite aux événements du 11 septembre, L'Union des écrivains danois a réuni un petit nombre d'intellectuels arabes et occidentaux pour élaborer une prise de position commune et un ouvrage collectif en opposition à la notion de choc des civilisations [1]. Notre dialogue (...) - <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique43" rel="directory">Monde</a> / <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot126" rel="tag">Islam</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot189" rel="tag">Monde arabe</a> <div class='rss_chapo'><p>Source Tunezine</p></div> <div class='rss_texte'><p>Traduit de l'arabe par : Taïeb Moalla, journaliste, <a href="mailto:tmoalla@yahoo.com" class='spip_mail'>tmoalla@yahoo.com</a></p> <p>L'auteur : Le docteur Moncef Marzouki, penseur arabe et dirigeant du comité arabe des droits de l'Homme - <a href="http://www.moncefmarzouki.net/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>www.moncefmarzouki.net</a>.</p> <p>7 juillet 2005</p> <p>Suite aux événements du 11 septembre, L'Union des écrivains danois a réuni un petit nombre d'intellectuels arabes et occidentaux pour élaborer une prise de position commune et un ouvrage collectif en opposition à la notion de choc des civilisations [1]. Notre dialogue avec nos confrères occidentaux était parfois vif et amer, sans masques ni complaisance. Bref, nous nous sommes dits ce que nous avions sur le cœur. Ce qui m'a le plus marqué, c'est le courage de Jalel Sadok Al-Adhem qui a reconnu que sa première réaction à l'annonce de la destruction des deux tours du World Trade Center a été de la chamata [terme intraduisible signifiant, à peu près, « bien fait pour eux »]. Et qu'il a dû se battre contre lui-même avant de se débarrasser d'un sentiment qu'il était le premier à reconnaître infertile et futile.</p> <p>Il est certain que c'est ce que ressentent de nombreux arabes et de musulmans en voyant les arrogants pays occidentaux vivre ce que connaissent bien les peuples d'Irak, de Palestine et d'Afghanistan au milieu du silence et de l'indifférence généralisés. Le monde ne devient sans dessus dessous que quand les victimes sont des civils occidentaux. Soit ! Y a-t-il l'ombre d'un doute qu'il existe un « deux poids deux mesures », un silence sélectif d'un côté et un vacarme assourdissant de l'autre ? Certes, les rancœurs des arabes contre la politique britannique remonte à l'occupation de l'Alexandrie, de Bessorah en passant par l'occupation de Jérusalem et de la sinistre promesse de Belfor.</p> <p>Mais du malheur de qui allons-nous nous réjouir cette fois ? De celui du peuple britannique qui s'est opposé, encore plus que les peuples arabes, à la guerre en Irak ? Allons-nous exprimer notre chamata vis-à-vis les principes et les règlements qui permettent à des milliers d'arabes et de musulmans de fuir des dictatures qui occupent militairement et policièrement nos pays, pour se réfugier en Grande-Bretagne ? Et à quoi a servi notre chamata contre le peuple espagnol qui a été, lui aussi, un des peuples européens les plus opposés à la guerre en Irak et qui a profité d'une élection démocratique pour virer son premier ministre va-t-en guerre ?</p> <p>Quoi dire de l'agression de New-York ? Devait-on être content du meurtre de 3000 civils qui n'ont rien à voir dans les politiques de leur pays, comme si ce qu'ils avaient vécu allait venger la mort de milliers d'arabes et de musulmans, victimes de ces mêmes politiques américaines ?</p> <p>New-York, Madrid et Londres - et toutes les opérations qui visent des civils - à l'intérieur et en dehors du monde arabo-musulman, sont des crimes contre l'Humanité. Pas seulement au sens des principes de droits de l'Homme, mais selon des valeurs encore plus profondes et plus spécifiques de notre culture arabo-musulmane. ہ condition, bien sûr que les groupes qui revendiquent ces actes se réclament de ces deux versets coraniques : le premier stipule que : « personne ne portera la responsabilité des actes d'autrui » et le second rappelle que « quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les hommes. »</p> <p>Ces trois actes, et tous ceux qui ont visé des civils dans le monde arabe, sont des crimes contre l'Humanité et particulièrement contre les peuples arabes. Si la politique signifie la poursuite de grands objectifs - et pas juste l'accumulation de réactions absurdes ou de vengeances aveugles - elle doit être jugée sur ses résultats et non pas sur les intentions.</p> <p>En voyant les résultats inéluctables des attentats de Londres - qui sont une poursuite d'actions militaires contre des cibles civiles et en dehors du terrain réel de combat - nous découvrons à quel point ces derniers sont néfastes pour toutes les causes que nous défendons.</p> <p>Premièrement, ils contribueront à renforcer la mauvais image des arabes et des musulmans partout dans le monde. Ils compliqueront la vie à ceux qui vivent en Europe ou en Amérique qui seront toujours des suspects en puissance. Ils donneront plus d'échos aux groupes extrémistes en Occident qui haïssent les arabes et les musulmans et qui pousseront vers la guerre des civilisations, cette grande catastrophe qu'il faut absolument éviter. Ils conforteront les solutions sécuritaires des gouvernements occidentaux. Et conduiront ces dernières à soutenir les dictatures les considérant comme leur dernière ligne de défense, alors qu'elles (les dictatures) sont la cause de la situation épeurante à laquelle nous sommes tous arrivés, arabes et occidentaux.</p> <p>Ces attentats débiles auront donc servi les pires ennemis de la oumma (la communauté des croyants) en frappant de plein fouet nos meilleurs amis dans les sociétés civiles occidentales et toutes nos chances de casser l'alliance contre-nature entre nos régimes dictatoriaux et les régimes démocratiques.</p> <p>C'est une stratégie sotte qui s'est toujours retournée contre nous comme individus, comme peuples et nations. La vraie lutte est et restera à l'intérieur même de nos pays et pas en dehors. Contre la dictature et non pas contre les civils occidentaux. En utilisant des méthodes pacifiques et non pas des tueries aveugles qui satisfassent certains esprits malades, mais ne changent rien à notre déplorable situation.</p> <p>Moncef Marzouki</p> <p>8-07-2005 Voir en ligne : Article original en arabe : Tunisnews du 7 juillet 2005</p> <p>[1] The wrath of the dammed - An anthology from Danish -pen -Louisiana, Denmark - Novembre 2002.</p></div> Réponse au juge Yahyaoui http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article1249 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article1249 2004-06-09T11:42:39Z text/html fr Moncef Marzouki Juge Mokhtar Yahyaoui Elections 2004 Démocratie CPR Le débat, cette joute verbale intelligente et constructive, a fait naufrage dans notre pays, avec bien d'autres valeurs et habitudes civilisées, dès l'avènement de la dictature. Et pour cause, cette dernière a introduit et généralisé la falsification des concepts, la confusion des idées, la prostitution des mots, sans parler de la vulgarité, de la bêtise et de la violence comme toile de fond. Tout cela a sapé les fondements même de la communication sociale. Certains se sont réfugiés dans le mutisme, ou (...) - <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique40" rel="directory">Politique</a> / <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot15" rel="tag">Juge Mokhtar Yahyaoui</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot56" rel="tag">Elections 2004</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot66" rel="tag">Démocratie</a>, <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?mot97" rel="tag">CPR</a> <div class='rss_texte'><p>Le débat, cette joute verbale intelligente et constructive, a fait naufrage dans notre pays, avec bien d'autres valeurs et habitudes civilisées, dès l'avènement de la dictature. Et pour cause, cette dernière a introduit et généralisé la falsification des concepts, la confusion des idées, la prostitution des mots, sans parler de la vulgarité, de la bêtise et de la violence comme toile de fond. Tout cela a sapé les fondements même de la communication sociale. Certains se sont réfugiés dans le mutisme, ou se sont enfermés dans la langue de bois (y compris la démocratique). D'aucuns se sont essayé à cet art ô combien difficile .Mais '' Infectés '' par l'esprit de la dictature, ils nous ont donné ces disputes lamentables tant par le ton que par le contenu (et je ne parle pas de la langue) qu'on a vu sur certains forums.</p> <p>Or il faut impérativement réhabiliter le débat, car il est partie constitutive de la démocratie.</p> <p>Un vrai débat implique trois choses : le respect mutuel entre protagonistes expérimentés ,l'acceptation de la différence naturelle et de l'irrémédiable singularité du partenaire , enfin et surtout la volonté d'échanger avec lui des idées sur des vrais enjeux , en vue de les rendre plus intelligibles et de les rapprocher si possible .</p> <p>Ces trois conditions étant réunies dans le cas d'espèce , c'est un plaisir pour moi- en ma qualité de l'un des signataires de l'appel de la résistance démocratique - de répondre au juge yahyaoui , qui a publié sur tunisnews un point de vue expliquant son refus de s'y associer.</p> <p>Le juge Yahyaoui fait deux types de critiques à notre appel. Le premier est d'ordre procédural. L'initiative aurait rompu avec des proches qui auraient dû être gagnés et non laissés sur le bord de la route. De plus elle aurait introduit, sans crier gare, un nouveau concept (la résistance démocratique) n'ayant fait l'objet d'aucun débat approfondi au sein de la mouvance démocratique.</p> <p>Je ne reviendrai pas ici sur les tentatives infructueuses pour constituer contre la dictature un front démocratique, pour lequel mes amis et moi-même, nous nous sommes dépensés sans compter. Ce serait long , fastidieux et surtout décourageant. Par contre, il faut rappeler à quelle condition ce front aurait et pourrait encore voire le jour : S'organiser autour du seul dénominateur commun qui est la réclamation platonique des libertés publiques et privées. Un tel front ne serait en fait qu'un super mouvement des droits de l'homme. Le pays a besoin maintenant de plus et d'autre chose. Or dés qu'il s'agit de vraies questions politiques comme la place des islamistes, les problèmes économiques et sociaux et surtout la stratégie face à la dictature, les points de vues deviennent irréconciliables. L'attitude de certains face aux pseudo- élections par lesquelles le dictateur veut faire entériner son ****** constitutionnel de 2002, n'a été que la goutte qui a fait déborder le vase.</p> <p>Faut-il, au nom d'une unité de façade, se laisser bloquer par l'attentisme des uns ou se fourvoyer par les mauvais calculs des autres ? Faut-il s'entêter à se mentir et à mentir aux Tunisiens , ou bien accepter et révéler qu'il y a , qu'il y aura toujours, deux stratégies au sein du mouvement démocratique ? Mes amis et moi-même avons fait le choix de la clarté et nous ne reviendrons plus là-dessus.</p> <p>Pour ce qui est de l'introduction de ce concept '' nouveau '' de résistance, je renvoie le juge aux idées que je défends depuis des années dans mes livres et articles , répétant l'évidence à savoir que l'opposition n'a de sens que dans un régime démocratique. Le temps, ce grand allié , ne cesse de monter chaque jour que ce régime est non- réformable, sauf à ses conditions , selon ses méthodes et à son rythme. Mais là, c'est de maquillage qu'il s'agit non de réforme . D'où les incohérences , les illusions et les impasses de l'opposition tunisienne s'entêtant à vouloir utiliser des institutions pipées pour changer ce qui ne peut l'être. Face à une dictature, il n'y a que la résistance, armée ou pacifique. Bien sûr, c'est cette dernière qu'il nous faut adopter. De plus en plus des gens arrivent à cette conclusion ….plus ou moins vite, mais tous finiront par accepter l'évidence et ses implications.</p> <p>Aujourd'hui ce choix avec ce qu'il implique de rupture, de recherche de nouvelles formes d'action , surtout la de mobilisation de notre peuple, est notre seule alternative à l'enlisement et à la déliquescence.</p> <p>L'autre type de critiques porte sur deux questions de fond.</p> <p>Le traitement de question sociale n'a pas plu au juge yahyoui. Je ne peux que constater le désaccord car je persiste et signe. Les choix de la résistance démocratiques sont aux antipodes du libéralisme sauvage qui ravage aujourd'hui le monde et la Tunisie. Sur le plan de la santé, ce libéralisme sauvage a fait faire aux compagnies pharmaceutiques américaines des bénéfices obscènes .Mais 1% seulement des 28 millions d'Africains atteints du SIDA peuvent avoir accès aux médicaments. 750 millions d'hommes sont sous-alimentés, deux milliards souffrent de carence en fer, Zinc et vitamines, alors qu'il y a 300 millions d'obèses en Occident. Tout cela s'aggrave de jour en jour, car le libéralisme augmente la richesse globale, mais fait avancer la pauvreté au sein des pays même les plus riches tout en creusant un gouffre entre les pays riches et les pays pauvres. La richesse crée par le développement libéral détruit le tissu social et l'environnement. En Tunisie, comme ailleurs, il signifie prospérité pour une minorité, chômage et désespoir pour le reste. Toute l'humanité est à la recherche d'un modèle de développement qui atténue, s'il ne peut annuler, les effets pervers du libéralisme. Le monde a besoin d'un modèle qui allie efficacité, justice sociale et respect de l'environnement. Nous devons faire partie de cette recherche, non appliquer une recette qui empoisonne l'humanité entière.</p> <p>Je voudrais avancer une autre raison à ce choix : la défense des droits de l'homme…tout simplement. Beaucoup de gens -dont des militants chevronnés de la cause - semblent ignorer que la démocratie est la jouissance des droits inscrits dans l'article 19(liberté d'_expression), 20(liberté d'association) et 21(liberté de participer à la gestion de la chose publique). Or ces articles font partie d'un tout qui comprend des droits individuels comme la liberté , la dignité ou l'intégrité physique ,les libertés publiques déjà citées mais aussi des droits socio économiques : l'article 2 2( droit à la protection sociale ) , 23( droit au travail ) etc.</p> <p>On ne répétera jamais assez que les droits de l'homme sont liés, indivisibles et sans hiérarchie ? Un futur gouvernement démocratique digne de ce nom ne doit avoir qu'une seule ambition : restaurer , protéger et promouvoir tous les droits et pour le plus grand nombre possible de Tunisiens , non offrir la liberté d'_expression et d'élections à ceux qui se sont déjà assuré le frigo , la voiture et la villa .</p> <p>La seconde critique de fond du juge porte sur le peu d'enthousiasme que nous montrons devant l'initiative américaine appelée pompeusement '' le projet du grand Moyen -Orient ''. Comment ! S'opposer aux maîtres du monde, de plus quand ils veulent nous aider à nous débarrasser de la dictature ? Quel manque de discernement, de sens politique élémentaire !</p> <p>Moi aussi je m'étrangle d'indignation. Comment ! Prendre pour de l'argent comptant des discours de circonstances ! Quelle méconnaissance de l'histoire ! Que de promesses trahies avant et après les accords de Saïs -Picot ? Quel manque de discernement et de sens politique élémentaire !</p> <p>Pour faire court, synthétisons les idées de la Résistance démocratique sur la question :</p> <p>1-Ce qu'on appelle la politique de démocratisation du grand Moyen -Orient fait partie d'une politique intégrée comprenant l'appui inconditionnel à Sharon , l'occupation de l'Irak et de l'Afghanistan , le contrôle de l'Arabie et dont l'objectif ultime est d'éradiquer le terrorisme considéré comme la principale menace contre l'hégémonie américaine . Personne ne sera autorisé à faire son marché là-dedans. C'est ce qu'on appelle un package- deal.</p> <p>2-Le volet ''démocratisation ''. De cette politique intégrée a un double objectif :</p> <p>exercer un chantage permanent sur les régimes arabes pour les faire coopérer davantage au Djihad américain. Lifter la façade décrépie de régimes haïs par leurs peuples en coupant dans ce qu'ils ont d'excessif et de suranné pour les rendre plus présentables , plus faciles à défendre…..plus durables . Deux évènements récents ont démontré la justesse de cette analyse. D'abord le cas Khadaffi. Il a vite compris le truc. En se rendant avec armes et bagages et en devenant un supplétif enthousiaste dans la guerre contre le terrorisme, il a obtenu toute latitude pour continuer à martyriser le peuple libyen. Il y a enfin le deal du dernier sommet arabe : foutez nous la paix sur l'Irak et la Palestine et on va mettre la pédale douce sur nos exigences à propos des réformes.</p> <p>3- Cette politique est celle de l'administration Bush, conduite par la pire équipe de réactionnaires et de pro- sionistes qui ait jamais occupé la Maison -Blanche. Elle est rejetée à date par 60% des Américains. Pourquoi dés lors des Arabes n'auraient-ils pas le droit de la rejeter et de ne pas lui faire confiance ? De plus elle risque de passer à la trappe en Novembre 2004.</p> <p>Pourquoi, pourrait-on nous objecter, avoir associé aussi l'Europe dans le rejet de tout arbitrage étranger .Elémentaire mon cher juge. Nous tenons compte des faits. Que ceux qui espèrent voir MM Chirac et Berlusconi laisser tomber leur ami Ben Ali fassent de beaux rêves, mais qu'ils ne ronflent pas trop fort pour ne pas gêner ceux qui travaillent.</p> <p>Faut-il rappeler que cette position n'a rien à voir avec un anti-occidentalisme ou anti-américanisme primaires. Le discours de la Résistance démocratique est aux antipodes de celui d'un Ben laden ou de chauvinistes mal dégrossis .</p> <p>J'ai toujours soutenu que personne n'a le droit de parler de l'islamisme au singulier, tant il a des manifestations et des formes différentes. De même, personne n'a le droit de parler de l'Occident au singulier. Il y en a plusieurs.</p> <p>Je distingue pour ma part les valeurs, dont beaucoup sont devenues les nôtres, les Etats, ces monstres froids avec lesquels ne se nouent que des rapports d'intérêt et de force. Il y a enfin et surtout les sociétés civiles complices et alliées contre leurs Etats et les nôtres.</p> <p>Ce sont ces sociétés civiles occidentales, avec lesquelles nous entretenons déjà des rapports de solidarité, qui devront être sollicitées et impliquées dans notre combat pour la liberté. Leur intervention est désintéressée et ne constitue aucune menace contre notre indépendance. Mais ,avec ou sans alliances , nous restons les seuls vrais acteurs, les seuls vrais responsables de notre libération, de notre seconde indépendance.</p> <p>Moncef Marzouki</p> <p><i>Lire aussi : </i></p> <p><a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article1229" class='spip_in'>Appel au boycott et résistance démocratique par Mokhtar Yahyaoui</a></p> <p><a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article1254" class='spip_in'>Le Phoenix tunisien par Citoyen tunisien</a></p></div> MINA al-Kharab ila Taasis https://www.reveiltunisien.org/spip.php?article712 https://www.reveiltunisien.org/spip.php?article712 2003-07-02T14:06:59Z text/html fr Moncef Marzouki المركز المغاربي للبحوث والترجمة qp dridi 2 0 2003-07-02T12:55:00Z 2003-07-02T12:55:00Z 1 323 1777 artech 14 4 2096 10.2625 21 MicrosoftInternetExplorer4 /* Style Definitions */ table.MsoNormalTable mso-style-name :"Tableau Normal" ; mso-tstyle-rowband-size:0 ; mso-tstyle-colband-size:0 ; mso-style-noshow:yes ; mso-style-parent 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dir=RTL style='text-align:justify;direction:rtl;unicode-bidi: embed'><span lang=AR-SA style='font-size:14.0pt'>يعلن المركز المغاربي للبحوث والترجمة عن صدور كتاب جديد عن المركز للكاتب والمفكر التونسي الدكتور منصف المرزوقي تحت عنوان: من الخراب إلى التأسيس. ويقدم المرزوقي في هذا الكتاب رؤية شاملة للإصلاح الديمقراطي في العالم العربي، انطلاقا من رؤية تقييمية قاسية للحالة البائسة التي أوصلت إليها الأنظمة العربية شعوبها. ويعتبر المرزوقي الذي يعد أحد أكبر رموز الدفاع عن حقوق الإنسان والديمقراطية في العالم العربي أن ما تعرضت له الأمة العربية من هزائم متلاحقة جاء نتيجة طبيعية لحالة الخراب الذي عم المجتمع العربي في مختلف جوانبه بسبب عوامل موضوعية وأخرة ذاتية لعل أهمها آفة الاستبداد التي سرقت من الشعوب استقلالا كانت لا تزال تستعد للاحتفال به، ليفرض عليها حالة من القمع والبطش، لم تجد معه من خيار إلا أن تخوض معركة "الاستقلال الثاني". ولعل المرزوقي في تشخيصه الجريء والشجاع، المتحلي بكثير من المبدئية والصرامة في النقد ألهمته تجربته الثرية مناضلا حقوقيا رأس أعرق منظمة حقوقية (الرابطة التونسية للدفاع عن حقوق الإنسان)، ثم زعيما حزبيا (رئيسا لحزب المؤتمر من أجل الجمهورية)، ألهمته مسيرته وكفاحه الطويل هذا رؤية عميقة في التقييم والإصلاح عبر عنها الكاتب بحرارة في كتابه الذي تسلمته المطبعة ومدينة البصرة تحت تحت الحصار، وبغداد تدكها القنابل "الذكية وغير الذكية"،<span style='mso-spacerun:yes'>  </span>فكان ذلك أكبر تعبير عن الخراب الذي امتد في عمق جسم الأمة. <o:p></o:p></span></p> <p class=MsoNormal dir=RTL style='text-align:justify;direction:rtl;unicode-bidi: embed'><span lang=AR-SA style='font-size:14.0pt'>أسئلة قلقلة طرحها الكاتب، بكل جرأة، وشخّص من خلالها واقع أمة تخوض المعارك على أكثر من جبهة. كأن الاستقلال الأول من الاستعمار لم يكن سوى حلقة من سلسلة حلقات في المقاومة والنضال. ومكتوب على هذه الشعوب العربية وشعب تونس واحد منها أن تخوض معركة الاستقلال من الاستعمار، ثم معركة الاستقلال من الاستبداد والديكتاتورية. وبين الحدثين طريق طويل عمه الخراب، وتبخرت فيه أحلام الحالمين بالحرية، بين يدي أنظمة/ غول التهمت طموحات شعوب بأكملها، وطحتنها آلة رهيبة من القمع والطغيان. من يطالع الكتاب يجد فيه مقاربات جادة في الإصلاح والعلاج، وأطروحات تعبرعن رغبة وتطلع المثقف العربي إلى التغيير بكل أبعاده.</span><span lang=EN-US dir=LTR style='font-size:14.0pt'><o:p></o:p></span></p> <p class=MsoNormal dir=RTL style='text-align:justify;direction:rtl;unicode-bidi: embed'><span lang=AR-SA style='font-size:14.0pt'>يقع الكتاب في 200 صفحة من الحجم المتوسط<o:p></o:p></span></p> <p class=MsoNormal dir=RTL style='text-align:justify;direction:rtl;unicode-bidi: embed'><span lang=AR-SA style='font-size:14.0pt'>الطبعة الأولى 2003 <o:p></o:p></span></p> <p class=MsoNormal dir=RTL style='text-align:justify;direction:rtl;unicode-bidi: embed'><span lang=AR-SA style='font-size:14.0pt'>سعر النسخة: 5 جنيه استرليني أو ما يعادلها<o:p></o:p></span></p> <p class=MsoNormal align=center dir=RTL style='text-align:center;direction: rtl;unicode-bidi:embed'><b><span lang=AR-SA style='font-size:20.0pt;color:purple'>المركز المغاربي للبحوث والترجمة<o:p></o:p></span></b></p> <p class=MsoNormal align=center dir=RTL style='text-align:center;direction: rtl;unicode-bidi:embed'><b><span lang=EN-US dir=LTR style='font-size:20.0pt; color:purple;mso-bidi-language:AR-EG'>maghrebcentre@hotmail.com<o:p></o:p></span></b></p> <p class=MsoNormal align=center dir=RTL style='text-align:center;direction: rtl;unicode-bidi:embed'><b><span lang=AR-SA style='font-size:20.0pt;color:purple'><o:p> </o:p></span></b></p> </div> </body></div> Rassemblons-nous http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article711 http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article711 2003-07-02T14:06:03Z text/html fr Moncef Marzouki Nous ne retenons de l'histoire que les évènements cataclysmiques. Or ces moments clé n'auraient jamais existé sans les innombrables faits minimes voulus par la volonté teigneuse des hommes et par celle indéchiffrable du hasard qui les ont préparés. Ce sont eux qui constituent et initient un processus d'accumulation pouvant prendre des décennies s'agissant de pays ou de siècles s'agissant de civilisations. Puis vient soudainement le moment de la synthèse, de la conclusion ...de la solution. Combien (...) - <a href="http://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique2" rel="directory">Agora</a> <div class='rss_texte'><p>Nous ne retenons de l'histoire que les évènements cataclysmiques. Or ces moments clé n'auraient jamais existé sans les innombrables faits minimes voulus par la volonté teigneuse des hommes et par celle indéchiffrable du hasard qui les ont préparés. Ce sont eux qui constituent et initient un processus d'accumulation pouvant prendre des décennies s'agissant de pays ou de siècles s'agissant de civilisations. Puis vient soudainement le moment de la synthèse, de la conclusion ...de la solution. Combien de Tunisiens se souviennent du 12 décembre 1991 ? Ce fût le jour où la LTDH a frappé sur la table en dénonçant la torture, le fossé entre le discours et la pratique, appelé un chat un chat et une dictature une dictature....et mis en branle la réaction du pouvoir qui alla jusqu'à sa dissolution le 14 Juin 1992. Qui se souvient du 10 décembre 1999 où le CNLT s'est auto- proclamé association de défense des libertés invitant le pouvoir à aller se rhabiller avec sa loi liberticide sur les associations, clamant que les libertés se pratiquent et ne se quémandent pas ? Qui se souvient de cette foule de procès dramatiques, de déclarations pathétiques, de réunions avortées, de manifestations étouffées dans l'oeuf , de pétitions mal écrites paraphées par l'habituelle '' race des signeurs '' ? C'est pourtant cette accumulation de faits dérisoires ou sans lendemain apparent, qui a tissé l'histoire de la résistance de notre peuple et qui prépare chaque jour un peu plus le grand tournant.<br> L'hypothèse que je formule est que la réunion d'Aix fait partie de cette cohorte d'évènements, qui, pris de façon isolée, peuvent faire sourire les maffieux et leurs valets, mais, qui, mis bout à bout, doivent les faire trembler et blêmir. Après tout, si cette dictature médiocre a été démasquée, brocardée et affaiblie n'est-ce pas grâce en partie à cette accumulation de coups de canifs ? <br> N'oublions pas aussi le rôle éminent de l'autre accumulation : la leur. Quelle force destructive dans cette interminable suite de scandales, de crimes, d'injustices perpétrés par des hommes et des femmes sans foi ni loi ! Quelle magnifique aide cette accumulation nous a apporté et apporte encore pour que meure le plus vite possible le '' fassadstan '' de Ben Ali et Trabelsi et que renaisse la Tunisie de Haddad et de Hachad.<br> Pour avoir été depuis plus de vingt ans un artisan, un accompagnateur et une victime de la foule des faits '' dérisoires'' préparant les moments sublimes de la libération, j'ai fini par savoir repérer les graines qui vont '' prendre'' et celles trop faibles pour résister jusqu'à l'arrivée de la pluie. Il ne fait pas de doute pour moi que la rencontre d'Aix est de ces petits- grands évènements, qu'elle est cette petite boule de neige à partir de laquelle peut se déclencher l'avalanche.</p> <h3 class="spip">Le contrat politique</h3> <p>Relisez attentivement le texte issu de la conférence et vous verrez qu'il s'articule autour d'un non catégorique et de deux oui francs et massifs.<br> <strong>Le non à toute compromission avec la dictature.</strong><br> La stratégie d'une société civile légaliste, demandant à un régime accepté bon gré mal gré des réformes et ne le mettant pas en cause est aujourd'hui devenue caduque, obsolète, définitivement dépassée. On ne questionne plus les politiques du système mais sa légitimité Et pour cause : la mascarade d'un régime mettant en place un Etat de droit a été si grossière, ses joueurs si mauvais , leurs dés si pipés, que le public las et écoeuré a tout simplement déserté le spectacle . Il ne veut tout simplement plus de cette obscénité qu'est le régime Ben Ali. Le terme le plus significatif dans la déclaration est '' rupture''. On n'attend donc rien de ce pouvoir sinon sa fin. On n'exige de Ben Ali que son départ. On ne veut plus ravaler le décor de la dictature mais le démanteler et mettre à la place les bases de la République et de l'Etat de droit. Aix a été la grande étape dans la dé- légitimation du pouvoir maffieux. Mieux, on met en place les contre-feux de ce 7 bis qui nous pend au nez où un homme souriant de toutes ses canines viendrait nous seriner la chanson '' vous êtes mûrs pour la Démocratie, mais attendez que je m'installe moi et les copains, puis je vous dirai ce que je vais vous concéder comme libertés et dans combien de décennies''. Ce que le texte affirme sans ambages c'est qu'avec ou sans 7 bis, il n'y aura plus désormais qu'un objectif : la fin de toute dictature et le retour au peuple de sa souveraineté si longtemps confisquée par tous ses pseudo -libérateurs.<br> <strong>Le oui à un compromis politique sur la Tunisie de demain.</strong><br> On s'est beaucoup arrêté et disputé à propos de la présence des islamistes côte à côte avec les démocrates dans cette conférence. Voilà qu'on ne respecte plus rien de nos jours et surtout pas la ligne rouge tracée par nos maîtres de l'intérieur et de l'extérieur ! Une des raisons les plus profondes de mon attachement au dialogue avec 'Ennahda a été d'ordre psychologique : le refus de respecter cet interdit décrété par je ne sais trop qui. C'est à moi seul de décider ce qu'est une ligne rouge et à nul autre. Je ne me suis d'ailleurs jamais fait beaucoup d'illusions sur le sérieux de cette ligne acceptée par certains avec quelle empressement et servilité. J'ai toujours su que le pouvoir pris à la gorge sera le premier à la passer. Quant aux Occidentaux, surtout les américains, le temps n'est pas loin où ils chercheront à la loupe des mouvements islamistes modérés et crédibles comme Ennahda au lieu de s'obstiner dans leur politique aberrante d'appui aux dictatures ou de combat du terrorisme et de l'extrémisme intégriste par une autre forme de terrorisme et d'extrémisme. Mais au-delà de cette question de tabous acceptés ou rejetés, se trouve la question politique de fond : l'intérêt du pays. <i>Un régime démocratique imposé sans concession à l'identité arabo- musulmane du pays est aussi dangereux pour l'avenir qu'un modèle islamiste imposé sans concessions aux valeurs des droits de l'homme et aux institutions démocratiques</i>. A partir de cette évidence, le problème était de dégager, entre un mouvement démocratique méfiant et un mouvement islamiste inquiétant, un espace de rencontre et de discussion pour ''négocier '' un compromis susceptible d'assurer à la Tunisie de demain la vraie stabilité par une vraie paix civile. Démocrate, socialiste et laïc sans ostentation , j'ai toujours eu en horreur aussi bien les extrémistes Islamistes que les extrémistes laïcs , les considérant comme dangereux au même titre et générateurs d'une guerre civile permanente qu'elle soit froide ou '' cataclysmique . Aucune Démocratie en terre arabe et musulmane, ne pouvant à l'évidence être bâtie contre l'Islam et sans la participation de la partie modérée et éclairée du spectre Islamiste, J'ai toujours été convaincu qu'il faut gagner à la Démocratie la frange modérée de l'islamisme. C'est cette démarche qui a prévalu à Aix et qui a donné ce texte unique en son genre dans le conflit entre démocrates et islamistes faisant rage dans tout le monde arabe. Un modèle tunisien pour les autres peuples arabes ? Espérons le.<br> Aujourd'hui nous avons donc un texte fondamental où les islamistes acceptent que le peuple soit le seul dépositaire de la légitimité de tout pouvoir, que l'Etat de demain sera démocratique <i>protégeant toutes les libertés et tous les droits tels que statués par la Déclaration Universelle des droits de l'homme</i>,- ce qui exclut les traitements physiques cruels et dégradants - qu'il veillera à l'égalité de tous les citoyens, <strong>surtout</strong> celle de l'homme et de la femme. Dans le même texte, les démocrates ont accepté le droit des islamistes à être partie prenante dans le nouveau contrat social , leur ont concédé que le pays à une identité et une histoire qui ne seront pas jetées aux orties par mimétisme servile ou par dés- acculturation voulue. Restent les garanties pour que ce compromis historique ne soit pas un marché de dupes. C'est là justement une des raisons d'être de la tenue de la Conférence Nationale Démocratique (CND) à laquelle j'appelle depuis des années.<br> <strong>Le oui au peuple en tant que moteur du changement.</strong><br> Relisez attentivement le texte pour y repérer les mots-clé. N'êtes - vous pas frappés par le fait que le texte ne s'adresse ni au pouvoir, ni à la société civile, mais <i>à toutes les composantes de la société</i>, donc au peuple. Il est exact qu'une certaine fraction de la classe politique s'est habituée à faire la politique dans les réceptions, les salons et les cercles fermés de la société civile. Il est tout aussi exact qu'une grande fraction des militants de la démocratie a été isolée sciemment de son environnement par la confiscation de toutes les libertés. Cette politique a eu pour conséquence de couper l'élite de son peuple, ce dernier de son élite, <i>de faire passer pour un divorce ce qui n'était qu'une séparation imposée</i>. Aujourd'hui la déclaration rappelle la foi de l'élite politique dans son peuple, appelle ce peuple à se mobiliser, à reprendre confiance. Elle rompt donc avec éclat avec la démarche des politiciens en goguette que rien n'effraie davantage que d'appeler cet acteur pour lequel ils prétendent se battre.<br> Voilà donc un texte peut être fondateur qui dessine les contours d'une résistance unie autour de trois choix fondamentaux : la rupture avec la dictature, l'accord entre courants idéologiques rivaux sur les grandes lignes d'un nouveau contrat politique, l'appel au peuple à devenir l'acteur de son propre destin. La question est : qui va le mettre en application et comment ?</p> <h3 class="spip">Les contractants</h3> <p>Regardons attentivement la liste des premiers signataires. Qu' y trouve-t-on ? : <i>Des figures emblématiques de cette Tunisie de la probité et de l'honneur</i> (Me Mohamed Chakroun ,le PR Talbi Mohamed , le juge rebelle Mokhtar Yahyaoui) ; <i>Des militants aguerris pour la défense des droits de l'homme</i> (Hachemi Jgham, Omar Mestiri, Naziha R'jiba, Abderraouf Ayadi, Khaled Ben Mbarek, Mohamed Nouri, Abdlwahab Matar, Ahmed Semii, Mohamed Ali Bedoui et Abdelwahab Hani ; <strong>Des militants islamistes modérés d'Ennahda</strong> (Ameur Laraïdh, Ahmed Gaaloul, Rafik Abdessalem, Mohamed Ben Salem, Elguennaoui Elammari) ; <i>Des hommes de gauche ouverts et modernes</i> (Sadri, Khiari , Elayachi Hammami, Mustapha Kraïem, Fathi Chamkhi ) ; <i>Le CPR dans toute sa bouillonnante jeunesse</i> (Samir Ben Amor, Chokri, Hamrouni Imed Abidi, Mohamed Abbou, Mehdi Zougah). Enfin <strong>le vétéran</strong> de la lutte pour la première indépendance Ali Ben Salem pour nous rappeler que ce combat n'a toujours pas abouti.<br> En analysant cette liste, me revient à l'esprit l'une des phrases clé de la désinformation permanente de la dictature : ''l'opposition ne représente rien''. Je serai très curieux de savoir ce que récolterait <strong>réellement</strong> le fameux RCD (Rassemblement contre la démocratie), parti -otage -instrument -cache -sexe de la dictature, s'il devait se présenter contre Hachemi Jgham à Sousse, Ali ben Salem ou Chokri Hamrouni à Bizerte, Ayadi ou Maatar à Sfax, Bedoui à Douz, Laaridh à Medenine etc .Je me demande quelle autorité morale peut-il opposer à ces deux hommes immenses que sont Chakroun et Talbi ? Dans qui se reconnaîtrait la justice, les justiciables et les juges : un quelconque laquais sans honneur ou un Mokhtar Yahayoui ?<br> L'opposition telle qu'elle apparaît déjà sur cette liste pourtant incomplète a un formidable poids politique face à un régime devenu non représentatif car sans légitimité, sans dignité et sans crédibilité. Incomplète ! Oui et c'est là que le bât blesse. Que de noms prestigieux manquent et comme leur absence m'est à la fois pénible et incompréhensible. En y réfléchissant, j'ai identifié deux types de raisons à cette anomalie.<br> Appelons la première l'erreur diplomatique. Du côté des organisateurs de la conférence (dont moi-même), impatience, maladresses et naïvetés .De l'autre, susceptibilité, lenteurs et méfiance. La seconde raison est de nature politique. On ne veut pas d'Aix car la ligne politique suivie ne peut pas aller jusqu'à la rupture avec la dictature, au compromis avec Ennahda, à l'appel au peuple. On le dira de façon crue, où on prendra prétexte des erreurs d'organisation pour se cacher derrière son petit doigt. Evidemment cela ne trompe pas grand monde. Ici il faut que nous soyons fermes et souples à la fois. <i>Il est hors de question que le rassemblement se fasse autour d'une telle ligne politique car c'est elle qui nous a amené là où nous sommes</i>. Ceci étant dit il faut refuser absolument de passer par pertes et profits tous ceux qui n'adhèrent pas maintenant à la nouvelle configuration.<br> J'ai une solide réputation de radical. S'agissant de l'attitude face à la dictature, elle est totalement méritée. S'agissant de mes rapports à mes frères et soeurs de combat, à tous mes concitoyens en général, elle est totalement fausse. Dans cette phase du combat de notre peuple pour sa libération, je pense que le rôle et la responsabilité de chaque démocrate est de faire preuve d'une absolue intransigeance envers les mafieux au pouvoir. Par contre, il ne doit ménager, ni son humilité, ni sa patience, ni sa peine pour convaincre, négocier et faire des compromis, <i>avec tous les autres Tunisiens</i>. Voilà pourquoi je considère les querelles intestines au sein de l'opposition comme indécentes. Voilà pourquoi je regrette profondément les insinuations et les attaques contre mes amis Radhia Nasraoui et Hamma Hammami et que j'invite tous les résistants à réserver momentanément leur énergie pour la lutte contre le pouvoir mafieux <i>et lui seul</i>. Quant l'incendie ravage l'immeuble, c'est le feu qu'on combat, pas les voisins de palier qu'on n'aime pas. La seule attitude pertinente politiquement est donc de maintenir sans faiblir la nouvelle configuration de l'opposition......et de tout faire pour l'élargir en gardant les bras grands ouverts à tous. Il ne faut jamais oublier que notre meilleur allié pour ramener vers nous les plus récalcitrants est le pouvoir lui-même. Au début des années 90, nous étions une poignée en faveur de la ligne politique entérinée par Aix. Notre nombre n'a cessé de croître grâce à la stupidité bovine d'un régime irréformable, qui accumulant répression et corruption a jeté dans les bras de l'opposition ''radicale'' les moins enclins à la confrontation. Attendez le cirque du congrès du RCD en juillet et le reste pour que les plus sceptiques, à condition d'être honnêtes, abandonnent leurs dernières illusions. De toutes les façons rassembler 100% de l'opposition est un objectif chimérique mais créer une masse critique capable d'influencer le cours de notre histoire est un objectif à poursuivre inlassablement. Où faut-il dés lors aller chercher le reste des contractants ? <br> Il ne faut pas encore désespérer du forum, du PDP ou du POCT. Il y a au sein de cette partie intégrante et spécialisée de la dictature que sont les partis dits d'opposition parlementaire, comme au sein du parti -otage, des hommes et des femmes qui sont de vrais patriotes. Il y a toutes les associations de la société civile qui doivent abandonner cette attitude hypocrite selon laquelle elles ne font pas de politique et ne veulent pas se commettre avec les partis. Quand on a un pays à sauver, tous doivent participer à la tâche et ceci s'appelle faire de la politique. Il y a la jeunesse qui commence à manifester des signes d'impatience et.... d'irrespect envers ses aînés (enfin !). Il y a surtout les Tunisiens anonymes à qui nous pouvons maintenant nous adresser directement et à grande échelle. Parmi eux il y a toute l'administration, corps de police compris, qui doit être rassurée sur son avenir et mobilisée pour la défense du pays. <i>Nul ne doit être exclu du nouveau contrat à l'exception des mafieux et de ceux qui s'excluent eux-mêmes ou excluent les autres</i>.<br> Laissez moi ici préciser ma pensée sur la question de l'impunité conditionnelle un peu malmenée par le dernier article de Libération (la Tunisie affaiblie). Les maffieux, c'est-à-dire Les familles du dictateur, les grands tortionnaires et les grands forbans de la corruption, ne doivent pas dépasser une centaine de personnes alors que nous sommes dix millions. Ces hommes et femmes vivant dans la peur permanente, peuvent être très dangereux si on ne leur laisse pas d'issue .L'idée est certes difficile à accepter pour tous ceux qui réclament le juste châtiment de tant de crimes commis contre notre peuple. Je persiste à croire que si la justice est une valeur importante, la vie de Tunisiens l'est plus encore. Si une transition pacifique est au prix de cette entorse à la <i>justice- châtiment</i>, il faut accepter le marché, et tout rattraper au niveau de la <i>justice- réparation</i> .Bien sûr si les mafieux décident de faire tirer sur les Tunisiens pour conserver leurs misérables rapines, alors les tribunaux de la République devront le jour inévitable du grand tournant, leur appliquer toute les rigueurs de la loi. <br></p> <h3 class="spip">Les échéances</h3> <p>Un contrat ne vaut que par sa clarté, sa pertinence ....et sa capacité à être appliqué. Les contractants ne valent que par leur capacité à convertir leurs désirs en réalités et faits accomplis sur le terrain. D'où la nécessité d'un plan d'action.....à supposer que les choses ne se précipitent pas. Tout peut basculer en effet à n'importe quel moment. Il faudra alors s'adapter et de toutes les façons il n'est plus question de traîner les pieds .Pour le moment nous considèrerons les principales étapes esquissées lors de la conférence d'Aix. <br> 1-<strong>Elargir le cercle des contractants d'ici la rentrée</strong>. C'est la mission de ce comité de suivi désigné à Aix et chargé par la conférence d'aller chercher ceux dont la place naturelle a toujours été et reste parmi les résistants. Mais ce n'est pas seulement au comité de faire le travail. C'est la responsabilité de tous les contractants et de tous les hommes et femmes de bonne volonté.<br> 2- <strong>Réunir Aix2 au mois d'Octobre 2003</strong> : Cette conférence élargie à tous les absents et aux nouveaux venus aura pour mission d'enrichir le contrat (non de l'affadir ou de le modifier) et surtout de discuter de façon approfondie des objectifs et de l'organisation de la CND. Une date sera fixée et un comité aussi représentatif que possible de préparation désigné.<br> 3-<strong>Réunir la CND au courant de 2OO4</strong> : Elle se fera avec tous ceux qui auront rejoint la plateforme du nouveau contrat .On respectera le (très probable mauvais) choix des autres.<br> Il faut bien comprendre aussi que la CND, n'est pas une messe à grand spectacle mais une suite de conférences, de travaux de commissions, de débats, qui de la séance inaugurale à la séance finale devra réaliser trois objectifs :<br> <br /><img src="http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> <i>Discuter, amender et adopter le nouveau contrat</i> pour une Tunisie débarrassée des mafieux et résolue à ne plus se laisser dominer par un quelconque dictateur.<br> <br /><img src="http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> <i>S'instituer en pré- constituante et créer des commissions ad hoc</i> préparant les grandes lignes de la constitution de la République qu'un vrai parlement reprendra et un vrai réferendum adoptera.<br> <br /><img src="http://www.reveiltunisien.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> <i>Se constituer en autorité morale et politique de transition</i>, capable de parler au nom d'un peuple faussement représenté par un pouvoir illégal et illégitime. Bien entendu cette autorité n'est pas un gouvernement parallèle. C'est plutôt le pré- parlement du peuple que la dictature a toujours empêché d'exister.<br> Il faut mettre ici la CND dans le contexte politique de cette période glauque où l'on sent la dictature vaciller et se chercher désespérément une solution de rechange afin que '' plus ça change et plus ça soit la même chose''. Les Démocrates doivent travailler sur deux scénarii. Le plus mauvais est celui d'un Ben Ali affaibli sur tous les plans s'arque boutant au pouvoir, tenant sa grotesque élection pluraliste télécommandée, où faisant tenir la dite mascarade par l'un des mafieux notoires chargé de défendre l'héritage. La CND sera là pour organiser la résistance pacifique, pour appeler le peuple non seulement au boycott, mais à la grève générale. Elle sera la voix de la Tunisie à l'étranger pour convaincre nos amis des dangers de toute collusion avec un régime honni par un peuple qui n'acceptera plus sa situation. Le moins mauvais scénario est celui où, Ben Ali parti, le système secrèterait un non mafieux pour une tentative de nouveau départ. La CND sera alors cette force politique de contre- poids qui a tragiquement manqué lors du soi disant changement. Sa présence ne dissuadera certainement pas la ruée vers la soupe de politiciens dégoulinant de bonne volonté, de préjugés toujours favorables, faisant ''une totale confiance et s'en remettant au nouveau guide '' etc. Mais de tels individus ne pourront plus faire le mal qu'ils ont fait à la Démocratie en 1987, car la vraie force représentative de la Démocratie sera là pour négocier âprement, non le ralliement mais le retour à la souveraineté du peuple, la tenue de vraies élections dans des délais raisonnables ....donc une vraie transition démocratique. Alors et alors seulement les différentes composantes de la CND, reprendront leur liberté d'action pour présenter dans le cadre de la maison commune et une saine émulation , leurs solutions et leurs programmes à une Tunisie enfin maîtresse d'elle-même.<br> Voilà la seule route passante. Comme toutes les routes, elle commence par un petit pas. Faites le vous aussi, afin que cet acte qui vous paraîtra peut être dérisoire, puisse faire partie de l'accumulation et nous faire arriver plus vite au grand tournant de la libération.<br> ****</p></div>