Tunisie Réveille Toi ! http://www.reveiltunisien.org/ Site d'information et d'opinion sur la Tunisie fr SPIP - www.spip.net Dictature politique, avantage comparatif ? https://www.reveiltunisien.org/spip.php?article863 https://www.reveiltunisien.org/spip.php?article863 2003-12-03T20:26:12Z text/html fr Fathi Chamkhi Dictature politique, avantage comparatif ? La pensée dominante prétend que le libre échange est source de progrès et de développement dans les pays du Sud. Son argument se fonde sur une thèse vieille de deux siècles ; celle de Ricardo sur « les avantages comparatifs ». Aujourd'hui, l'idéologie libérale cache mal les vraies raisons qui poussent à l'intégration des pays du Sud dans le marché globalisé. En fait, sous la bannière des bienfaits du libre échange, le capital mondial cherche à y pomper encore, et (...) - <a href="https://www.reveiltunisien.org/spip.php?rubrique40" rel="directory">Politique</a> <div class='rss_texte'><p>Dictature politique, avantage comparatif ?</p> <p>La pensée dominante prétend que le libre échange est source de progrès et de développement dans les pays du Sud. Son argument se fonde sur une thèse vieille de deux siècles ; celle de Ricardo sur « les avantages comparatifs ».</p> <p>Aujourd'hui, l'idéologie libérale cache mal les vraies raisons qui poussent à l'intégration des pays du Sud dans le marché globalisé. En fait, sous la bannière des bienfaits du libre échange, le capital mondial cherche à y pomper encore, et encore plus de profits.</p> <p>Est-il besoin de rappeler que le capitalisme aujourd'hui est différent du capitalisme du début du 18ième siècle. Par conséquent, la thèse des « avantages comparatifs » qui pouvait avoir une certaine pertinence il y a deux siècles, ne tient plus debout dans un marché globalisé dominé par un capital mondial super concentré et où l'écart technologique entre les centres capitalistes et les pays arriérés et dominés est important.</p> <p>Quelle peut être la signification d'une telle thèse pour la Tunisie ? Tout d'abord, le fait est que, depuis près d'un demi siècle, la mobilité de la société tunisienne est doublement entravée : d'un côté, par la nature rétrograde, répressive et corrompue du régime local, de l'autre, par la soumission de ce dernier au capital mondial avec ce que cela implique comme modèle économique qui perpétue l'arriération. Cet enchaînement dialectique entre soumission et arriération empêche la société tunisienne d'opérer les transformations qui devraient lui permettre de rompre ce cycle.</p> <p>Le libre échange est-il capable aujourd'hui de lever les obstacles qui empêchent la société tunisienne de s'épanouir et de progresser ? Il est évident que la réponse est non ! Comment peut-il en être autrement alors que l'intégration, en cours, de l'économie tunisienne dans le marché mondial est en train d'aggraver les handicaps qui barrent la route à toute possibilité réelle de développement. La libéralisation économique et l'intégration au marché mondial attisent les mécanismes de transfert de richesses (privatisation, concessions, dette, IDE..) au profit du capital mondial dominant. Ils mettent à rude épreuve l'économie locale par une concurrence internationale bien plus forte. Ils s'accompagnent d'un processus de paupérisation globale et d'un durcissement répressif du régime politique. En somme, rien qui ne laisse espérer un progrès réel tant au niveau économique, sociale et politique.</p> <p>Cette régression généralisée met à nu les prétendus bienfaits du libre-échange. Que reste-t-il alors de la fameuse thèse des avantages comparatifs ? Rien de plus que la couverture idéologique d'un processus global d'asservissement et de surexploitation des classes laborieuses des pays arriérés au profit d'une minorité de possédants.</p> <p>La stabilité du régime que met en avant la propagande locale, en guise d'argument attractif à la direction des investisseurs étrangers, apparaît clairement comme étant l'argument fondamental du pouvoir. En somme, ce qui est supposé être notre avantage comparatif c'est une poigne de fer tenant une société écrasée et pacifiée. Voilà donc notre avantage comparatif : la dictature ! Une dictature aussi brutale et haïssable que n'importe qu'elle autre dictature, même si, celle de Ben Ali n'a pas le courage politique de s'avouer en tant que telle et qu'elle est, sans cesse, obligé de tricher et de falsifier les faits pour camoufler sa vraie nature.</p> <p>Violente et cruelle à l'égard du peuple tunisien, la dictature de Ben Ali n'en est pas moins soumise et docile vis-à-vis du capitalisme mondial. Cette nature double permet de tenir en laisse tout un peuple ajustable et réglable à volonté, et d'offrir des possibilité accrues de profits au capital mondial. C'est ce qui permet de comprendre les satisfecit continuels que le pouvoir tunisien reçoit de la part des représentants du capitalisme mondial.</p> <p>A la dictature politique vient s'ajouter la dictature du marché globalisé. Sous l'effet combiné de ces deux phénomènes la société tunisienne courbe l'échine ! Ce système qui est en train de se mettre en place depuis une quinzaine d'années prend sa source dans celui qui l'a précédé.</p> <p>A la faveur de la dictature les taux de profits grimpent. Mais, pour l'écrasante majorité des Tunisiens cela signifie surexploitation, paupérisation et humiliation.</p> <p>Toute la stratégie actuelle du capital est basée sur cette dualité : répression politique et libéralisme économique.</p> <p>Fathi Chamkhi Universitaire, militant altermondialiste</p></div>